Interview 🎙️La stratégie numérique pour l’éducation 2023-2027 repose sur une série de mesures pour renforcer les compétences numériques des élèves et accélérer l’usage des outils numériques pour la réussite des élèves.
Ces mesures ont été présentées par le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse de l’époque, Pap Ndiaye, vendredi 27 janvier 2023*.
Depuis bientôt deux ans, tous les acteurs du secteur travaillent de concert pour construire un socle solide, efficient et de confiance pour donner toutes ses chances au numérique éducatif de trouver la place qu’il mérite dans un écosystème complexe.
Point de situation et rendez-vous annuel avec Audran Le Baron (nous l’avions déjà interviewé il y a un an), sur le salon Educatech Expo à Paris-Porte de Versailles en novembre 2024.
Cette stratégie a été un énorme progrès car c’est ce qui a permis, enfin, à l’ensemble des acteurs qui œuvrent pour le numérique éducatif, de se mettre d’accord sur une vision collective.
Cependant les choses évoluent au fil des mois et viennent s’ajouter de nouveaux éléments dans le paysage de la Stratégie ; c’est le cas des IA génératives, qui a connu en 2024 une formidable croissance, mais aussi des travaux de la « commission écrans ». Ces deux actualités doivent nécessairement être prises en compte pour « adapter » ce qui avait été initialement prévu.
« Nous regardons ce qui a changé par rapport à il y a un an et nous décidons dans quelles mesures cela doit faire changer certains aspects de la Stratégie », explique-t-il. Et il ajoute « Ce n’est pas un chamboule-tout ; nous gardons bien nos quatre axes de la Stratégie ».
Intégrer l’omniprésence des IA génératives dans la Stratégie
Audran Le Baron rappelle qu’aujourd’hui, ce sont près de 90 % des lycéens qui utilisent l’IA pour les aider dans les apprentissages. « Néanmoins, nous manquons d’un discours de l’institution qui s’adresse aux enseignants, aux élèves et aux parents d’élèves pour savoir s’ils ont le droit d’utiliser l’IA générative et si oui, sous quelles conditions », souligne-t-il.
Poursuivre le travail sur la doctrine technique de la Stratégie
La doctrine technique est un des « livrables » de la mise en œuvre de la stratégie pour organiser le numérique éducatif. La première année a été consacrée à bâtir la structure de la doctrine technique, avec une première version publiée en 2023 ; cette année, « nous sommes arrivés à un niveau de maturité avec un référentiel d’interopérabilité, un référentiel de numérique responsable… ». Pour cette troisième année, l’enjeu est « d’accompagner, d’opérationnaliser cette doctrine pour faire en sorte que les acteurs, comme les collectivités ou les entreprises des Edtech par exemple, aient les outils concrets pour la mettre en œuvre dans leurs plateformes », explique-t-il.
La formation : un point clé dans la Stratégie
« Tous les enseignants ne sont pas encore formés au numérique et à l’IA, mais on avance », souligne Audran Le Baron.
Avec des dispositifs comme Pix+ Édu, les enseignants peuvent travailler leurs compétences numériques dans leur métier d’enseignant, et pas seulement acquérir les compétences numériques standard.
La modernisation de l’écosystème Magistère et la création de la communauté CREIA (Communauté de Réflexion en Education autour de l’Intelligence Artificielle) visent aussi à aider dans ces besoins de formation.
Dans le contexte budgétaire actuel, il est cohérent de s’interroger sur ce que va devenir le numérique éducatif ; malgré une Stratégie qui garde le cap, peut-on rassurer les acteurs et toute la communauté éducative sur les mois à venir ?
Notre discours reste toujours très équilibré et nous ne prétendons pas que le numérique éducatif va sauver l’éducation par magie.
Bien que convaincus que le numérique peut apporter une vraie plus-value à l’apprentissage et au niveau des élèves, argument étayé par des travaux de recherche et des études d’impact, « nous ne sommes pas étrangers au contexte global de contrainte budgétaire, qui va nous amener à réviser certains programmes ».
« Au cas par cas, nous regardons comment faire aussi bien avec moins », ajoute-t-il.
Avec des phénomènes de mutualisation, notamment, qui ont le vent en poupe comme c’est le cas par exemple de la mutualisation de l’ENT entre la région Bretagne et celle des Pays-de-la-Loire.
Pour le projet de comptes ressources, sur lequel on s’interroge bien évidemment sur sa faisabilité et sa mise en œuvre dans un tel contexte, Audran Le Baron conclut en indiquant qu’il est actuellement à l’étude de trouver d’autres moyens pour « faire que la pérennité promise dans l’usage des ressources numériques pédagogiques des Edtech puisse être maintenue ».
Même si le compte ressource n’est plus d’actualité dans l’immédiat pour des raisons financières, le ministère travaille à d’autres voies et moyens pour garantir la pérennité des ressources numériques.
*Source et image à la une : primabord.eduscol.education.fr/strategie-du-numerique-pour-l-education-2023-2027