Digital learning : Comme beaucoup, j’ai eu l’occasion de participer ou d’organiser des temps d’échanges à distance entre élèves et enseignants ou entre enseignants qui se sont révélés être un monologue du ou des organisateurs, les participants se contentant au mieux de quelques mots dans le chat, alors même que l’objectif principal de ces temps était de garder du lien et de leur donner la parole. Le numérique, peut donc sembler, dans un premier temps, être un frein au lien social, en instaurant une distance.
Comment libérer la parole des participants à une classe virtuelle à distance ? Comment les mettre en confiance ?
Assez vite, il est apparu que l’accueil des participants était un premier point déterminant. Un simple bonjour sonnait déjà mieux qu’un silence pesant certes, mais n’était pas suffisant. Il fallait donc briser la glace ! Mais sous quelle forme ?
De nombreux icebreaker sont possibles et sont à choisir selon l’objectif du jour : simple positionnement d’humeur, énigme, petit jeu permettant de remobiliser les acquis précédents, … et sont très efficaces pour capter l’attention des participants, libérer leur parole et les positionner dans une dynamique d’échanges. A noter que le positionnement d’humeur permet à des élèves d’exprimer un mal-être dont on pourra discuter avec lui par la suite.
Mais au-delà même de la simple prise de parole, je souhaitais faire débattre les participants en les amenant à exprimer leurs opinions.
Comment faciliter le débat ? Comment libérer la parole ?
Apport du numérique :
Le numérique qui semblait être un frein a finalement été un levier. J’ai une certaine expérience des abaques. Lorsque j’ai eu besoin de conduire un débat à distance, j’ai immédiatement pensé à cette méthode. Mais il me fallait l’adapter aux échanges à distance.
Pour exposer les affirmations, de nombreux outils existent et peuvent être exploités à bon escient. De mon côté, j’ai choisi un digipad présentant une affirmation par colonne.
Le plus dur restait à imaginer : comment faciliter le débat dans les petits groupes de travail et ensuite, comment passer du travail en groupe à un retour en classe entière ? Comment faire en sorte que le débat initié en petit groupe puisse être relancé en grand groupe ?
La réponse tient en deux mots : humour et créativité.
Il existe un phénomène bien connu sur les réseaux sociaux : les mèmes. Un mème, pour faire simple, c’est une image virale qui peut être détournée pour faire passer un message parodique.
La solution était là ! Il existe de nombreux sites générateurs de mèmes, nul besoin d’avoir de hautes compétences numériques pour réaliser un mème. Avec ce support, il était donc facile pour les participants de mettre en scène leur pensée sous forme humoristique.
L’organisation était donc actée : des affirmations faisant débat, une tâche finale de création de mèmes partagés sur une même page, un challenge puisqu’il est possible de faire voter les participants, et la présentation des différents mèmes produits.
L’humour est le moyen le plus rapide pour briser la glace et inscrire des participants dans un cadre de confiance. L’humour est un puissant atout pour l’idéation et la créativité, car il facilite la réflexion et l’association libre d’idées.
3 ingrédients pour une recette réussie : humour, créativité et jeu.
Relation avec le thème de l’édition :
Le numérique peut a priori sembler être un frein dans la conservation du lien avec les élèves ou avec d’autres enseignants. Cependant, le numérique génère ses propres solutions. En effet, le numérique peut être facilitateur par le biais des nombreux outils qu’il propose. La classe virtuelle correspond à une simple mise en contact des participants mais c’est bien la démarche pédagogique et sa mise en œuvre qui permettent de générer ou non des échanges.
Générateur de mèmes, lieu unique de dépôt, vote et commentaires possibles, … ce sont autant d’outils permettant de trouver une solution pour permettre d’exprimer des idées, des opinions et de débattre et dépasser le simple contact.
Synthèse et apport du retour d’usage en classe :
Première surprise pour moi, les élèves connaissent les mèmes. Certains sont mêmes des « spécialistes » d’après leurs camarades. Ils ont des applications dédiées installées sur leurs téléphones.
Une fois les consignes données et les élèves mis en petits groupes à distance, l’écoute des groupes montre que les débats s’amorcent rapidement, partout. Certains commencent par choisir une affirmation, débattre puis choisir leur support de mèmes, d’autres font le cheminement inverse. Quoiqu’il en soit, dans tous les groupes, le débat est lancé.
Le retour en grand groupe est le moment de découvrir le travail des autres. On vote, on commente. Le vote effectué, on partage à l’écran le mème qui a le plus de voix et le débat s’enclenche tout seul.
Le climat ainsi créé rend plus efficace le travail d’approfondissement qui fait suite à ces échanges.
Enfin, il me semble important de souligner que cette technique d’animation a été testée à la fois sur des collégiens, des lycéens et des adultes. Cela fonctionne pour toutes les générations !
Un des exemple de scénarios pédagogiques :
Plus d’infos sur : Perrine Douhéret
À l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 18ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Le numérique éducatif est-il social ? ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, lundi 23 août.
Perrine Douhéret présentera « Numérique et mise en place d’une dynamique créative et sociale en visio-conférence : comment dynamiser ses visio-conférences en stimulant créativité et échanges ? » sur la session III « TERRITOIRES, ESPACES ET TEMPS D’APPRENTISSAGE », mercredi 25 août matin et sur la session IV « CULTURE NUMÉRIQUE », mercredi 25 août après-midi.
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