Tribune de l’Afinef (Association Française des Industriels du Numérique dans l’Education et la Formation), Sylvanie DUVAL – Déléguée Générale
Nous avons besoin de davantage d’ambition pour l’éducation et le numérique dans notre pays.
Notre société se transforme et ce changement apporte son lot de contradictions.
Nous voulons être en pointe de la « révolution numérique », voir émerger des champions de la Tech en France, former des ingénieurs, féminiser les métiers du numérique…
En revanche, nous peinons à encourager les pratiques numériques à l’école, à développer l’appétence pour les outils numériques et la compréhension de leur fonctionnement, et mettons rarement en avant ce que le numérique en contexte pédagogique apporte aux élèves et aux professeurs.
Nous nous bornons à stigmatiser un usage immodéré des écrans, qui relève davantage de questions de parentalité que de l’école française, une école dans laquelle les usages numériques sont insuffisants, pour préparer les élèves à leur vie d’aujourd’hui et de demain.
Or l’école peut-elle continuer à remplir sa mission d’égalité républicaine, d’ouverture du champ des possibles et de lutte contre les inégalités de destin en passant à côté de la transformation numérique ?
Ces contradictions, la filière du numérique éducatif y est confrontée.
Aujourd’hui, il y a une volonté politique d’avoir une offre Edtech de qualité. On encourage l’innovation, on multiplie les dispositifs. Des entrepreneurs passionnés, souvent d’anciens enseignants, s’en saisissent et proposent un offre française robuste et de qualité.
Parallèlement, on échoue à stimuler la demande, à former et parfois même simplement à informer les enseignants.
Mais comment imaginer réussir la transformation numérique de l’école sans les enseignants, alors qu’ils sont les premiers utilisateurs des ressources numériques dans un contexte pédagogique ?
Réussir la transformation numérique de l’école, accompagner les élèves pour qu’ils appréhendent le monde dans lequel ils vivent, c’est être en mesure de conduire le changement au sein de l’institution.
Pour que les élèves soient outillés pour bien vivre le XXIe siècle (sensibilisation aux fake news, contrôle de leur image sur les réseaux, et aussi connaissance des métiers du numérique, développement des compétences scientifiques, etc.). Pour que les enseignants puissent répondre aux nombreux défis auxquels ils font face.
Cela passe par une formation initiale repensée, plus opérationnelle, plus rassurante, mieux reconnue. Une formation valorisée, dans laquelle le numérique a toute sa place pour aider l’enseignant à détecter les difficultés, à différencier, à accompagner les élèves à besoins particuliers, à favoriser l’engagement.
Cela passe par une meilleure intégration du numérique dans les programmes scolaires.
Cela suppose de faire du numérique une matière à part entière dans les programmes d’enseignement, avec une initiation dès l’école primaire et au moins une heure hebdomadaire obligatoire au collège et au lycée.
Être ambitieux pour l’éducation, c’est le sens des 15 propositions de l’AFINEF !