Podcast 🎙️ Aujourd’hui nous recevons, Claire Lommé, professeure de mathématiques depuis presque trente ans. Depuis septembre 2023, elle est coordonatrice Ulis au collège Jean-Jacques Rousseau à Darnetal, Claire est également formatrice et membre de l’APMEP (association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public.) On aborde avec elle, l’apprentissage des mathématiques, l’éducabilité et le numérique dans tous ça…
EF : aujourd’hui on va évoquer votre façon d’appréhender les mathématiques en classe, on vous a entendu intervenir à la radio sur l’apprentissage des mathématiques lors de la présentation des résultats PISA, peut-on y revenir quelques instants. Pourriez vous en synthèse nous rappeler votre avis sur ces résultats et le contexte français ?
CL : La dernière étude PISA confirme les piètres performances des élèves français, un décrochage certainement issu de la période Covid, On remarque qu’ils sont au niveau en analyse et en observation, par contre ils sont en grande difficulté sur la confiance en soi et la résolution de problèmes , l’inégalité sociale est également très « impactante » en mathématiques ; les maths sont encore vus, souvent, comme une discipline élitiste, réservées à des hommes, plutôt blancs, plutôt riches. La sphère et les hommes politiques ne sont visiblement pas très doués en mathématiques d’ou ces visions stéréotypées.
Les maths sont encore vus, souvent, comme une discipline élitiste, réservées à des hommes, plutôt blancs, plutôt riches
Claire Lommé, les podcast de LUDOMAG
EF: Vous avez écrit un ouvrage qui s’intitule « Vous reprendrez bien un peu de maths ? » aux éditions RETZ qui retrace plus ou moins tous ce que vous avez retenu des mathématiques dans votre pratique professionnelle ?
CL : J’ai écris cet ouvrage car je tiens un blog qui permet de transmettre ce regard résolument mathématique sur tout ce qui m’entoure, ça parle aussi de cuisine, d’arts et c’est un regard que j’aimerai rendre plus visible à d’autres et montrer que connaitre et comprend les mathématiques c’est mieux regarder le monde, un peu comme l’Art.
EF: Pourriez-vous nous présenter quelques usages et impacts de votre « approche » avec quelques exemples qui vont construire cette histoire en classe ?
CL : J’ai une manière d’enseigner qui m’est propre et j’ai eu envie d’enseigner pour transmettre mes passions et pour enseigner il faut avoir la pêche et j’enseigne donc les mathématiques au travers de l’art, du jeu, du quotidien et j’essaie de mélanger les manipulations par le jeu par exemple, verbaliser. Le but est d’entrer par une situation problème et d’amener les élèves à un savoir qui leur permet de lever cet écueil. Personne ne doit venir en cours de mathématiques avec la boule au ventre, l’idée est d’apprendre tous ensemble..
Par exemple en 4ème la règle des signes (multiplier un nombre positif avec un nombre négatif n’est pas si simple à enseigner et comprendre) j’ai essayé pas mal de trucs qui ne fonctionnaient pas, et grâce à un collègue j’ai réussi un truc une fois avec un jeu et persuadé que ça pourrait fonctionner à chaque fois. Mais j’ai fait un bide avec une classe avec la même méthode et par contre avec une approche abstraite ça a réussi ; ce qui montre bien qu’enseigner c’est quelque chose de très artisanal et c’est très humain.
Cette année, comme j’interviens en Ulis je me retrouve tout le temps avec ce type de problématique mais ça ne me déstabilise pas du tout, je me construis avec mes élèves !
EF : Question subsidiaire, le numérique a t’il une place dans vos interventions, est-ce un mal nécessaire, une nécessité, une technique à éviter ?
CL : Oui j’utilise le numérique dans tous les aspects de mon métier, pour évaluer les compétences, ça fait des années que j’utilise des tablettes qui m’ont rendu des services uniques, des applications qui sont fantastiques pour automatiser les tâches et les exercices tout en étant différenciant. Cette année en ULIS j’ai énormément recours au numérique, pour la lecture, la compréhension d’écrit, la production d’écrit et ça me permet de comprendre mieux et plus vite là ou ça coince.
Le mal nécessaire c’est que parfois que les élèves consomment trop de numérique de manière non surveillée et c’est difficile de les garder concentrés.
EF : La réplicabilité du projet ou de l’ « approche » ?
CL : Je ne veux pas être modélisante et inspirante, on a tous sa façon d’enseigner, mais il y a des outils qui sont utiles pour d’autres ou les méthodes projets qui permettent de s’éclater dans sa discipline, la controverse permet de s’adapter et avancer. Mon guide absolu c’est l’éducatibilité ! L’idée c’est de donner envie !
EF : Quelques sources d’inspiration qui pourrait aider vos collègues à faire le cheminement et mettre en place la démarche dans leur classe ?
CL : Je suis auteure : j’anime un blog et une chaîne YouTube, mais j’ai surtout écrit un ouvrage grand public, Vous reprendrez bien un peu de maths ?, et des ouvrages à destination des professionnels de l’enseignement : Mini Projets, maxi maths (CP) et Les problèmes par l’image (CM1 et CM2) sont les premiers sortis. J’ai participé à la réédition et à l’adaptation de Premiers pas vers les maths, de Rémi Brissiaud. Je travaille actuellement à d’autres projets éditoriaux.
SON BLOG : clairelommeblog.fr