Avec l’arrivée de l’Approche par Compétence (APC) au sein des Instituts Universitaires de Technologies (IUT) via la réforme du Bachelor Universitaire de Technologie (BUT), l’évaluation des étudiantes et des étudiants a dû s’adapter.
En effet, l‘APC préconise une évaluation au fil de l’eau, appelée plus couramment « contrôle continu ». Autrement dit, les évaluations de type « partiel » qui peuvent être réalisées au sein de l’enseignement supérieur ne sont plus préconisées. Aussi, l’évaluation d’une promotion de 1ère année en BUT Informatique, soit près de 150 personnes, représente une organisation spéciale si celle-ci se doit d’être équitable envers tous les étudiants. Bien que l’évaluation soit amenée à évoluer, les pratiques des enseignants restent pour autant bien ancrées dans les habitudes avec des examens de type partiel écrit sur table qui tendent à persister malgré la réforme.
C’est pourquoi, une réflexion a été menée dans deux cours du BUT Informatique au département Informatique de l’IUT de Montpellier-Sète à savoir : (1) Introduction à la Gestion des Organisation et (2) Introduction à l’Économie Durable et Numérique. Avant la réforme du BUT, soit dans les années universitaires 2020-2021 et antérieures, ces deux cours possédaient des évaluations sous la forme de partiel.
Depuis la rentrée 2021-2022 qui voit la réforme du BUT arrivée, l’évaluation se déroule exclusivement en contrôle continu. Ainsi, les étudiants ne composent plus seul sur table en promotion entière dans un moment unique, mais en classe de Travaux Dirigés (TD), ou lors d’amphithéâtres à distance. Bien que l’évaluation en TD soit commune, l’évaluation en amphithéâtre à distance l’est moins. Ce choix de format du cours a été retenu pour ses commodités du fait d’une décentralisation d’un des six groupes de TD dans la ville de Sète, quand bien même les cinq autres se trouvent sur la ville de Montpellier.
Par conséquent, chaque semaine un cours d’amphithéâtre d’une heure de septembre à décembre avait lieu en ligne avec l’ensemble de ces six groupes. En parallèle des cours, une évaluation commune devait être réfléchie pour l’ensemble des étudiants. C’est pourquoi, l’équipe pédagogique a opté pour l’outil Wooflash avec une réflexion construite selon des contraintes pédagogiques, mais aussi environnementales.
Apports du numérique :
Durant le premier semestre universitaire 2021-2022, de septembre à janvier, les étudiants ont suivi les cours d’Introduction à la Gestion des Organisation et d’Introduction à l’Économie Durable et Numérique au rythme d’une heure en amphithéâtre à distance et quatre heures de TD, soit cinq heures par semaine. Durant les séances n°7 et séance n°14 d’amphithéâtre, une évaluation via un outil en ligne a été mise en place, sans faire un examen écrit sur table.
Cet outil nommé Wofflash, permet de créer des quiz en ligne avec de multiples fonctionnalités comme un tirage aléatoire des questions, un mode examen intégrant un chronomètre ou encore un export des données. Cet outil numérique répond à un besoin au sein de l’équipe pédagogique de pouvoir garantir une note commune sans toutefois déroger aux règles du BUT. De plus, il répond à une autre contrainte, celle de mutualiser un examen commun avec une promotion d’étudiants scindée en deux grands groupes : un à Montpellier (cinq groupes TD), et un à Sète (un groupe TD). Enfin, cet outil permet d’apporter une réflexion quant à un usage pertinent de la technologie dans un contexte d’évaluation complexe.
Relation avec le thème de l’édition :
Avec le thème « Éthique et sobriété numérique ? », cette intervention propose un regard réflexif sur l’emploi d’un usage pertinent de la technologie dans un contexte d’évaluation aux multiples contraintes. Premièrement, cette évaluation en ligne via l’application Wooflash permet à chaque étudiant de pouvoir recevoir une évaluation commune et impartiale quel que soit son groupe de TD. Deuxièmement, cette évaluation respecte le BUT qui ne plébiscite aucunement les examens en mode partiel. Troisièmement, cette évaluation évite aux étudiants de venir physiquement dans une ou plusieurs salles afin de réaliser ce quiz. En ce sens, ce retour d’expérience permet de mettre en avant un usage réfléchi du numérique qui ne vient pas comme un ajout irraisonné voire absurde de la technologie, mais comme un usage ayant des considérations pédagogiques et environnementales.
