Le 25 octobre dernier la Commission européenne a publié des lignes directrices pour une utilisation éthique de l’IA et des données à destination des éducateurs.
Elles font suite au travail préparatoire d’un groupe d’experts missionné dès juin 2021 dans le cadre du plan d’action en matière d’éducation numérique (2021-2027).
Elles s’intéressent aux enjeux et aux implications concrètes de l’IA et des données associées dans le domaine de l’enseignement et des apprentissages en partant de considérations éthiques et de questions pratiques auxquelles les membres de la communauté éducative ont à répondre dans le contexte d’une transition numérique plus globale.
Des recommandations européennes pourquoi et pour qui ?
Tout le monde s’accorde à dire que l’intelligence artificielle (IA) impacte de plus en plus notre quotidien dans nos activités professionnelles et sociales, et l’IA dans l’éducation n’est plus une réalité lointaine.
Au-delà d’exemples médiatiques qui entraînent bien des mésinterprétations et des réactions parfois passionnées, ou bien encore des promesses sur le potentiel de l’IA, la Commission européenne estime qu’il faut identifier, comprendre et tester dans un cadre de confiance les domaines d’application pour l’éducation et contribuer ainsi au développement des compétences de tous dans le cadre de la transition numérique d’ici 2030.
Ces recommandations interviennent donc à un stade précoce de l’utilisation de l’IA et des données en éducation pour proposer à la fois de réfléchir et d’agir en prenant en compte des considérations éthiques et une série d’exigences réglementaires (elles-mêmes inscrites dans plusieurs lois, directives et travaux de l’UE).
Ces lignes directrices ciblent principalement les enseignants et les équipes de direction des établissements scolaire du premier et du second degré pour aborder concrètement les questions pratiques et les considérations et exigences éthiques sous-jacentes. Elles visent à faciliter une meilleure compréhension des objectifs éducatifs et des possibilités apportées par les systèmes d’IA en partant d’exemples d’application.
Elles proposent une démarche pour saisir et apprécier de réels apports en même temps que pour éviter des effets non désirés en rappelant le rôle essentiel des interactions et de l’agentivité humaine dans les principes mêmes et des valeurs de l’UE pour l’éducation.
L’axe majeur est donc bien d’aider les enseignants et le personnel éducatif à mieux comprendre et à s’engager dans l’utilisation éthique de l’IA et des données, même si la lecture des lignes directrices peut éclairer aussi les élèves et leurs parents ainsi que tous les acteurs de l’éducation.
Des recommandations européennes pour quoi faire ?
Ces lignes directrices visent à fournir un soutien et des conseils pratiques afin que les enseignants et les éducateurs soient en mesure de s’engager de manière positive, critique et éthique avec les systèmes d’IA et d’en exploiter les avantages en écartant les risques – mêmes involontaires – d’une conception ou d’une utilisation inappropriée.
Pour cela, après avoir présenté quelques grands types d’utilisation pour aider les enseignants, les élèves ou l’organisation scolaire de l’école, les lignes directrices exposent des considérations éthiques de l’éducation en même temps que les exigences inscrites dans le design d’une IA de confiance depuis les travaux du groupe d’experts de haut niveau (HLEG-AI) et leur liste d’items de validation (ALTAI).
Mais là où différentes lignes directrices se concentrent sur l’universalité des droits humains ou bien sur des principes pour les développeurs, ces recommandations proposent l’utilisation de questions directrices pour les appliquer à des cas pratiques et aux défis quotidiens des enseignants et des personnels de direction des écoles et établissements scolaires.
De là découlent trois approches pour planifier un usage effectif de l’IA et des données à l’École, pour développer la prise de conscience et l’engagement de chaque communauté éducative (à la manière de l’utilisation de SELFIE), et pour prendre en compte – dans le cadre de l’enseignement – les compétences numériques émergentes telles que la récente révision du référentiel européen des compétences numériques (DigComp 2.2) le propose.
Les lignes directrices proposent enfin un glossaire de termes sur l’IA et les données en lien avec leur application en éducation, ainsi que des liens vers quelques textes européens et études utiles.
Comment s’impliquer et partager vos expériences avec les enseignants et éducateurs de l’UE ?
Premièrement : téléchargez et partagez le plus largement possible ces lignes directrices publiées dans les 24 langues officielles de l’UE.
Deuxièmement : participez activement et proposez des projets « IA et éducation » dans le cadre du réseau eTwinning ou bien de projets Erasmus+ ou Creative Europe. Par exemple, on peut découvrir dans la base Erasmus plusieurs dizaines de projets dont AI4T (l’IA pour et par les enseignants, porté par la France, l’Italie, l’Irlande, le Luxembourg et la Slovénie).
Troisièmement : prenez connaissance des 13 actions du plan d’action d’éducation numérique 2021-2027 (DEAP) de l’UE, utilisez les ressources offertes à l’image des récentes recommandations sur la lutte contre la désinformation(action 7), les actions femmes et numérique (action 13) ou encore le pôle européen d’éducation numérique.