Comment ne pas être favorable à la Science Ouverte ? Ouvrir la recherche à la société, à tout un chacun, est aujourd’hui rendu possible grâce à Internet et aux outils numériques. La communauté scientifique est plus que jamais sollicitée, voire contrainte dans certains cas de déposer sa recherche dans des archives ouvertes institutionnelles[1]. Empiétant sur l’autonomie du chercheur, les injonctions politiques mêlées à la législation actuelle permettent d’accélérer le processus de mise en ligne des documents dans des archives ouvertes, en réduisant la durée d’embargo imposée par les éditeurs, ou encore de privilégier les publications dans les revues nativement numériques et en accès libre. Les négociations en cours sont tout aussi primordiales afin que les universités puissent continuer leurs missions envers la communauté scientifique et les étudiants.
La crise sanitaire liée à la COVID-19 a également bouleversé le paysage de la recherche. Le premier confinement nous a prouvé que la recherche continuait et que tous les processus habituels s’étaient même accélérés (évaluation par les pairs, dépôt des préprints). Au même moment, un constat évident ressort de cette pandémie : pourquoi libérer les publications en temps de crise uniquement ? Pourquoi attendre une catastrophe mondiale pour qu’une prise de conscience majeure permette l’accessibilité exceptionnelle de la part de certaines revues ? A cet effet, l’UNESCO s’est positionné sur ce questionnement afin de proposer une recommandation mondiale sur la science ouverte.
Outre l’accès aux publications scientifiques, la crise sanitaire a également provoqué un élan de participation aux sciences de la part de la société. Les sciences participatives ont ainsi pris davantage de place et des projets collaboratifs ont vu le jour (cartographies, visualisations, mouvement maker « covid-initiatives » …).
Le but de cette communication est dans un premier temps de retracer l’historique du mouvement de la Science Ouverte jusqu’à la crise sanitaire (des fondements jusqu’à la prise de conscience sur sa nécessité). Dans un second temps, nous souhaitons insister sur le rôle des archives ouvertes dans la circulation des savoirs et non la transmission des connaissances. Selon nous, pour transmettre, il faut de la communication humaine (une interaction, un feedback, un face à face entre l’émetteur et le récepteur). Et c’est l’un des éléments manquants des dispositifs informationnels présents dans cette société du numérique d’aujourd’hui[2]. A partir de cela, nous reviendrons sur une approche anthropologique puis communicationnelle nécessaires en SIC, afin de comprendre les motivations et les réticences liées à la diffusion des connaissances pour un chercheur. Nombreuses sont les raisons qui poussent (ou non) un chercheur à ouvrir sa recherche[3]. Et nombreuses sont les façons de faire de la Science Ouverte[4]. L’objectif est donc de donner des exemples, et non une liste exhaustive, des différentes manières d’ouvrir la science. Nous émettons l’hypothèse qu’en complément de ces raisons (politiques, économiques, éthiques, juridiques…) le lien entre expérience personnelle, récit de vie et culture disciplinaire ne peut être épargné.
[1] Les conséquences : perte du sens critique, mondialisation, dématérialisation du savoir… Avec le numérique, un savoir est transmis de façon brute
[2] Notre intention n’est pas de réduire cette définition au simple fait de déposer un document dans une archive ouverte
[3] Nous entendons ici, diffuser ses connaissances et médiatiser (faire de la vulgarisation, publier des billets de blog, alimenter une page institutionnelle et personnelle, participation aux médias)
[4] Pour illustrer ce propos, nous citerons ici l’archive ouverte HAL
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