Après le rapport de l’inspection des Langues Vivantes remis en septembre 2018, le Plan Langues Vivantes a débouché sur un certain nombre de mesures, dont ont fait partie le numérique éducatif et l’Intelligence Artificielle. En quelque sorte, et après ce raccourci historique, on peut dire qu’est née Captain Kelly. Mais qui est-elle ?
C’est ce que nous explique Marc Lopes, chef de projet national aux ressources numériques pour l’éducation à La Direction du Numérique pour l’Éducation au MENJS.
« L’inspection générale et la direction générale de l’enseignement scolaire se sont appuyées sur la DNE et une des premières contraintes qui a été formulée était de développer une solution qui n’était pas sur écran », explique Marc Lopes.
Et il ajoute : « L’idée étant de favoriser l’oral, il ne fallait pas que nous débouchions sur une énième application avec des activités tactiles » .
L’équipe s’est donc dirigée vers les technologies vocales, avec la difficulté qu’il ne suffit pas de reconnaître ou d’interpréter une voix comme n’importe quel assistant vocal, « mais il faut comprendre et interpréter une voix d’enfant et une voix qui parle une langue qu’il ne maîtrise pas », souligne-t-il.
« Donc le défi technologique était assez conséquent, pour que l’expérience pédagogique soit efficace » .
Captain Kelly est une ressource qui assiste le professeur des écoles dans la conduite des activités en langue anglaise pour construire les connaissances lexicales et syntaxiques des élèves et entraîner leur compréhension orale ainsi que leur prononciation en anglais (Source éduscol).
Captain Kelly : un défi technologique mais surtout pédagogique !
Un marché public a été lancé en ce sens par le ministère pour la conception technologique et éditoriale.
« Nous n’avons pas eu énormément d’offres sur ce marché-là, signe, sans doute, que tous les éditeurs ne sont pas engagés sur ce type de solutions ; ce sont les éditions Belin qui ont remporté le marché ».
« Nous avons exprimé nos besoins à l’éditeur mais surtout, nous voulions une solution qui soit déconnectée pour être facilement exploitable en classe » !
C’est un vrai défi technologique que d’envisager une solution déconnectée, car comme le précise Marc Lopes, « pour avoir une unique solution qui fonctionne sur tous les supports, il faut, du moins pour le moment, que le moteur vocal soit hébergé dans le Cloud » .
Il a donc fallu faire des compromis, à la fois techniques, budgétaires et juridiques pour aboutir à une solution « innovante ».
Marc Lopes précise sa définition du terme « innovant » : innovant, dans le sens où c’est vraiment la première fois qu’un assistant vocal arrive dans la classe.
« Un micro et une caméra dans la classe, a fortiori qui parle, c’est quand même quelque chose d’assez nouveau dans le paysage éducatif ».
En effet, pour un enseignant, cela peut être assez perturbant d’avoir ce genre de matériel dans sa classe, c’est pourquoi il faut accompagner dans cette démarche.
Que faire avec Captain Kelly ?
Écouter, répéter, s’exprimer, comprendre, chanter, mémoriser, jouer, découvrir la culture anglophone, les activités clés en main ne manquent pas. Un guide pédagogique complet détaille chaque activité et des cartes illustrées (« flashcards ») viennent enrichir les interactions possibles avec Captain Kelly.
« Nous avons dû revoir nos ambitions à la baisse en termes de différenciation automatisée » , souligne Marc Lopes.
Captain Kelly n’est pas en capacité de reconnaître la voix, « donc elle n’identifie pas les personnes qui lui parlent ».
Il n’y a pas de base de données, ni de recueil ou de traitement de données personnelles ; Marc Lopes avoue donc « qu’on se prive, pour l’instant, d’une partie du potentiel pédagogique car nous n’aurons pas de tableau de bord de Captain Kelly qui nous dit que tel ou tel élève a des difficultés à prononcer tel ou tel mot » .
« C’est une solution légère, robuste et facile à déployer puisque pas de connexion internet nécessaire ».
Du prototypage à l’expérimentation dans les écoles… jusqu’au déploiement
Le prototypage a été mis en place dans 12 écoles, dans des classes du CP au CM2, « avec un nombre limité d’activités, ce qui nous a permis de faire évoluer la solution et d’arriver à la phase de préfiguration ».
« Nous avons déployé 100 kits matériel avec Captain Kelly embarqué pour 100 écoles, réparties sur tout le territoire, y compris en Outre-Mer » .
Ça marche comment Captain Kelly ?
Le kit matériel nécessaire se compose par exemple d’un Smartphone appairé en Bluetooth à une enceinte connectée, ou alors plus simplement de deux tablettes associées de la même façon ; le Smartphone (ou une tablette) est en fait la télécommande de l’enseignant avec laquelle il va pouvoir sélectionner et lancer une activité parmi les plus de 300 qui sont à disposition dans Captain Kelly.
« L’enseignant lance l’activité, qui va se jouer dans l’enceinte ou dans l’autre tablette et c’est à partir de là que les élèves vont interagir à la voix » , explique Marc Lopes.
Et il insiste sur le fait que l’écran n’est pas nécessaire pour les élèves.
L’écran sert uniquement pour le professeur à choisir des activités ou encore à installer l’application la première fois.
« Nous ne voulions pas une solution numérique qui aurait été conçue pour remplacer le professeur ; l’enseignant doit rester le pilote pédagogique et c’est lui qui sait sélectionner les activités qui vont le plus servir à ses élèves » .
Et en plus « le professeur est un humain », souligne Marc Lopes avec une touche d’humour, mais pas dénuée de sens ! Car l’enseignant pourra faire pause, répéter autant que de besoin par rapport à ses élèves et à la réalité de l’activité en classe.
Ce sont d’abord 100 écoles volontaires qui ont répondu via les académies, pour la phase de préfiguration. Et il s’avère, d’après Marc Lopes, que Captain Kelly est particulièrement apprécié des enseignants qui sont les moins à l’aise avec l’enseignement de l’anglais : « Ils ont trouvé véritablement une réponse » , souligne-t-il.
Et si vous voulez VOIR Captain Kelly, effectivement vous verrez le logo de Captain Kelly mais ne vous attendez pas à découvrir un robot avec des bras et des jambes ! Ça n’est pas non plus une voix de synthèse ! Captain Kelly parle un anglais authentique (c’est la voix d’une vraie comédienne).
Aujourd’hui, le déploiement est engagé. Vous pouvez d’ores et déjà télécharger l’application Android Captain Kelly GRATUITEMENT. Et vous découvrirez également quels matériels sont compatibles et comment installer vous-même l’application.
« Avec une tablette ou un Smartphone Android récent, cela fonctionne parfaitement » , précise Marc Lopes.
Idéalement, il faut également posséder des accessoires supplémentaires comme une enceinte Bluetooth dans sa classe, qui peut servir, par ailleurs, à d’autres activités en classe.
Convaincu ? A vous de jouer avec vos élèves pour un enseignement de l’anglais ludique !
Plus d’infos :
Télécharger la solution : captain-kelly.education
La présentation sur éduscol : eduscol.education.fr
Découvrez la courte présentation en vidéo qui vous sera certainement utile :
Source illustrations : éduscol