Les élèves semblent peu autonomes, mettant un certain temps à se mettre au travail lors des activités. De plus, les inégalités sociales se ressentent dans les résultats des élèves. En effet, bien que les élèves fréquentent le même collège, l’environnement familial a un impact non-négligeable sur la réussite ou non des élèves.
A la fin de l’année 2016/2017, Romain Bourdel-Chapuzot et Fanny Grauer décident de mener un projet de plans de travail communs SVT-SPC. Dans ce mode de fonctionnement, le travail de groupe prend de l’ampleur. Les élèves gagnant en autonomie, une salle flexible, permettant de créer plusieurs lieux dans la salle ou plusieurs configurations en fonction du type d’activité semble le prolongement de la réflexion engagée au sein de l’équipe.
Le projet de rénovation de la salle s’étalant sur plusieurs années, l’idée a été d’aménager la classe avant et après les travaux pour permettre aux élèves de travailler dans un environnement propice aux tâches menées. Et comme les travaux ont eu lieu (grâce au CD13), il nous semble intéressant de montrer qu’une salle de sciences peut être colorée, modulable et sans grosse paillasse fixe (plutôt au collège). Par ailleurs, que ce soit au niveau pédagogique ou au niveau de l’aménagement de l’espace, le travail effectué est transposable à d’autres disciplines.
Apport du numérique :
Le numérique a une place importante dans ce projet sur deux axes principaux : le travail des enseignants entre eux et le travail des élèves.
Au niveau du travail des enseignants, la préparation de ce projet, qui se déroule sur l’année avec des thèmes et des supports communs, a nécessité l’utilisation d’outils collaboratifs. Ainsi, la suite Google drive a été utilisée afin de pouvoir préparer les progressions, les thèmes des plans de travail ainsi que les contenus de manière à pouvoir travailler en direct en distanciel. Le stockage des fichiers a aussi permis de voir comment il était possible d’articuler les activités entre elles.
La mise à disposition des ressources a aussi été un questionnement important puisqu’il fallait qu’elle réponde à deux contraintes :
- Centraliser tous les types de ressources afin d’éviter leur éparpillement, ce qui perdrait les élèves ;
- Proposer un mode collaboratif afin que nous puissions, chacun de notre côté, alimenter ces ressources sans que l’un ou l’autre soit obligé de tout faire.
Nous avons donc utilisé le logiciel Genially qui permet de centraliser et d’intégrer les différents types de ressources que nous mettons à disposition (vidéo sur YouTube, trace écrite que doivent recopier les élèves) tout en proposant un mode collaboratif où les deux enseignants peuvent agir sur le même document. Exemple de mises à disposition des ressources : frama.link/pdtgate
Le numérique est aussi présent dans la partie « évaluation » puisque les quizz formatifs utilisent l’application Plickers. Celle-ci permet un feed-back immédiat pour les élèves mais aussi pour l’enseignant (en effet on peut voir si une notion est bien comprise par les élèves ou non). Enfin, le numérique est utilisé par moi-même au niveau de la création des capsules de physique-chimie puisque je les réalise. Chaîne YouTube : www.youtube.com/channel
Le nouvel aménagement a aussi permis de commencer à mener un travail sur la conception d’une appli de révision pour les élèves à l’aide de Glide App et de Wooclap ou Agora Quiz notamment, les élèves concevant les quiz de révision (ils en faisaient déjà en classe mais le numérique permet davantage de possibilités sur les types de questions). Le déploiement de Pearltrees va permettre de continuer à augmenter la place du numérique (nos élèves ont des tablettes prêtées par le CD13) puisque le travail collaboratif en ligne pourra être développé (mises à disposition de ressources, curation par les élèves, utilisation de la suite office en ligne intégrée, interactions entre le VPI et les tablettes…).
Synthèse et apport du retour d’usage en classe :
L’action se déroule sur deux plans : la partie pédagogique et la partie sur l’aménagement des espaces.
En ce qui concerne l’aspect pédagogique :
Le travail se fait à l’aide de plans de travail communs en SPC et en SVT, les élèves ayant, au début de chaque plan de travail, une vision globale de ce qu’ils auront à faire pour les 6 semaines à venir. Les élèves n’ont qu’un cahier de sciences pour les deux disciplines.
- Le travail en classe consiste en :
- des activités (documentaires, expérimentales, démarche d’investigation) en autonomie (ils choisissent en début de séance quelle activité ils veulent faire );
- des exercices ;
- des évaluations formatives pour la remédiation (en utilisant Plickers) ;
- une évaluation blanche (qui peut aussi être faite en partie à la maison) ;
- du tutorat entre pairs ;
- le visionnage de capsules de 2-3 minutes ;
- une évaluation sommative de fin de plan de travail.
Le travail est fait en groupes de 4 (ou 3), chaque élève ayant un rôle déterminé pour l’ensemble du plan de travail (repéré à l’aide d’un badge porté pendant la séance). L’appel à l’enseignant est régulé par l’utilisation des tetraaide qui permettent aux élèves de déterminer le degré d’urgence de leur question.
