Les enseignants font un travail formidable avec les outils traditionnels. Malheureusement, ces derniers sont de moins en moins adaptés aux conditions de la société actuelle. Nous allons voir quelques pistes pour les guider vers de nouvelles stratégies.
B2i C2i
Du plan Informatique Pour Tous à l’opération TBI Primtice ou l’ENR, le ministère de l’Éducation a pris en charge de longue date l’introduction des technologies actuelles. La mise en place des B2i puis C2i a marqué la volonté de faire de l’ordinateur un outil au service des apprentissages. Cependant, la formation n’a pas toujours été à la hauteur.
La mort par PowerPoint
Deux conceptions de la présentation assistée par ordinateur s’opposent. Une propose des éléments écrits à l’écran, le conférencier se contenant de les lire. L’autre se sert de l’image pour créer un « choc » et évite l’utilisation de textes, tout en n’analysant qu’une seule idée à la fois. Steve Jobs s’était rendu célèbre pour dynamiser ses présentations, se démarquant de ce qui se faisait en entreprise et qui aboutissait au syndrome de la Mort par PowerPoint.
Les enseignants commencèrent à utiliser le vidéoprojecteur, puis le tableau et enfin l’écran interactif, selon le premier mode. Ils pensaient se sécuriser en visuel tout ce qu’ils souhaitaient faire passer dans la leçon. On trouve des milliers de ces présentations sur les sites de partage. Si quelques enseignants adaptent ces ressources à leur public et au vécu de leur classe, il faut reconnaître que ce n’est pas la majorité et que même dans ce cas, très peu exploitent l’interactivité de façon efficace. Un bon document pour l’écran interactif est plus proche de la page blanche que du manuel.
Ne rendez pas les armes !
(1) Deux façons de présenter une image. À gauche avec légendes et textes d’accompagnement, à droite, le document brut, sans aucune indication.
Armé de son PowerPoint, l’enseignant fait défiler les diapositives, souvent déjà légendées, reprenant oralement les textes affichés. C’est l’utilisation majoritaire de l’outil. Cependant, même les élèves dotés d’une mémoire eidétique ou les plus auditifs ne retirent de l’activité que peu d’informations et peu de mémorisation. Envoyer un élève à l’écran pour manipuler le diaporama est loin d’ajouter la dimension kinesthésique complémentaire.La portée de l’image associée à un son, que ce soit le professeur qui parle, un élève qui lise ou une capsule vidéo sur le sujet, est sans doute plus efficace que la simple lecture du manuel, individuelle ou collective. Utiliser l’écran interactif comme un manuel de grande dimension est donc un plus, mais c’est se priver de l’essentiel des qualités de l’outil.
Prenons l’exemple de Vercingétorix rendant les armes à César (illustration 1). Sur la présentation de gauche, tous les textes qui paraissent importants à l’enseignant sont présents. Les élèves ne peuvent pas découvrir l’image en dehors du chemin balisé. C’est pratique comme aide-mémoire pour le professeur qui peut avoir ce type de document dans sa documentation, mais inefficace en classe. Une meilleure approche consiste à présenter le document original, en invitant les élèves à statuer sur sa nature et à le décrire. Parmi les points que l’enseignant veillera à faire observer, on trouvera par exemple :
• C’est une photo de peinture. Elle est postérieure à l’événement, donc œuvre d’imagination
• Sur quels documents peut s’appuyer le peintre pour sa représentation [seuls les Romains pratiquent l’écriture et racontent donc l’histoire qui nous est parvenue]
• Quel est le contexte de la réalisation de cette œuvre en 1899, par Lionel-Noël Royer) ?
• Les élèves remarqueront la mise en valeur du chef gaulois, la dynamique de son cheval qui freine. On pourra aussi faire la parallèle avec la version d’Uderzo et Goscinny)*
• Émettre et valider des hypothèses, débattre, argumenter…
L’enseignant peut, à l’aide de l’outil loupe, le cache, le doigt ou le stylet attirer l’attention sur des détails et relancer la recherche en mettant en valeur ces éléments. Avec cette démarche l’enseignant ne maîtrise pas totalement le parcours qui sera suivi par les élèves. Il veillera seulement, comme un berger, à diriger son « troupeau » vers le but à atteindre, permettant quelques divagations et en ne s’interdisant pas des chemins de traverse s’ils sont plus nourrissants pour les esprits de ses « brebis ».
Comme le pâtre, l’enseignant évite le « hors sujet », ramenant son groupe classe dans la direction voulue. Chaque enfant étant invité à proposer des voies d’exploration, argumenter, cela permet à la classe d’effectuer un parcours particulier, différent d’autres classes. L’écran interactif va mémoriser les essais et annuler les impasses, tout en autorisant l’affichage de ressources complémentaires, afin que ce parcours soit le plus riche possible.
Et la formation ?
Sur le plan technique, la formation peut être décomposée en plusieurs étapes.
La prise en main
Elle est en général assurée par le fournisseur. Son but est de rendre l’utilisateur autonome dans la mise en marche de l’outil et de lui permettre de découvrir quelques fonctionnalités. Dans la majorité des cas, la formation s’arrête là, et c’est ce qui est très dommage.
Donner la direction pédagogique
La direction que nous avons indiquée dans La mort par PowerPoint et Ne rendez pas les armes ! consiste à orienter l’enseignant dans une démarche de recherche avec ses élèves. C’est le plus important à faire passer en formation, car c’est ce qui permet de s’éloigner des pratiques calquées sur les outils anciens, manuels et projecteur.
Donner la main
En général, après trois à cinq semaines, il est utile de faire un point pour lever les difficultés rencontrées et réorienter les pratiques peu productives. On favorisera la mise en place de dispositifs de mutualisation, partage de découvertes et usages. Le formateur pourra revenir périodiquement, mais c’est bien souvent lui qui va s’enrichir des stratégies développées, ce qui sera profitable à toute la communauté, ce dernier partageant avec d’autres groupes ses observations.
Gérer son réseau d’experts
La dernière étape pour le formateur est d’identifier les enseignants particulièrement efficaces et de les établir comme personnes-ressources pour leur établissement, voire à plus large échelle. Ils seront ses relais auprès des collègues moins avancés. Ils seront aussi un réservoir de scénarios pédagogiques, pour valoriser la démarche mise en œuvre, plus que les diapositives utilisées, afin d’éviter l’écueil du PowerPoint…
Dans le prochain article, nous verrons des exemples d’activités pour l’écran interactif dont le but est de donner du sens et de la motivation aux élèves.
Plus d’infos :
Retrouvez sur tbi-direct.fr pour plus d’informations au sujet des écrans interactifs.
Article diffusé dans le cadre d’un partenariat