Nous recevons cette semaine Diane Lenne fondatrice de la plateforme We Are Peers une plateforme de services pour organiser des séances pédagogiques utilisant les méthodes d’apprentissage entre pairs.
E.F. : « Bienvenue dans l’émission « Les Podcast de LUDOMAG », nous sommes aujourd’hui en compagnie de Diane Lenne Fondatrice de We Are Peers. Avant de développer notre sujet d’aujourd’hui, qui tournera autour de l’apprentissage entre pairs et de l’intelligence collective, découvrons tout d’abord qui est Diane Lenne. »
Diane Lenne : J’ai commencé en tant qu’intervenante – professeure dans mon école à emlyon alors même que j’étais étudiante. J’avais envie d’un autre format de cours où tous les étudiants puissent participer, partager leurs propres connaissances, et talent en s’appuyant sur leurs expériences personnelles. Par exemple, ce qu’ils peuvent partager de leur expérience en tant que coach sportif, de stage en Inde, comment est-ce qu’ils ont obtenu ce stage, etc sur des thèmes qui puissent nous concerner en tant qu’étudiant. Chemin faisant, j’ai réalisé que j’avais tout simplement développé/inventé une méthodologie d’apprentissage entre pairs. Je n’ai bien évidemment pas inventé l’apprentissage entre pairs qui existe depuis des années, l’école mutuelle… ce sont des pédagogies qui ont été développées depuis très longtemps (1800). Donc, j’ai développé une méthodologie qui permet de la mettre en oeuvre très facilement en 2 heures avec l’aide de chercheurs en pédagogie, en neurosciences, en pédagogie positive et en m’inspirant aussi de ces interactions qu’on trouve dans des tiers lieux, qu’on trouverait dans des Fablab, des tiers-lieux où on retrouve des communautés de pairs très actives et productives. Et puis c’est grâce à ça qu’en fait j’ai développé la solution WAP puis après j’ai créé l’entreprise. J’ai développé l’apprentissage entre pairs pour 300 projets environ, et, aujourd’hui, je publie aussi sur cette pédagogie, sur Harvard Business Review, The Conversation, et puis, aussi, j’interviens beaucoup dans les entreprises, à ce sujet.
E.F. : « Alors parlons maintenant de We Are Peers ou « WAP » , sa structure, ses services, sa mission, les principales compétences techniques réunies pour offrir ce service qui propose selon vous une pédagogie innovante entre Pairs. »
Diane Lenne : On est une équipe de cinq à plein temps et 30 facilitateurs. Notre mission, c’est de permettre aux éducateurs de concevoir et d’animer des activités pédagogiques entre pairs, de le faire sans effort. Et ces activités d’apprentissage entre pairs vont augmenter l’engagement et l’impact de l’apprentissage. Nous sommes la première société spécialisée dans l’apprentissage entre pairs : nous délivrons des formations & cours ou des événements sur-mesure avec cette pédagogie. Autrement, nous déployons une plateforme numérique qui permet aux éducateurs de le faire par eux-mêmes, de pouvoir faire leurs propres activités en s’inspirant sur la méthodologie et ça ce sont vraiment nos deux activités. Pour cela, nous avons une équipe qui est à la fois une équipe d’ingénieurs pédagogiques qui sont eux-mêmes spécialisés sur cette pédagogie-là, mais aussi une équipe technique qui développe la plateforme numérique. Et puis, évidemment nous avons ce qu’on appelle les facilitateurs, c’est ce rôle qui accompagne, qui guide cette pédagogie avec l’outil : un réseau d’une trentaine de facilitateurs, ainsi que des supports techniques aussi, ce sont eux qui vont accompagner l’usage et qui vont faciliter cet usage.
E.F. : « Voyons maintenant comment fonctionnent ces services de coaching entre pairs d’animation de groupes et d’activités pédagogiques entre pairs. La technologie est disponible bien entendu sur une plateforme et nous allons voir que c’est un peu la spécialité de We Are Peers. »
Diane Lenne : Effectivement ça se passe en ligne, on facilite cet apprentissage à distance de manière vraiment interactive grâce à de l’échange en sous-groupes. Notre plateforme permet de créer des sous-groupes qui sont pertinents à l’aide d’un algorithme de matching, puis de guider les participants à partager des connaissances utiles, ainsi que de produire des connaissances. Il s’agit d’un outil tout-en-un, qui permet de concevoir ces séquences-là, de créer ses propres activités, et de les timer, ensuite on n’a plus qu’à les lancer et le parcours se déroule de manière automatique.
E.F. : « Revenons un peu sur la motivation première de Diane Lenne et les fondamentaux qui ont poussé Diane à créer ce service en ligne, et surtout interrogeons-nous sur les résultats de cette méthode d’apprentissage et d’échange entre pairs. Découvrons également ensemble comment cette aventure a véritablement démarré.»
Premièrement, moi, ma motivation à démarrer c’était vraiment ce constat qu’on apprend beaucoup mieux quand on est acteur et que quand on peut vraiment participer. Quand on est passif, qu’on écoute et qu’on ne peut pas choisir ses thématiques d’apprentissage, on est vraiment souvent assez démotivé. Et donc, j’ai eu vraiment envie de proposer un apprentissage qui permette à chacun à la fois de partager un truc qu’il sait faire mais aussi de choisir de qui il va apprendre, d’avoir une grande liberté dans ses choix d’apprentissage, et, c’est vrai que on est là on a des très très bons résultats dans cette pédagogie avec 80 % des participants qui ensuite vont mettre en place des actions en se disant «bah tiens, maintenant je vais je vais aller plus loin !». Ils vont avoir envie de mettre en place des actions, de changer leur comportement grâce à ces types d’apprentissage.
Lorsque j’ai proposé ce premier parcours d’apprentissage à mon école, à mon directeur académique à l’Emlyon, ils ont accepté de lancer une expérimentation et ils m’ont permis de tester, d’avoir cet espace-là de test, vraiment avec beaucoup de bienveillance. On avait de si bons résultats la première fois, que les participants ont demandé à continuer et du coup on a pu, tous les deux mois, refaire l’expérience et l’améliorer en fait à chaque fois. Donc voilà, je pense que c’est la confiance aussi de certaines personnes qui croient en l’innovation, qui sont prêts à tester des innovations pédagogiques.
Après, j’ai rencontré aussi les bonnes personnes : Svenia Busson qui a écrit des livres sur l’innovation pédagogique et sur l’histoire de WAP, qui m’ont aussi donné confiance et qui m’ont permis d’aller plus loin, de la professionnaliser, de pouvoir l’améliorer constamment. La dernière chose, c’est que les premières organisations qui ont eu envie de déployer, ont été les entreprises, parce que les entreprises ont un véritable besoin et une urgence d’innover, de changer leurs pratiques pour avoir de meilleurs résultats en formation, puisqu’ils avaient parfois un manque d’attractivité, des participants qui déconnectent, un manque d’engagement en formation, et elles avaient besoin d’une nouvelle manière de former. Du coup, j’ai fait mes armes dans les grandes entreprises, jusqu’à ce que la solution commence à être très très efficace et qu’on revienne la proposer tout simplement aux éducateurs pour qu’ils puissent s’en emparer.
La suite de l’entretien à écouter dans le podcast.