Le CNED, connu pour être une institution à destination des élèves empêchés et des adultes ne pouvant suivre une formation en présence, assure, depuis 15 jours, grâce à son dispositif #MaClassealaMaison, une mission essentielle dans le processus de continuité pédagogique, comme nous l’explique Michel Reverchon-Billot dans l’interview ci-dessous.
« Le CNED, en quelques semaines, a démontré son expertise, sa réactivité et surtout sa capacité d’anticipation ».
Il souligne que la plateforme « Ma classe à la maison » n’est pas née au moment de la crise du COVID-19 ; la réflexion avait déjà démarré en décembre, en réponse à de nombreuses sollicitations pour faire face à différentes crises sanitaires ou environnementales (comme par exemple, l’ouragan Irma en 2017).
« Fort de cette expérience-là, on s’est dit que construire un dispositif un peu dormant qui ayant la capacité d’être activé en 24h, pourrait être une réponse face à des situations qui, malheureusement, pouvaient se multiplier », explique-t-il.
Le dispositif « Ma Classe à la Maison » : un maillon de la chaîne pour assurer la continuité pédagogique
Michel Reverchon-Billot rappelle que la plateforme met à disposition des contenus et des ressources qui sont proposés aux enseignants, parents et élèves et qui viennent s’articuler avec d’autres solutions existantes que sont les ENT, les ressources personnelles, etc.
« Nous sommes dans une combinaison d’offres qui est mise à disposition des enseignants et des élèves dans le cadre de cette situation très particulière ».
La réflexion s’est axée sur une réponse à une situation d’urgence dans laquelle il est envisagé que, même les enseignants, pourraient ne pas être disponibles. C’est pourquoi le dispositif peut tout à fait être utilisé en autonomie par les élèves, au moins pour les collégiens et les lycéens.
« La plateforme propose donc des parcours d’apprentissage qui permettent à des élèves d’avoir de l’activité pédagogique pendant quatre semaines ».
Choisir son parcours en fonction de son niveau
Au-delà des ressources qu’ils peuvent trouver, le CNED invite les collégiens et les lycéens, en début de parcours, à réaliser un test de positionnement afin de s’orienter vers le niveau de difficulté qui correspond aux résultats de leur test.
Contrairement aux activités traditionnelles du CNED, l’élève ne trouvera pas d’accompagnement humain dans ce processus d’apprentissage ; c’est ce qui différencie Ma Classe à la maison des autres offres du CNED.
« Nous sommes bien sur un dispositif où les adaptations sont numériques », précise-t-il.
Garder le lien entre enseignants et élèves avec « la classe virtuelle du CNED ».
Gérer une classe à distance, ce n’est pas du tout la même chose qu’en présence. C’est ce qu’explique Michel Reverchon-Billot en soulignant que le CNED a mis en place un certain nombre de tutoriels, aussi bien techniques que pédagogiques, pour pouvoir aider les enseignants à prendre en main cet outil.
Les classes virtuelles sont disponibles pour tous les niveaux, de la maternelle à la terminale, y compris pour la voie professionnelle.
« Je salue vraiment les enseignants qui ont su, en cinq jours, s’emparer de l’outil », souligne Michel Reverchon-Billot.
« Mardi 24 mars, il y avait 1 900 000 élèves connectés sur les classes virtuelles du CNED en France ».
Michel Reverchon-Billot répond également, dans l’interview ci-contre, aux différents points de blocage, technique ou tout simplement d’usage, qui ont donné lieu à des commentaires sur les réseaux sociaux.
Dans la classe virtuelle, il n’y a pas d’échange de données personnelles, « donc nous n’avons pas de problèmes de données RGPD et je tiens à le rappeler ».
Premiers retours d’usages suite au déploiement de la plateforme
Bénéficiant d’un département d’études et de veille, le directeur du CNED a tenu à mobiliser ses équipes pour avoir un retour d’usages en temps réel sur le dispositif Ma classe à la maison.
Le CNED a commencé à exploiter les premières données pour les familles et enseignants ayant ouvert un compte entre le 2 et le 12 mars donc avant les mesures d’isolement. A ce jour 2 475 familles ou élèves et 502 enseignants ont répondu.
Quelques chiffres intéressants ressortent de cette première vague de réponses :
=> La plateforme est d’un accès facile pour 82% des familles et 91% des enseignants.
=> 68% des élèves travaillent chaque jour ou plusieurs fois par semaine sur Ma Classe à la maison ; 60% des enseignants.
=> Ces derniers utilisent aussi d’autres ressources (84%), dont l’ENT de leur établissement (54%).
=> 96% des écoliers sont accompagnés par un adulte lors de leur travail sur la plateforme (66% des collégiens et 20% des lycéens).
=> Environ trois quarts des familles (73%) déclarent que Ma classe à la maison assure la continuité pédagogique.
=> 28% des enseignants qui ont répondu déclarent avoir animé une classe virtuelle pour donner un cours ou donner des consignes (47% au lycée). Ils ont majoritairement déclaré avoir atteint leur objectif grâce à la classe virtuelle.
Enfin, les élèves qui ont pu suivre une classe virtuelle se disent majoritairement satisfaits.
« Le 19 mars, il y avait 182 780 sessions actives dans la journée et 1 300 000 élèves ».
Qu’en est-il des élèves « à distance » pendant ce temps ?
Michel Reverchon-Billot tenait à évoquer, dans cette interview, les publics inscrits au CNED et qui ne sont pas oubliés pendant cette période !
En effet, plus de 213 000 formations sont vendues chaque année en France et à l’international, assurant une mission de service public partout dans le monde.
« Ces élèves sont inscrits au CNED comme s’ils étaient inscrits dans un établissement scolaire », précise-t-il.
Au moment de l’annonce du confinement, il a été nécessaire de réorganiser l’ensemble du CNED à distance afin que les équipes en charge des missions pédagogiques, puissent les assurer en télétravail, par exemple.
Enfin, il tient à souligner que « le dispositif Ma classe à la maison n’a pas grand-chose à voir avec l’enseignement à distance tel qu’on le pratique au CNED ; Ma classe à la maison est une version très allégée qui ne correspond pas à l’orthodoxie de l’enseignement à distance tel qu’on l’a modélisé au CNED ».
Et surtout, la grande différence, ce sont les modèles d’accompagnement proposés dans les activités traditionnelles du CNED et qui n’existent pas dans le dispositif de Ma classe à la maison.
« Dans Ma classe à la maison, c’est bien l’enseignant qui est l’acteur premier de la continuité pédagogique ».
Au-delà de la mise en place de la continuité pédagogique dans une situation de crise telle que nous la vivons, Michel Reverchon-Billot va plus loin dans sa réflexion. Il conclut notre interview en amenant à réfléchir sur l’après crise et les modèles d’hybridation que nous sommes capables de mettre en place. Cela aura t’il une incidence sur les évolutions des paradigmes de l’École ?
« Au moment où on pense que le numérique déshumanise, je trouve que nous avons là tous les ingrédients pour réenchanter l’École autrement », conclut-il.
Plus d’infos sur « Animer une classe virtuelle du CNED »=> CNED_PDFClasseVirtuelle