Nous menons au collège un travail commun SVT-SPC depuis 4 ans avec Fanny Grauer, tentant de favoriser l’autonomie des élèves en classe tout en prenant en compte l’hétérogénéité de nos élèves. En effet, le public de notre collège est assez éclectique en termes de contexte familial et social.
Ainsi, depuis que nous avons mis en place nos plans de travail communs, nous nous efforçons de limiter la part du travail à la maison dans un but de limiter les inégalités liées aux différences d’accompagnement dont bénéficient les élèves à la maison. La situation sanitaire que nous vivons depuis plus d’un an nous a permis de voir que l’Ecole (au sens de l’institution) ne peut exister que si les élèves sont dans l’école (le lieu commun à tous les élèves).
Cependant, il faut malgré tout s’adapter aux conditions sanitaires, et après un confinement total en 2019/2020 dont j’ai pu témoigner en explorcamp l’an dernier, nous avons dû nous adapter à un fonctionnement en demi-jauge pour les classes de 4e et de 3e à la rentrée des vacances de printemps.
Ce fonctionnement en demi-jauge s’est fait sur une organisation en demi-classe (la moitié de la classe en présentiel et l’autre moitié qui travaille à la maison) en alternance. C’est un défi à relever à plus d’un titre ! En effet, l’objectif dès le début a été triple : continuer à avancer dans les apprentissages, maintenir une interaction entre les élèves en classe et les élèves à la maison, et continuer à motiver les élèves qui travaillent à la maison. Le tout en tenant compte de multiples contraintes (accès au réseau, accompagnement familial…).
J’ai donc tenté d’adapter le fonctionnement habituel en classe à cette demi-jauge. En effet, je suis très attaché aux interactions entre les élèves (d’où la présence de tableaux pour les élèves dans ma salle par exemple), comme dans les classes mutuelles et renversées notamment. Il me semblait donc important de continuer à faire en sorte que les élèves puissent travailler les uns (en classe) pour les autres (à la maison) … et inversement.
Apport du numérique :
Nous le voyons depuis un peu plus d’un an, sans numérique, il serait très compliqué de continuer à interagir avec les élèves à la maison. Ce numérique permet donc de maintenir un lien avec les élèves mais il permet aussi de mettre en place des activités qui ne seraient pas possibles sans.
Je ne vais pas m’étaler sur les visios puisqu’elles se sont développées depuis un an, l’utilisation du logiciel OBS permet de les rendre plus vivantes en modifiant les plans comme un réalisateur (cela rend très bien lorsque l’on utilise en plus une visaliseuse qui filme un papier sur lequel on écrit, c’est plus vivant que lorsque l’on projette l’image d’une tablette utilisée avec un stylet).
Avec les élèves, l’idée a été de rendre le numérique le plus transparent possible, à l’image de ce que nous faisons en classe. Il faut que l’utilisation du numérique apporte une plus-value et ne soit pas un frein aux apprentissages des notions disciplinaires.
Ce que j’ai tenté de mettre en place, c’est de la création de ressources des élèves présents en classe à destination de ceux qui travaillent à la maison et inversement. Cela a pris plusieurs formes :
- Création/utilisation de quiz par ceux qui étaient à la maison (distribués avec quiziz ensuite) ;
- Création de vidéos de cours par les élèves présents au collège à l’aide des tablettes du département ;
- Correction de copies créées par l’enseignant…
Relation avec le thème de l’édition :
Lors de la mise en place de la demi-jauge, il y a deux points qui ont paru importants, à l’image de ce qui s’était passé il y a un an lors de l’annonce du confinement : garder du lien avec et entre les élèves, et rester “dans les clous” au niveau de l’usage du numérique.
C’est pourquoi j’ai tout de suite voulu utiliser la plateforme Pearltrees que nous avons au collège avec des accès privés aux ressources qui sont limités aux équipes créées. Cela permet de savoir exactement qui a accès aux ressources mais cela permet aussi aux élèves qui créent des ressources de savoir à qui elles sont destinées.
Tous les outils sont restés les mêmes que l’an dernier pour les échanges (pronote et classe virtuelle), la mise à disposition des ressources de l’enseignant (genially) et le rendu des copies (pronote). Cela a permis de ne pas avoir de temps d’adaptation trop important pour les élèves.
Synthèse et apport du retour d’usage en classe :
Il est difficile de tirer un bilan de ce qui a été mis en place puisque nous sommes encore plongés dans cette période de demi-jauge au moment de la rédaction de cet article.
Cependant on peut observer plusieurs choses intéressantes.
La première concerne l’apport de la période de confinement de l’an dernier. Même si je n’apprécie pas le travail en distanciel avec les élèves, il faut noter que ce que l’on avait fait en 2020 a servi pour repasser en distanciel en 2021. Les outils numériques ne posent plus de problème, ce qui est problématique par contre reste l’accès au réseau pour certains de nos élèves. Même si l’élève est doté d’une tablette par le département, nous avons encore de grandes disparités à l’accès au réseau, que ce soit en termes de débit mais aussi de data (certaines familles ne passant que par des forfaits mobiles pour l’accès à internet).
Le deuxième point positif concerne l’agencement de notre salle de classe qui permet de moduler la salle en fonction du nombre d’élèves présents mais aussi du type de tâche que l’on fait avec eux. Cette modularité est appréciable dans toutes les circonstances, y compris en temps de demi-jauge.
Le troisième point à noter concerne l’investissement d’une partie des élèves. En effet, leur confier la création de ressources à destination de l’autre moitié de classe, mais aussi le type de ressources différent de ce qu’ils font habituellement les a motivés.
Cependant, il ne faut pas se leurrer, il y a une proportion non-négligeable d’élèves qui sont démobilisés par la situation pour plusieurs raisons : élèves déjà en difficulté avant la demi-jauge, élèves au contexte familial difficile, élèves pour qui le travail à l’aide du numérique est difficile (notamment l’accès au réseau) … sans compter les demi-classes que l’on ne voit pas en présentiel pendant plusieurs semaines du fait de l’alternance des groupes combinée aux jours fériés.
Cela me conforte dans le fait que l’Ecole (en tant qu’institution) ne peut fonctionner qu’avec les élèves dans l’école (le lieu commun).
Plus d’infos sur : Romain Bourdel-Chapuzot
À l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 18ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Le numérique éducatif est-il social ? ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, lundi 23 août.
Romain Bourdel-Chapuzot présentera « Comment j’ai tenté de de m’adapter la à la demi-jauge… » sur la session III « TERRITOIRES, ESPACES ET TEMPS D’APPRENTISSAGE », mercredi 25 août matin.
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