Nous vous proposons la synthèse d’une table ronde co-organisée par PopLab et LUDOVIA à l’occasion de l’Université d’été du numérique qui a eu lieu du 23 au 26 août dernier. Vous pouvez également revoir cette table ronde en « Replay » dans la vidéo ci-contre.
Lorsque l’on évoque les “fractures numériques” le sujet est large. De quelles fractures parle-t-on ? De fracture culturelle, de problèmes d’accès au réseau, de matériels ?
Un constat, une expérience ?
La période de la pandémie de COVID-19 a été un catalyseur de pratiques. Face à un équipement restreint (souvent uniquement des smartphones), aux difficultés à utiliser les outils numériques pour travailler et apprendre mais aussi en raison d’un déficit de littératie numérique, on a réalisé avec force qu’il était urgent d’utiliser le numérique en classe pour que son usage puisse être pertinent et efficace hors de la classe.
Le confinement a aussi été un moment où on a pu construire des “alliances éducatives” avec les familles. Les parents ont des ressources qui ont pu être mises au service de l’École. Des parents ont permis de récupérer des matériels reconditionnés pour les distribuer aux élèves, d’autres ont fait des distributions de documents papier…
Malheureusement, certains enseignants ont encore du mal à considérer que les familles sont légitimes à faire partie de la communauté éducative. Le périmètre de l’École n’est pas seulement physique, ni réservé aux enseignants. C’est un espace collectif. Il faut une intention, un soutien de ce collectif, intégrer vraiment les familles.
Le confinement a été un révélateur de problèmes qui sont connus depuis longtemps. Les solutions existent mais n’ont jamais été mises en place. Cette période particulière a mis la problématique sur le devant de la scène et a ouvert le débat public.
La question des compétences numériques des élèves est essentielle à leur réussite scolaire, mais aussi à leur épanouissement personnel et à leur vie de citoyen. Si l’Ecole ne formait pas les élèves au numérique aujourd’hui, ce serait aussi grave que si elle ne leur apprenait pas à lire et à écrire ou à compter !
Quels leviers pour promouvoir la culture numérique auprès des familles ?
Cela dépend des contextes, mais le rôle de l’école doit être de ne pas reproduire les inégalités. Il faut veiller à ne pas valoriser certaines catégories de parents (ceux qui ont des compétences numériques par exemple) au détriment d’autres. Et pourquoi ne pas solliciter les familles des écoles ou des établissements voisins ?
Le rôle des médiateurs de quartiers, en REP est important. C’est grâce à eux qu’on pourra dépasser les problèmes de langue, d’accès au numérique et faire vivre une réelle parentalité numérique (savoir se connecter et utiliser à l’ENT par exemple).
Si on veut que les élèves développent des compétences numériques, il faut qu’ils soient accompagnés aussi bien par leurs parents que par l’École. Or, on a pu constater que si les familles étaient aujourd’hui pleinement consciente des enjeux du numérique éducatif, elles faisaient montre d’une certaine incompréhension du système scolaire et des pratiques pédagogiques nouvelles liées au numérique.
Par ailleurs, il est surprenant qu’aujourd’hui, une partie des enseignants se dise encore “pas à l’aise” avec le numérique. Les offres de formations existent et sont même très nombreuses, parfois trop. Attention cependant au mille-feuille d’offres de formation qui crée de grandes disparités entre les établissements. Ce mille-feuille se rencontre également au niveau du fonctionnement même du système éducatif, qui agit parfois comme un obstacle aux initiatives. Ce dont les enseignants ont besoin c’est d’un cadre clair.
Au final, développer le numérique éducatif, cela fonctionne mieux si on agit à l’échelle locale, en fonction des besoins. Et surtout avec des personnels dédiés à plein temps à l’accompagnement des équipes.
En conclusion, c’est toute une révolution paradigmatique qui reste à faire !
Synthèse par Mila St Anne