A l’occasion de LUDOVIA#BE qui s’est tenu à Spa en Wallonie du 22 au 24 octobre 2024, nous avons rencontré un certain nombre de « pépites ». Au fil des semaines, vous allez pouvoir retrouver une petite sélection sous formes d’articles et de courtes vidéos qui, nous l’espérons, pourront être une source d’inspiration pour vos projets en cours et à venir…
Interview🎙️Aujourd’hui c’est avec Arnaud Zarbo, psychologue, psychothérapeute, formateur et superviseur qui travaille au Centre Nadja ASBL à Liège où il intervient dans le champ des addictions (avec ou sans substances), que nous souhaitons vous inspirer.
« Je pense que toute génération a plus ou moins de facilité avec certaines technologies et lorsqu’on s’aperçoit que les jeunes générations utilisent des technologies que nous ne maîtrisons pas, cela crée des inquiétudes », explique Arnaud Zarbo pour introduire son propos.
Pour lui, ces inquiétudes sont légitimes et son travail est d’accueillir ce type d’inquiétudes.
« Mon boulot n’est ni de rassurer ni de paniquer mais de comprendre ce qui fait souffrance et trouver des pistes d’intervention », ajoute-t-il.
Néanmoins, d’après lui, nous n’avons pas besoin d’un expert au quotidien pour gérer les écrans de nos jeunes.
Peur du numérique ou peur de son jeune ado ?
Arnaud Zarbo pense que le malaise vient de plusieurs facteurs. Les technologies avancent très vite et il y a chaque jour des nouveaux contenus ou des nouveaux jargons qui peuvent vite donner la sensation d’être « largué ». « Dans notre société, nous sommes particulièrement inquiets du bien-être de nos enfants « et la technologie vient cristalliser toutes les angoisses de la parentalité moderner », explique-t-il.
Le parent est partagé entre le fait de laisser sortir son ado pour qu’il soit avec ses amis, tout en étant inquiet de ses fréquentations et le retenir à la maison, sans relation sociale mais avec son écran.
« Moins on est à l’aise avec une technologie, moins on se sent compétent pour intervenir ».
Or, on ne nous demande pas d’être des experts en informatique mais plutôt des experts en éthique.
« Mon travail est de sortir du fantasme de la toute puissance de l’objet médiatique », ajoute-t-il.
Il est plus important de dialoguer en ramenant au centre ce qui est important pour le jeune, pour en parler et réussir à le maîtriser ensemble.
« Qu’est ce qui fait que le média est le seul moyen que j’ai pour me sentir bien et que je ne peux pas retrouver ce bien-être ailleurs ? » C’est la question que fait se poser Arnaud Zarbo aux personnes qu’il reçoit.
Sa réponse est de ramener le média au centre avec un peu de souplesse et de flexibilité.
Être parent aujourd’hui, cela demande beaucoup de compétences !
« Les adolescents d’aujourd’hui ne sont pas une espèce différente ; ils sont juste dans des contextes différents », explique-t-il.
En effet, avec les réseaux sociaux, « l’extérieur s’invite de plus en plus à l’intérieur de notre domicile ». Pour Arnaud Zabco, ce contexte confirme le soutien que doivent apporter les parents à l’éducation aux médias, « pas parce que le parent est un expert du média mais parce qu’il est un expert de son enfant », souligne-t-il.
Il faut donc aider les personnes qui sont en première ligne, comme les parents, à être curieux et “sceptiques“.
« Il y a une injonction paradoxale dans notre société moderne qui fait que pour être un citoyen accompli, il faut maîtriser les outils technologiques et les utiliser à bon escient ». Tout écart est vu comme une sorte de pathologie… et donc comment le parent peut savoir quel est le bon usage.
De plus en plus, nous subissons cette pression de parentalité face au numérique.
Par exemple, les règles des écrans « 3-6-9-12 » comme l’évoquait notamment Serge Tisseron, qui sont censées accompagner et soutenir, deviennent, dans l’usage, des tablettes de la loi, « des préceptes absolus qui ne font pas sens et qui culpabilisent tout le monde », souligne-t-il.
Il préconise donc une posture un peu plus souple.
Que dire aux parents aujourd’hui ?
Déjà reconnaître qu’ils sont compétents et essayer d’augmenter leur sentiment de compétences.
« Quand un parent ressort d’une séance avec moi, je veux qu’il se sente plus compétent et je ne veux pas qu’il ait le sentiment d’avoir reçu la bonne parole d’un psychologue-expert qui lui a dit quoi faire », conclut-t-il.
Plus d’infos : sur le centre où travaille Arnaud www.nadja-asbl.be
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