Un sourire façon manga et c’est gagné pour déjouer les préventions des enfants et des adultes à l’égard de Buddy…
Buddy est un robot de téléprésence qui permet à un élève malade retenu longtemps hors des bâtiments de son école de pouvoir assister de chez lui à des cours en visioconférence en direct de sa classe. Il suscite naturellement l’intérêt par sa forme et sa simple présence en classe, d’autant plus si derrière le sourire expressif choisi par l’élève retenu apparaît son propre visage à l’image.
Le déploiement en France des robots de téléprésence dans l’Education nationale pour tous les degrés, et en particulier Buddy pour les écoles maternelles et élémentaires, prend de l’ampleur. A l’arrivée des robots en direction académique départementale, ils nécessitent la présence des enseignants référents aux usages du numérique (ERUN) pour leur mise en service et leur paramétrage. Une bonne matinée a été consacrée entre ERUN à la prise en main du robot et d’abord à la mise à jour de son système d’exploitation. Des tests ont été faits pour permettre et vérifier la vitesse d’appariement entre le robot et la tablette qui sera la commande de l’enfant. Des discussions se font jour aussi en amont sur leur usage possible en classe par l’enseignant concerné.
Si la tablette disponible pour l’enfant pour commander le robot à domicile fonctionne avec le wifi familial, le robot est actif avec la clé 4G intégrée et demeure dépendant de la qualité du réseau et de sa captation dans les bâtiments de l’école. De chez lui, et à raison de deux à quatre heures par semaine, l’enfant peut agrandir son visuel de la classe, tourner la tête, demander la parole, parler, voire se déplacer dans la classe. Cela permet ainsi, et c’est le but, son inclusion sociale.
Mais pour développer la portée de son inclusion sociale et dynamiser les interactions que l’enfant va avoir avec ses camarades, une réflexion pédagogique est une des conditions centrales d’utilisation du robot, par delà les conditions techniques facilement maîtrisables et transmissibles aux enseignants.
Cette réflexion est portée d’abord par l’ERUN une fois le premier rendez-vous et le premier test effectués sur site avec le directeur de l’école. La prise en main du robot est faite lors du deuxième rendez-vous avec l’enseignant avec qui les simulations d’appariement et d’utilisation robot/tablette sont réalisées. Vient alors le moment central de la discussion avec l’enseignant sur les situations d’apprentissage possibles pour utiliser le robot. Plusieurs séances d’observation en classe sont parfois nécessaires pour optimiser l’utilisation pédagogique du dispositif.
On peut donc avoir des échanges très intéressants avec les enseignants destinataires de robots Buddy, qui au départ n’avaient pas nécessairement envisagé d’autres dispositifs particuliers à mettre en place en classe. Ainsi, il ressort des entretiens menés et des expérimentations effectuées qu’un travail en sous-groupe est structurant pour que l’élève se sente complètement participant à la classe et que le robot joue complètement son rôle d’inclusion.
L’inclusion sociale a un impact direct sur la dynamique des apprentissages et sur l’ambiance de classe, car le travail en petits ateliers de trois ou quatre élèves permet une réflexion et des échanges entre pairs qui sont primordiaux pour l’élève retenu. Naturellement, tous les élèves ont envie de travailler avec leur camarade, ce qui créé une émulation pour toutes les séances et peut aussi contribuer à être vecteur de changement de pratiques pour l’enseignant.
Une réflexion profonde peut ainsi être initiée qui amène à des modifications dans la gestion de la classe et des situations d’apprentissage proposées. Le numérique peut ainsi, si on s’en saisit, devenir un levier de changement, tant du point de vue pédagogique que de celui de l’ambiance de classe.
Bien plus qu’un effet sourire façon manga qui séduit par le style, la forme et l’expressivité, c’est un effet de coopération dans les apprentissages et de réflexivité que Buddy peut aider à installer dans la classe. N’est-ce pas aussi sur le fond un autre moyen de séduction ?
Sujet proposé par Jean Alvarez, ERUN dans les circonscriptions Le Raincy – Clichy sous Bois et Montfermeil – Coubron – Vaujours, villes de Seine-Saint-Denis