La Fondation pour l’Enfance présente les résultats de la 3ème édition de son baromètre sur l’impact des usages numériques sur le développement des jeunes enfants.
En amont du Safer Internet Day (11 février 2025), et dans l’attente depuis avril 2024 des arbitrages faisant suite à la publication du rapport de la commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans, la Fondation pour l’Enfance publie la 3 ème édition de son baromètre Enfance et Numérique. Réalisée en partenariat avec l’IFOP, cette étude croise le point de vue des parents et des professionnels de l’enfance concernant l’impact des usages numériques sur le développement des enfants de 3 à 10 ans et les enjeux du numérique éducatif.
- Un quart des parents a déjà proposé à leurs enfants d’avoir recours à l’intelligence artificielle pour faire leurs devoirs.
- 9 professeurs sur 10 observent une augmentation des difficultés d’apprentissage liées aux écrans.
- 54% des professeurs ont déjà été témoins d’enfants qui apportent leur propre smartphone en classe.
Une prise de conscience partielle de l’impact des usages numériques
La 3ème édition du baromètre Enfance et Numérique confirme que les parents perçoivent majoritairement les risques liés à l’utilisation du numérique par leurs enfants : 93% des parents affirment que l’usage des écrans impacte le développement des enfants, tout comme les substances chimiques présentes dans certains produits (93%) ou les principes d’éducation (92%). Par conséquent, les parents ont pour la plupart instauré des règles quant à l’utilisation des écrans. En particulier, 86% des parents fixent des règles concernant la durée d’utilisation, 85% concernant les moments d’utilisation et 81% sur le fait de pouvoir utiliser l’écran seul ou pas. Ils ont également bien intégré l’importance de « compenser » les temps d’écran des enfants avec d’autres activités utiles et favorables à leur bien-être et leur développement. En effet, 72% adhèrent à l’opinion suivante : « Si l’enfant pratique d’autres activités (physiques, sportives, manuelles ou culturelles) les impacts négatifs des appareils numériques sont bien moins importants ».
Pourtant, les parents semblent avoir du mal à percevoir l’impact de leur propre usage numérique : seulement 52% constatent des conséquences négatives de leur propre utilisation des écrans sur le comportement de leurs enfants. Seuls 23% sont par exemple prêts à éteindre leurs notifications en présence de leurs enfants et 41% à éteindre la télévision durant les repas. Ces déclarations concordent avec les observations des professionnels interrogés. En effet, 96% des professeurs ont déjà été témoins de parents qui restent sur leur téléphone en même temps qu’ils s’occupent de leur enfant.
Une écrasante majorité d’enseignants (96%) a déjà observé au moins un lien entre usage des écrans et difficultés de développement chez l’enfant. Ils estiment que ces difficultés de développement liées aux écrans sont en augmentation : 89% observent notamment une hausse des difficultés d’apprentissage (langage, graphisme, motricité, …).
Des écrans omniprésents dans les apprentissages
Les outils numériques prennent aujourd’hui une place prépondérante dans le quotidien éducatif des enfants. En effet, la grande majorité des parents (83%) font usage du numérique pour accompagner leurs enfants dans leurs apprentissages : 71% leur donnent la possibilité de visionner des contenus vidéos éducatifs, 54% leur mettent à disposition des outils pédagogiques sur le téléphone et 26% ont déjà proposé à leur enfant d’avoir recours à l’intelligence artificielle pour faire leurs devoirs (dont 10% régulièrement).
Au-delà de leur domicile, le numérique accompagne les enfants jusqu’à l’école : 54% des professeurs ont déjà été témoins d’enfants qui apportent leur propre smartphone (ou autre outil connecté) en classe. De plus, 61% des professeurs déclarent utiliser les outils numériques en classe (38% en école maternelle, et 68% en école primaire). Parmi eux, 72% y ont recours quotidiennement, et 29% proposent aux élèves des outils individuels. De plus, 62% des parents affirment que leur enfant doit se connecter à un écran pour faire ses devoirs à la maison.
Une partie des enseignants continue cependant à s’opposer à l’utilisation du numérique dans leurs pratiques pédagogiques : 28% déclarent ne pas utiliser les outils numériques en classe car ils estiment qu’il faut limiter le recours à ces outils. Les parents également se montrent assez vigilants : 55% des parents estiment qu’il faut ralentir le recours aux outils numériques à l’école car leurs impacts sur le développement des enfants restent trop incertains.
L’école, acteur incontournable de la prévention et d’éducation aux risques numériques
L’école s’impose comme un vecteur d’information sur les risques du numérique : 93% des professeurs abordent le sujet des écrans avec les parents. Lors de ces discussions, ils évoquent notamment l’impact des écrans sur les apprentissages (72%) ou sur le sommeil (68%), la difficulté à encadrer les pratiques numériques dans le foyer (28%) ou les contenus pédagogiques en ligne (20%).
Les parents (93%) et les professeurs (95%) s’accordent à dire que les enfants devraient recevoir à l’école un enseignement sur le « bon » usage des écrans (usages conscients, maîtrisés et responsables). Cependant, les professeurs estiment que cette éducation devrait démarrer plus tôt que les parents : dès la maternelle pour 51% des professeurs, contre 26% des parents.
Pourtant, malgré ces fortes attentes qui reposent sur le corps enseignant, la moitié d’entre eux n’ont pas connaissance des outils mis en ligne par le gouvernement pour sensibiliser et proposer des solutions visant à protéger les enfants des dangers du numérique (label P@rents, parlons numérique, plateforme jeprotegemonenfant.gouv.fr, …). Seulement 56% déclarent en effet connaître ces outils et à peine 37% les connaissent et les conseillent aux parents. Ils sont davantage informés sur les recommandations des sociétés savantes ou de la Haute Autorité de Santé (90% déclarent les connaître). Toutefois, parmi eux, si 91% les trouvent claires, seulement 68% les trouvent facilement applicables.
Le numérique offre indéniablement de nombreuses opportunités, mais il est essentiel de veiller à en encadrer les usages dans toutes les sphères de la vie de l’enfant. Que ce soit à la maison ou à l’école, nous devons trouver un équilibre entre ces usages et une vie réelle indispensable au développement des enfants, à la construction du lien social et au respect de leurs besoins fondamentaux.
Joëlle Sicamois, Directrice de la Fondation pour l’Enfance
La troisième édition du baromètre Enfance et Numérique a été réalisée en partenariat avec l’IFOP. Cette étude a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 601 parents de 400 professeurs des écoles du premier degré (118 enseignants en école maternelle, 232 enseignants en école primaire et 50 enseignants dans d’autres situations (ex : en remplacement
Retrouvez les résultats des précédents baromètres Enfance et Numérique de la Fondation pour l’Enfance x IFOP :
- Baromètre 2023 : étude menée auprès de 603 parents et 403 médecins généralistes et pédiatres
- Baromètre 2024 : étude menée auprès de 602 parents et 300 professionnels de la petite enfance (200 sage-femmes et 100 infirmières puéricultrices)
Source : Fondation pour l’enfance, communiqué de presse du 29 janvier 2025