Elie Allouche est chef de projet chargé de la recherche appliquée depuis 2016 à la Direction du numérique pour l’éducation. Aujourd’hui, il nous présente les Groupes thématiques numériques, appelés GTnum, qui produisent des connaissances en accès ouvert sur la transformation numérique de l’éducation.
Vous vous posez des questions sur n’importe quel sujet qui touche à cette transformation ? Vous trouverez certainement des réponses dans les publications et portfolios produits au cours des sept dernières années alors n’attendez plus pour les consulter ! C’est ouvert, c’est gratuit et il existe même plusieurs formats de lecture, pour les plus pressés à ceux qui veulent approfondir.
Dans la suite de l’article, on vous donne tous les liens utiles.
Quand la recherche travaille avec l’Éducation nationale au sein des Académies
Elie Allouche gère donc les partenariats avec la recherche, mais pas d’une manière centralisée ; il est surtout là dans le but d’accompagner les académies à mener des actions avec la recherche, « permettre aux territoires académiques de développer des relations partenariales avec la recherche ; accompagner l’innovation et la transformation numérique de l’éducation et de la formation, tout en produisant des connaissances », souligne-t-il.
Cette dernière action est la plus importante pour analyser ce que dit la recherche en éducation ; en quoi cela nous permet de comprendre ce qui se passe, de donner des clés de compréhension et des leviers d’action.
Cette production de connaissances ne concerne pas seulement les chercheurs mais aussi les praticiens.
« Produire des connaissances c’est à la fois le travail de recherche scientifique à proprement parler, mais aussi le regard des praticiens sur ces transformations », précise-t-il.
Ce travail se fédère au travers du dispositif des Groupes thématiques numériques ou « GTnum », « qui sont des groupes de recherche participative qui associent des chercheurs et des praticiens de l’éducation ».
Le rôle de la DNE est de soutenir ces GTnum en les finançant, chacun, à hauteur de 75 000€ sur trois ans.
« Cela permet à des laboratoires de financer des doctorants, des post-doctorants, des ingénieurs d’études, par exemple », précise-t-il.
L’évolution de ces groupes de travail « implique que nous fassions chaque année une veille sur les thématiques qui émergent », explique-t-il.
Voici les thématiques qui ont déjà été traitées sur les sept dernières années :
THÉMATIQUES 2017-2020
- Immersion numérique et virtualité
- Usages des jeunes
- Traces d’apprentissage/Learning analytics
- Appropriation par les enseignants
- Ressources
- Blockchain
THÉMATIQUES 2020-2022
- Intelligence artificielle et éducation
- Humanités numériques
- Hybridation de l’enseignement
- Numérique et disparités
THÉMATIQUES 2021-2024
- Littératie des données
- Apprendre avec le jeu
- Évaluer un dispositif numérique dans l’éducation dans le cadre d’une école inclusive
THÉMATIQUES 2022-2025
- Territoires numériques éducatifs (TNE)
- Sobriété numérique
- Compétences du XXIe siècle
- Formation, certification
Chaque année, un appel à projets, surnommé « appel à manifestation d’intérêt », est lancé dans lequel une dizaine de thématiques est proposée. De là, les Universités de tutelle des laboratoires contactent les territoires académiques, avant d’envoyer leur dossier à la commission de sélection.
« La commission de sélection regroupe à la fois la DNE, la DGESCO, l’Inspection Générale, le Conseil Scientifique de l’Éducation nationale et parfois des experts qui sont mobilisés pour certains dossiers », décrit-il.
Au terme de cette sélection, 4 Groupes Thématiques numériques sont choisis pour une période de trois ans.
Recherche participative et science ouverte : 2 composantes essentielles pour les GTnum
Tout au long des trois années, le GTnum produit des connaissances qui sont disponibles, ouvertes et gratuites sur le carnet de recherche « Éducation, numérique et recherche », hébergé sur la plateforme de science ouverte Hypothèses.
Au-delà des « points d’étape », les GTnum produisent aussi des webinaires, des supports de formation, qui servent notamment dans les plans de formation académiques ou nationaux.
Nos deux axes méthodologiques principaux sont la recherche participative et la science ouverte.
La recherche participative signifie qu’elle est conduite de façon ouverte entre chercheurs et acteurs de l’éducation (enseignants, formateurs, inspecteurs, etc.).
La science ouverte est un point essentiel du cahier des charges, ce qui veut dire que toutes les productions et publications issues de ces groupes doivent être en accès ouvert.
« Ce point a son importance car nous savons très bien que l’un des obstacles principaux pour la diffusion des travaux scientifiques, en particulier auprès des enseignants, c’est l’accès », précise Elie Allouche.
Au terme des trois ans, les GTnum publient leur « portfolio », « qui regroupe l’ensemble de toutes leurs publications et si possible des données de recherche qui leur sont associées, via le PGD – Plan de Gestion des Données, ce qui permet d’avoir des pièces justificatives des données sur lesquelles ils se sont appuyées pour publier leurs travaux », ajoute-t-il.
Le traitement éditorial des portfolios est assuré par Réseau Canopé. Ils sont donc disponibles sur le site eduscol, mais aussi sur le site de l’agence des usages de Réseau Canopé et enfin sur les sites des académies ; cela peut arriver que les portfolios soient aussi diffusés sur des sites d’autres opérateurs comme l’Institut Français de l’Éducation et bien sûr sur les sites des laboratoires qui vont valoriser leurs travaux.
Nous démultiplions les canaux de diffusion pour que ces travaux puissent avoir le plus d’écho possible.
Aujourd’hui, la vague la plus récente de GTnum arrive et elle traite de trois thématiques :
. L’Intelligence Artificielle générative sera traitée par deux groupes, « car nous trouvons aussi intéressant de voir comment une même thématique sera traitée par différents laboratoires pour avoir une pluralité de points de vue ».
. L’Éducation aux Médias et à l’Information liée à la citoyenneté numérique.
. Les communs numériques, soit la production de ressources ouvertes et partagées par les communautés de praticiens.
Nous sommes à la fois un soutien financier mais aussi un soutien méthodologique aux GTnum, pour favoriser aussi la mise en réseau.
Il y a aussi des moments de rencontres en « réel » comme, par exemple, à l’occasion du colloque IN FINE ou encore du salon Educatech Expo.
« Mais le lien organique est bien le lien entre laboratoires et académies », ajoute-t-il.
Elie Allouche nous invite donc à consulter les portfolios et les publications, qui sont à différents degrés de lecture : lecture d’approfondissement, lecture plus courte avec les bulletins de veille produits par Réseau Canopé qui comportent aussi des visuels et infographies de manière à synthétiser plus facilement, etc.
Enfin, il reconnaît qu’il n’est pas toujours facile de faire travailler ensemble chercheurs et praticiens de l’éducation ; il faut leur trouver un objet commun. Par exemple, au moment de la période de confinement, l’objet commun était tout trouvé : l’hybridation !
« Les chercheurs et les professeurs avaient alors la même urgence : la distance forcée, l’éloignement, bricoler ou inventer de nouvelles solutions, … ».
« L’enjeu pour les GTnum est donc aussi d’inventer des terrains de rencontres entre des cultures qui ne sont pas les mêmes et nous ne négligeons pas les obstacles », conclut Elie Allouche.