Retour d’usage en classe :
En utilisant l’outil Wooflash pour effectuer deux évaluations dans le semestre, les raisons vont bien plus loin qu’une simple innovation dans la méthode d’évaluation. En effet, le troisième et dernier point évoqué ci-dessus représente la majeure contribution de ce retour d’expérience.
Au département Informatique de l’IUT de Montpellier-Sète, les amphithéâtres à distance pour les 1ères années en BUT Informatique ont lieu le lundi matin. Celui des matières concernées par l’évaluation par Wooflash avait donc lieu durant cette matinée à la suite de ceux d’autres matières. L’après-midi, certains groupes n’avaient parfois pas cours ou avaient des heures d’autonomie propre à la réforme BUT appelées « heures de Situation d’Apprentissage et d’Évaluation », très similaires aux heures de projets tutorés. En imaginant que les étudiants devaient venir à l’IUT, parfois même depuis Sète (environ 30 km) pour passer ce quiz de 30 minutes puis revenir chez eux pour suivre d’autres amphithéâtres ou réaliser leurs projets, le temps passé dans les transports ainsi que la pollution générée par ceux-ci devient non négligeable. En ce sens, l’usage de l’outil Wooflash répond principalement à la volonté de préserver le temps des étudiants et d’éviter au maximum l’usage de transports, parfois polluant comme la voiture personnelle pour passer un quiz d’une durée de 30 minutes. Certains étudiants nous ont confié que ce mode d’évaluation leur avait évité de faire plus de 100 km aller/retour avec leur voiture personnelle et d’avoir ainsi perdu du temps, de l’argent et d’éviter de prendre leur moyen de locomotion personnel uniquement pour ce quiz dans leur journée de cours.
Sur le plan pédagogique, de nombreux enseignements sont aussi à retenir comme une correction réalisée juste après le quizz, une équité dans les questions tirées au hasard et une tricherie limitée due au temps très court pour réaliser l’ensemble du quiz. Ainsi, derrière cette simple nouveauté qui peut sembler triviale pour beaucoup d’enseignants (en effet, les quiz comme mode d’évaluation n’ont rien d’exceptionnel), une considération environnementale se cache en arrière-plan bien qu’elle soit au final majeure dans le choix de ce mode d’évaluation. En revanche, bien que l’absence de déplacements, et donc de pollution par les transports disparaissent avec cette solution, la consommation d’électricité via l’usage d’un ordinateur et d’une connexion Internet pour la réalisation du quiz n’est pas ignorée. Néanmoins, la balance entre le nombre de kilomètres évités et la consommation d’électricité nécessitant 30 minutes de quiz n’est pas identique. Pour les étudiants, cette solution d’évaluation à distance semblait leur convenir. Par ailleurs, les rares étudiants n’ayant pas d’ordinateur ou de connexion pouvaient bien entendu venir à l’IUT pour passer le quizz, mais cela ne représentait que 4 à 5 étudiants sur les 150 au total.
En définitive, ce retour d’expérience ne souhaite pas pointer la technologie pour ses dérives, ses abus ou ses défauts, mais plutôt comme une réflexion à avoir sur un usage rationnel de celle-ci. Sans s’affranchir de toute la technologie en classe, un usage réfléchi, notamment en comparaison de bénéfices jusqu’alors peu considérés, comme éviter aux étudiants de se déplacer pour 30 minutes en présentiel, doit être mis en avant. La sobriété numérique est ainsi vue dans cette évaluation à distance comme une démarche responsable où la technologie n’est pas mise en place de manière compulsive. En effet, celle-ci est établie et déployée selon des considérations pédagogiques certes, mais aussi pour des raisons environnementales qui la favorise face à des contraintes de transports générant une empreinte carbone certainement beaucoup plus importante que l’utilisation d’un ordinateur et d’une application en ligne pendant 30 minutes.
À l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 19ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Éthique et Sobriété numérique en éducation ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, lundi 22 août.
Antoine Chollet présentera l’atelier explorcamp « Considérer la sobriété numérique via un usage réfléchi d’un outil d’évaluation à distance : un retour d’expérience avec Wooflash » sur la session III « ESPACES ET TEMPS D’APPRENTISSAGE EN TOUTE « SOBRIÉTÉ » NUMÉRIQUE » mercredi 24 août matin.
Retrouvez tous les articles sur Ludovia#19 et toutes les présentations d’ateliers sur notre page dédiée. Plus d’infos : www.ludovia.fr
J’adore cet intervenant, j’irai voir ce qu’il propose cette année. J’aimerais bien utiliser Wooflash.