A l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 16ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Intelligences & représentations du numériques dans l’éducation ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, mardi 20 août.
Michaël Espinosa présentera « Ecrits collaboratifs dirigés par un auteur professionnel sur Framapad » sur la session III, Espaces & temps d’apprentissage.
Problématique pédagogique :
Comment susciter chez les élèves de cycle 3 le plaisir d’écrire ? Comment guider l’écrit pour conserver une cohérence, sans interrompre l’inspiration des auteurs en herbe ? Comment produire un écrit long (10 pages), exercice difficile de maintien de l’attention et qui nécessite une forte capacité de concentration ? Comment maintenir la motivation de l’élève sur un temps long ?
Nous partons du principe que l’écriture collaborative et dirigée apporte, du moins partiellement, une réponse à ces problématiques. Les compétences liées à l’écriture, la capacité à organiser un texte cohérent qui respecte les régularités orthographiques, l’autonomie développée par le travail collaboratif, sont renforcés à chaque séance. Le travail sur traitement de texte maintient intacte la motivation. Le processus engagé par les élèves dans l’écriture est valorisé par un produit tangible, un livre édité.
Apport du numérique :
l’initiation aux outils numériques, traitement de texte, dictionnaire en ligne, correcteur orthographique, est présent dans les nouveaux programmes, dans le domaine du français. L’outil Framapad permet de saisir du texte de manière collaborative, une couleur différente étant attribuée à chaque intervenant, mais aussi de dialoguer au moyen d’une fenêtre de clavardage.
Le numérique est ici un outil de communication qui permet à l’animateur de suivre simultanément 5 groupes d’écriture (une classe entière). Il constitue un gain de temps dans le suivi de l’écrit et donne en plus la possibilité de faire participer des personnes distantes de la classe, en l’occurrence ici un auteur et ce, au cours de plusieurs séances, chose impossible à réaliser lorsque les déplacements doivent se faire physiquement.
L’outil permet d’insérer à la volée du texte et d’intervenir directement sur le texte en production par les élèves pour guider leurs écrits, recentrer la trame, proposer une nouvelle inspiration, ce qui à la fois dynamise le travail d’écriture et le maintien dans un cadre cohérent.
Avec le pad, il est possible de construire une trame narrative sur un temps long de plusieurs mois sans avoir à déplacer physiquement les personnes impliquées comme un auteur. Cela laisse, entre deux séances, le temps aux élèves de relire leurs écrits pour apporter les corrections nécessaires à la poursuite de l’écriture.
Il peut permettre éventuellement d’intégrer directement des médias en parallèle du travail de saisie et de création. N’oublions pas le facteur motivation que peut engendrer le travail de groupe autour d’un écran ou l’un des membres du groupe saisit sur traitement de texte les propositions de ses camarades.
Relation avec le thème de l’édition :
A travers l’utilisation d’un pad pour réaliser un écrit collaboratif, les élèves de CM2 ont mobilisé leur intelligence verbo-linguistique, aspect bien connu des écrivains qui savent jouer avec les langages, manipuler le vocabulaire, manier l’art du bon mot. Le versant intra personnel a également été mis en jeu avec la remise en question permanente, l’autocritique pour permettre au groupe d’écrivain de fonctionner et d’avancer tout au long de leur écrit collaboratif… vers l’intelligence interpersonnelle.
Synthèse et apport du retour d’usage :
L’atelier d’écriture numérique à distance en lien avec un auteur, Hervé JUBERT, a été composé de six séances d’écriture collective par le biais du logiciel libre en ligne, Framapad. Ce traitement de texte collaboratif a permis, durant les séances d’écriture, aux élèves et à l’auteur de travailler simultanément sur l’histoire en création. Les interactions directes avec l’auteur via le chat en ligne (clavardage) ou directement sur le pad ont fait progresser la réflexion de chaque groupe. L’auteur a jonglé entre les différents pads (il ne faut pas qu’il y en ait plus de cinq), fait des allers-retours permanents entre tous les écrans pour maintenir un dynamisme quasi permanent au sein de chaque atelier. Grâce à ce lien distanciel, l’auteur a pu relancer l’écriture quand l’imaginaire faisait défaut, recentrer les idées quand la trame du texte s’était envolée et cela concomitamment pour les 5 ateliers, ce qui aurait été impossible sur un format papier. On a pu observer une véritable évolution sur la collaboration entre élèves, l’échange des idées, les discussions argumentées. L’écriture devient plus rapide au fil des séances, de même que l’enchaînement des idées. Les élèves se rendent compte du besoin de communication avec l’autre, l’intérêt d’être clair pour être compris, par l’auteur en premier lieu qui doit pouvoir les suivre dans leur imagination, mais aussi par leurs futurs lecteurs. L’utilisation de l’outil numérique collaboratif présente un réel intérêt pour la communication et l’écriture ; ce pad a été un véritable vecteur, une arche créée entre un auteur et des élèves-écrivains, pour parvenir à aboutir à la rédaction d’une histoire complète concrétisée par la publication d’un recueil au format papier des productions. Quelques témoignages d’élèves permettent de mieux comprendre leurs réflexions, leurs perceptions et leurs ressenti : « Cet atelier nous a appris à travailler en groupe, à prendre des décisions ensemble, à travailler notre imaginaire. Ça m’a beaucoup plu […] Travailler en groupe ce n’est pas toujours facile mais c’est bien de se mettre d’accord sur les décisions et Hervé Jubert était toujours là pour nous aider, même s’il n’était pas là vraiment avec nous dans la classe […] On préparait en classe l’atelier et quand on écrivait à l’ordinateur à l’atelier d’écriture, on écrivait des choses différentes. C’était étrange. Heureusement Hervé était là pour nous aider et c’était bien parce que lui il nous rappelait ce qu’on devait écrire […] C’était dur parce qu’on perdait du temps à vouloir corriger les fautes mais Hervé il nous le faisait. J’ai bien aimé […] Moi j’aime écrire mais ça m’a donné encore plus envie d’écrire […] Hervé il nous a guidé à toutes les étapes. C’était très gentil et puis on a de la chance parce qu’un auteur qui nous aide comme ça, c’est rare […] On est triste d’avoir fini l’histoire. »
Plus d’infos sur : Michaël Espinosa
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