Article co-rédigé par Lilia Ben Hamouda, rédactrice en chef du cafepedagogique.net, et Christian Stracka, président de l’AFT-RN, relayé par Ludomag.
Les Enseignants Référents pour les Usages du Numérique sont des enseignants du premier degré occupant une fonction en lien avec le numérique, mais pas seulement. L’une de leur principales missions est la formation et l’accompagnement des équipes pédagogiques – inspecteurs de l’Éducation nationale, conseillers pédagogiques, enseignants… Organisés en collectif, le AFT-RN – Association des Formateurs TICE – Réseau National, les Erun demandent aujourd’hui un statut et une reconnaissance financière à la hauteur de ces missions.
Erun, derrière cet acronyme se cache le sauveur numérique du premier degré. Quel directeur ou directrice, IEN, CPC ou enseignant féru de numérique n’a jamais fait appel à lui ? Selon l’institution, l’Enseignant Référent pour les Usages du Numérique, est « un enseignant formateur du 1er degré, à qui est confiée une mission annuelle par le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale, sur proposition de l’IEN TICE qui coordonne et valide son action. Son rôle consiste à impulser et accompagner les actions qui ont recours au numérique dans le cadre des programmes de l’école primaire… Il est fortement recommandé d’avoir le CAFIPEMF (pour exercer la fonction)» (selon la fiche de poste proposée par l’académie de Toulouse).
Maillon fondamental de l’école à l’ère du numérique, les ERUN ne sont pourtant pas considérés à leur juste mesure selon le collectif AFT-RN – Association des Formateurs TICE – Réseau National. L’association, dont le but est « la reconnaissance du statut de formateur des Enseignants Référents aux Usages du Numérique, la veille pédagogique et technologique et la mutualisation des connaissances et des pratiques liées à l’usage du numérique », avait obtenu de Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Éducation nationale, la mise en place d’une Indemnité pour Mission Particulière (IMP) jusqu’alors refusée par les précédents gouvernements. Mais aujourd’hui, le collectif demande plus. « C’est un statut de formateur que nous revendiquons » nous confie Christian Stracka, président du collectif, « nos missions sont multiples et la formation en est un aspect important ».
Une multitude de missions
Christian Stracka, ERUN à la Courneuve, dans une circonscription exclusivement REP et appartenant à une cité éducative, témoigne de la multitudes de missions qui leur incombe. « J’assiste l’Inspecteur de l’Éducation Nationale et j’accompagne la mise en œuvre du projet de circonscription. Je participe au contrôle des instructions à domicile. J’organise et j’encadre des formations REP+ sur les fondamentaux et les animations numériques – le plan de relance. Je tisse et entretiens des relations partenariales – fabricants, entreprise, municipalité – au service de projets numériques. Je rédige des projets afin d’obtenir des financements de la DSDEN pour l’achat de matériel numériques, logiciels, robots, kits web TV… J’assure une veille pédagogique et numérique, afin d’alimenter le site de circonscription. J’accompagnee le programme TED-i – programme de mise à disposition de robots de télé-présence pour les élèves empêchés. Je participe au suivi des évaluations nationales CP CE1. J’accompagne les directeurs sur les outils numériques – Onde, LSU, Affelnet, LPI… -, l’équipe de circonscription aux applications professionnelles – Gaia, Magistere, Tribu, Webmail… et autres outils numériques comme les Apps Education…-, et les enseignants dans leur classe à la prise en main des outils numériques mis à disposition par la municipalité – VPI, tablettes. Et enfin, je participe aussi aux réunions de la cité éducative ». « Cette liste est non exhaustive » souligne l’enseignant.
Une demande de reconnaissance salariale
Pour l’heure, et depuis la mise en place de l’IMP, la reconnaissance financière de l’administration se limite à une indemnité de 125 euros brut par mois, de quoi démotiver les plus volontaires et de futurs candidats.
Pour remédier au manque de vivier de candidats aux postes de référent numérique, depuis peu, certaines académies transforment ces postes en CPC Numérique. Cela leur permet de toucher, comme tout CPC, une indemnité annuelle de 2500 euros brut, une NBI (nouvelle bonification indiciaire) de 130,95 euros par mois et la prime REP ou REP+ depuis janvier 2023.
Le collectif AFT-RN demande la généralisation de ces indemnités et de la prime REP pour tous, sans nécessairement passer par une transformation de poste. « On est sur les mêmes missions à peu de choses près. On ne quémande rien, ça ne serait que justice ».
Interrogé, le SNUipp-FSU va dans le même sens. « Nous demandons que les ERUN aient une indemnité liée à leur fonction, comme pour les CPC et la prime REP », explique Guislaine David, porte-parole du syndicat des enseignants du premier degré.
Le collectif a été reçu par le directeur du numérique éducatif du ministère et son ajointe le 31 janvier dernier. Ces derniers se sont dit à l’écoute et espèrent que le plan Stratégie numérique pour l’école permettra de faire évoluer la situation. Affaire à suivre donc.
Source article : www.cafepedagogique.net/2023/03/15/erun-des-revendications-statutaires-et-salariales