A l’occasion de LUDOVIA#BE qui s’est tenu à Spa en Wallonie du 22 au 24 octobre 2024, nous avons rencontré un certain nombre de « pépites ». Au fil des semaines, vous allez pouvoir retrouver une petite sélection sous formes d’articles et de courtes vidéos qui, nous l’espérons, pourront être une source d’inspiration pour vos projets en cours et à venir…
Aujourd’hui c’est avec Ingrid Février, partenaire chez Convidencia, cabinet spécialisé dans la transformation que nous souhaitons vous inspirer ; elle a présenté une conférence sur le sujet de la Transformation numérique : de l’appréhension à l’appropriation.
« Ce nous constatons, c’est que très souvent, nous abordons le changement avec le numérique sous l’aspect de l’outil, certes il y en a beaucoup et ils sont très utiles et motivants, mais ça ne fait pas tout », introduit-elle.
Ce n’est pas simplement avec un bel outil et un changement de processus qu’on peut réussir une transformation car le passage au numérique, c’est aussi un changement de culture, de posture et d’état d’esprit.
Elle souligne que, même avec un outil très performant, si l’engagement et l’acceptation que le public va avoir de cet outil est faible, il n’y aura pas d’acceptation de l’outil.
« Notre métier, c’est de travailler à tout ce qui est l’acceptation et ça ne passe pas uniquement par de la communication et de la formation ; le plus important est de savoir si les gens perçoivent que cela a un sens d’utiliser l’outil et qu’il va améliorer leur quotidien », souligne-t-il.
Éviter le sentiment « de perte en compétences »
L’enjeu avec les nouvelles technologies, c’est de faire que les gens ne se sentent pas tout à coup « incompétents ». Les enseignants sont des passionnés dans leur manière d’enseigner, mais le fait de leur imposer des nouveaux outils peut être mal perçu.
« Ils ont déjà leurs propres techniques pour enseigner et on vient leur expliquer qu’ils doivent faire des vidéos, utiliser de l’e-learning, des plateformes numériques… Mais à la base, ce n’est pas leur métier ! », souligne-t-elle.
Il y a une sorte de peur qui peut paralyser les gens par rapport à l’utilisation de ces outils numériques, au-delà des « fantasmes » qui existent autour du numérique.
Les profils rencontrés sont divers : certains vont avoir une appétence naturelle, d’autres vont être plutôt dans la crainte ou encore d’autres « sont pétris de fausses croyances sur le fait que le numérique pourrait être un danger et même nuire à la qualité de leur enseignement ».
Un travail de sensibilisation et de familiarisation primordial
Comment prouver que le numérique va générer plus de valeurs dans mon quotidien ?
C’est un phénomène sociétal. Le rôle de l’enseignant est-il uniquement de favoriser les apprentissages dans sa discipline « ou aussi d’apprendre à apprendre », interroge Ingrid Février.
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Aujourd’hui, ce qui est le plus important, ce n’est pas d’avoir ingurgiter des compétences mais plutôt d’avoir appris à apprendre.
« Et apprendre à apprendre sans le numérique dans la société dans laquelle on est, ça n’a plus aucun sens », ajoute-t-elle.
Se pose donc la question des moyens et de l’accompagnement mis en œuvre pour convaincre les enseignants, les rassurer, leur donner envie, « pour pouvoir le transmettre aux élèves aussi ».
« Comment changer sa posture » : là est le vrai débat et non celui de comment choisir le meilleur outil ; « C’est sur quoi nous avons beaucoup travaillé jusqu’à maintenant », souligne Ingrid Février.
En tant qu’individu, comment faire pour se sentir à l’aise dans un monde qui est changeant, incertain, complexe,…
La théorie de la « vache molle »
A l’arrivée d’un changement ou d’une transformation, on va avoir une répartition statistique qui se présente ainsi : 15% de personnes ravies par le changement, des ambassadeurs qui vont impulser la dynamique en quelque sorte ; 15% de réfractaires ; et 70% d’indécis, qui représentent « la vache molle ».
« Ceux-là vont regarder là où on met le plus d’énergie, d’où l’idée de ne pas passer trop de temps avec les réfractaires car la vache molle serait alors plus attirée de ce côté-là ; mieux vaut passer du temps avec les « évangélistes » qui veulent aider à faire adopter le changement », explique-t-elle.
Apprendre à utiliser ces outils numériques est un phénomène sociétal à côté duquel on ne peut pas passer.
« Interdire, c’est ridicule ! Apprendre à l’utiliser correctement, en incluant toutes les questions éthiques qui gravitent autour, c’est indispensable », conclut-elle.
Pas de recette miracle proposée par Ingrid février ; juste être attentifs aux bonnes questions à se poser et agir sur des actions à mettre en place pour les enseignants, pour les élèves et leurs parents pour une utilisation éthique du numérique.