2. A la maison, les élèves ont comme travail :
- le visionnage des capsules ;
- l’écriture du cours.
- L’accès aux ressources se fait via le site du collège (Genially).
Dans la volonté de valoriser les élèves en pratiquant une évaluation positive, nous pratiquons l’évaluation formative au cours des activités ainsi qu’à l’aide de Plickers, certaines des questions traitées avec Plickers se retrouvant dans l’évaluation finale. Pour préparer l’évaluation finale, les élèves ont aussi une évaluation blanche qui est corrigée en classe par les pairs de manière à ce que les élèves puissent utiliser leurs erreurs comme un levier d’apprentissage (et non une erreur-sanction).
En ce qui concerne l’aménagement :
Lors des vacances de la Toussaint 2019, les travaux de rénovation de la salle modulable ont été réalisés. Le choix des enseignants s’est porté sur des tables 3.4.5. Ces tables permettent de configurer la salle en fonction des besoins et elles peuvent être utilisées quel que soit le type d’enseignement utilisé.
La forme de ces tables (éco-conçues et fabriquées en France) permet de créer facilement des groupes de 3, de 4 ou de 5 élèves. On peut aussi les utiliser en table individuelle ou bien créer des grandes surfaces de travail.
Depuis que les enseignants bénéficient de ces tables, de multiples configurations de salle ont été utilisées : îlots de 5, îlots de 4, grande table pour travailler sur des affiches, longues tables pour scinder la classe en deux, tables individuelles, arcs de cercle pour des échanges…
Il n’y a pas de limite à ce que les enseignants souhaitent mettre en place comme activité ! Les élèves proposants eux aussi l’aménagement qu’ils trouvent favorable à leur travail.
Sur ces deux salles, trois points d’eau sont présents pour la vaisselle de la verrerie mais la paillasse de l’enseignant a disparu puisqu’elle n’est plus nécessaire.
En attendant les travaux, si on changeait déjà la salle de sciences ?
Quelle est la salle la plus figée au niveau de sa disposition dans un collège ? C’est sans doute la salle de sciences avec ses paillasses fixées au sol puisqu’elles sont raccordées à l’électricité et/ou à l’eau.
Mais cette configuration ne semble plus répondre aux demandes des programmes et des instructions. En effet, on demande de plus en plus aux élèves, certes de manipuler, mais aussi d’élaborer des protocoles ou de résoudre des tâches complexes. Le TP “presse-bouton” n’est plus d’actualité. Aussi, il faut tenter d’adapter la salle aux pratiques pédagogiques mises en place, pratiques qui ne s’accommodent pas nécessairement facilement des infrastructures existantes.
Voici les aménagements faits dans notre salle, aménagements qui ne coûtent quasiment rien :
On commence par le fait d’avoir bloqué les éviers. En effet, ils se bouchaient souvent et étaient très sales.
On utilise donc l’évier de l’enseignant et les élèves ont accès au laboratoire qui est attenant à la salle. Cela a permis de récupérer de la surface disponible sur la table. Les élèves mettent notamment les tetraaide sur les plaques blanches.
Continuons avec les bandeaux verticaux qui « empêchent la chute des objets » (c’est ce qui écrit dans un catalogue). Le souci de ces bandeaux, c’est qu’ils empêchent les élèves de pouvoir se retourner et travailler avec le cahier. La solution ? Les dévisser. Autre possibilité, les revisser à l’envers pour que ça ne dépasse pas. Nous avons la chance d’avoir un agent technique qui a assuré les finitions (installation de champs et jointage).
En ce qui concerne les tableaux, nous avons pu récupérer ceux qui avaient été changés (soit parce que les collègues souhaitaient un tableau blanc et donc le tableau à craie ne servait plus, soit parce que la salle était rééquipée). Nous avons la chance d’avoir des paillasses décollées du mur donc nous avons pu les fixer et les élèves en profitent pleinement.
Afin de récupérer de la surface au sol et dans l’optique d’offrir aux élèves un nouvel espace (consultation de ressources), la paillasse de l’enseignant ainsi que l’estrade sur laquelle elle se trouvait ont été retirées. Il ne reste plus que le point d’eau qui est utilisé par les élèves.
Enfin, un aménagement qui vient de l’élémentaire, ce sont les balles de tennis sous les tabourets. En effet, certains tabourets n’avaient même plus les embouts en caoutchouc. Le bruit était assez pénible à chaque manipulation de tabouret. L’installation des balles (récupérées au club de tennis voisin) a permis d’enlever cette nuisance. Les élèves sont demandeurs de ce type d’aménagement puisqu’ils allaient en priorité vers les tabourets équipés lorsque toutes les balles n’avaient pas encore été installées.
À l’occasion de l’université d’automne de Ludovia, 2ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année « À la recherche du point C (point de convergence) ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, mercredi 3 novembre 2021.
Romain Bourdel-Chapuzot présentera « Une salle modulable qui s’adapte enfin à la pédagogie… et pas l’inverse ! Et qui permet de mener facilement des projets avec les élèves », le jeudi 04 novembre de 14h00 à 14h45 et vendredi 05 novembre de 11h50 à 12h35.
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