Et si on se déplaçait autrement ? A partir de cette question, 23 élèves de CM1-CM2 vont pendant 6 mois explorer la démarche des bâtisseurs de possibles et proposer aux familles des solutions de mobilités douces mais montrer de nouvelles façons de voir le quartier.
L’école Sainte-Bernadette est située dans un quartier périphérique de la ville de Quimper. Sa situation à la fois proche du centre, du quartier de Penhars et de la rocade explique une diversité des lieux d’habitation des élèves. Par conséquent, les mobilités douces ne sont pas énormément utilisées et la voiture est privilégiée pour amener les enfants à l’école. Cela entraîne un effet « drive ».
Les enjeux les plus évidents sont évidemment liés à la densité du trafic, aux questions de pollution mais aussi de qualité de vie. Comment faire prendre conscience de la notion de communauté d’appartenance ?
Partant de ces constats, il est ressorti le souhait de mettre en place un projet de classe autour des mobilités douces en utilisant la démarche « Design for change » dans laquelle les élèves sont les chercheurs et les investigateurs d’une problématique. Ce sont les enfants qui sauront mobiliser les familles pour les faire adhérer au projet et ce sont eux aussi qui sont parfois les plus créatifs pour envisager des solutions. Il est important que les enfants puissent faire un diagnostic, établir une problématique, rechercher des solutions et expérimenter les outils répondant à cette problématique.
Dans ce projet, il est important aussi que les élèves puissent aussi se projeter dans leur futur qu’il soit réaliste ou imaginaire.
Voici les étapes du projet (qui peut évoluer suivant les réflexions lors des ateliers à venir)
- Débat autour de la problématique
- Mise en relation avec l’association partenaires
- Préparation d’un questionnaire à destination des élèves et des familles
- Information auprès des familles (projet, questions de la protection des données, finalité)
- Enquêtes individuelles auprès de tous les élèves de cycle 2 et 3, auprès des familles pour le cycle1
- Recueil des données pour produire des dataviz (temps de trajet maison-école, heures, moyens de locomotion, idées)
- Cartographie des lieux d’habitation pour proposer des itinéraires
- Mise en valeur des promenades pour aller à l’école (vidéo, photo, son, textes…)
- Recensement des difficultés (sécurité routière, densité du trafic routier).
- Proposition de valorisation des données par une exposition auprès des familles et une invitation des familles à participer à de nouveaux modes de déplacements (la forme est encore à définir par les élèves).
Voici les objectifs énoncés dans le Projet éducatif local :
Accompagner les enfants et les jeunes dans l’acquisition de la citoyenneté, valoriser la participation, les initiatives et l’engagement des enfants > en faisant présenter le projet par les enfants et les mettant en situation de chercheur et d’acteur.
Renforcer la découverte et l’accès des enfants et des jeunes aux ressources locales (numérique) > en leur mettant à la disposition des outils venant en partie des logiciels libres permettant de construire un projet de recherche et de le valoriser.
Permettre l’intégration de tous les enfants et de tous les jeunes en apportant une attention particulière aux publics les plus fragilisés, Soutenir les familles isolées et/ou monoparentales dans leur fonction éducative > en favorisant la coopération entre les familles de l’école.
Accompagner les familles dans la fonction éducative et permettre leur investissement dans la vie de leur quartier > par leur inscription à l’expérimentation.
Investir l’espace public y compris l’espace numérique > en permettant de créer des liens et de mieux connaître son quartier.
Voici une liste de compétences scolaires initialement visées :
Français : – Produire des écrits variés (questionnaires, présentations, articles, courrier, récits imaginaires) – Comprendre des textes, des documents et des images et les interpréter (datavisions ) – Participer à des échanges dans des situations diversifiées (débat, travail de groupe, enquêtes). -Développer des compétences langagières (oral discursive et intégrée) -Acquérir un vocabulaire spécifique et méthodologique.
Géographie : – Nommer, localiser et caractériser des espaces. – Se déplacer au quotidien et comprendre les enjeux de transport dans son quartier favoriser la place des mobilités douces » dans la ville.
Mathématiques : – Prélever et organiser les informations nécessaires à la résolution de problèmes à partir de supports variés : textes, tableaux, diagrammes, graphiques, dessins, schémas etc.. – Utiliser les mathématiques pour résoudre quelques problèmes issus de situations de la vie quotidienne (utilisation d’outils de gestion de données). -Utiliser progressivement un vocabulaire scientifique adéquat et/ou des notations adaptées pour décrire une situation, exposer une argumentation.
EPS : -Prendre en charge sa santé par une activité physique régulière (marche ou vélo). -Évaluer la qualité de cette activité -S’engager dans une activité sur un temps long.
EMC : -Prendre en charge des aspects de la vie collective et de l’environnement et développer une conscience citoyenne, sociale et écologique -S’engager et assumer des responsabilités dans l’école et dans l’établissement.
Apport du numérique :
Voici les objectifs qui avaient été définis en amont du projet :
- Trouver, sélectionner et exploiter des informations dans une ressource numérique. Questionner le stockage des données, traiter la question des données personnelles ( lieu d’habitation, anonymisation des sondages). Mettre à disposition des ressources dans un espace numérique de travail.
- Apprendre à utiliser les outils numériques qui peuvent conduire à des réalisations collectives (cartographie et datavisions).
- Prendre conscience des enjeux civiques de l’usage de l’informatique et de l’Internet et adopter une attitude critique face aux résultats obtenus.
- Découvrir des logiciels libres pour répondre aux besoins. Entamer une découverte des notions de gratuité, de libre utilisation et de commercialisation.
- Prendre conscience des enjeux en termes de santé (mobilité, pollution) grâce à la représentation de données.
- Apprendre à communiquer tout au long du projet par la visioconférence et l’utilisation d’une messagerie dans un ENT.
L’utilisation des outils numériques est aussi un enjeu de citoyenneté important. L’école doit offrir l’opportunité aux enfants de devenir des acteurs du numérique en particulier pour les populations les plus éloignées (ce qui le cas pour le quartier situé en zone éducative prioritaire). Il s’agit de développer des outils, d’expérimenter des solutions, d’aborder les enjeux de la protection de données mais aussi de montrer que le numérique peut être un outil au service de la vie de l’école et du quartier.
Relation avec le thème de l’édition :
Tout au long de ce projet, nous tenons à ce que les élèves reçoivent un temps d’apprentissage sur les outils numériques et en particulier les logiciels libres (journal de bord sur do.doc, recueil de données sur framacalc, cartographie sur OpenStreetMap, site internet sur Hotglue, messagerie sur ENT Beneylu School, logiciels de datavisualisation proposés par Canopé).
Les outils numériques sont présentés au fur et à mesure du projet. Ils doivent pouvoir être utilisés de façon autonome par les élèves lors des ateliers. Pour cela, les élèves utilisent les tablettes qui permettent un accès rapide et une grande mobilité. Les dispositifs de classe (accès libre aux tablettes, ressources mis à disposition sur un ENT ou par QR code, plan de travail, tutorat) permettent aux élèves d’être au centre du projet. Ils ont dès le départ soulevé la question de la protection des données ce qui a permis d’éclaircir les objectifs et ce qui était traité numériquement ou non. Le stockage des données a été soulevé.
Nous avons aussi quand cela était possible, privilégié des logiciels libres. C’était aussi la raison de faire un partenariat avec l’association des Portes Logiques qui défendent une culture commune et libre des technologies numériques.
Les élèves travaillent habituellement toute l’année sur un ENT en classe. La question de l’ENT à la maison est aussi traitée car il permet aux familles de trouver des ressources et de communiquer via un service de messagerie.
Dans le cadre du contexte sanitaire, nous allons aussi réfléchir en classe sur la possibilité de mettre en place d’une exposition virtuelle.
Synthèse et apport du retour d’usage en classe :
Le projet est en cours de réalisation car il se terminera en juin. Il n’y a pas eu encore de feedback auprès des élèves. Néanmoins, les premiers retours permettent de voir que les élèves ont développé quelques compétences et acquis des connaissances. Elles correspondent aux attendus et parfois les dépassent.
- Les élèves ont soulevé les enjeux de pollution en premier lieu. Cela est au centre de leurs préoccupations évidemment mais il y a aussi parfois un risque de conformité aux attentes de l’adulte. Quelques élèves ont aussi soulevé l’importance de prendre du plaisir à se déplacer. C’est un point d’appui qui a fait évoluer le projet en cours d’année.
- Dès le débat, ils ont soulevé la question du choix et de la liberté de déplacement. Certaines familles habitent loin et les élèves ont posé la question d’un projet qui ne serait pas pour tous (les mobilités douces). Il faudra aussi proposer des pistes pour ces familles.
- La posture recherchée des adultes est celle de l’accompagnement. Grâce aux outils numériques, les élèves ont pu facilement travailler en atelier, en groupes. La mise à disposition sur un ENT ou via des QR code a vite été intégrée par les élèves. Tous ces apports permettront de valider en fin d’année un « passeport numérique » qui certifiera précisément les compétences liées au CRCN.
- Nous ne sommes pas encore arrivés au stade de la mise en forme des dataviz. Cette étape est grandement attendue car elle permettra de voir si les élèves comprennent bien leur rôle dans la mise en marche des familles vers plus de mobilités douces.
- Les étapes de la démarche des Bâtisseurs de possibles est assimilé par les élèves. Nous y faisons régulièrement rapport avec le calendrier de projet affiché en classe.
- La conservation des données, la confidentialité, l’anonymisation sont des éléments sur lesquels il y a concertation.
- Nous espérons que les familles
- Dans le cadre du plan éducatif local, nous prévoyons aussi de présenter la démarche à d’autres écoles intéressées. Nous inviterons Mme le maire ainsi que les élus chargés du dossier des mobilités.
LES Partenaires :
Les Portes logiques : L’association participe au projet dans le cadre de 6 demi-journées en classe mais aussi dans l’écriture et la finalisation du projet.
La Ville de Quimper : dans le cadre du Plan éducatif local, la ville finance une partie des interventions des Portes Logiques. Le quartier via le conseil de Quartier est associé aussi à la démarche pour la proposer à terme dans les autres écoles de la ville.
Le réseau Bâtisseurs de possibles : mise à disposition des outils pour la démarche en 4 étapes. En lien le réseau « Moi je peux » de l’enseignement catholique qui met en réseau les enseignants qui entrent dans la démarche dans le cadre d’un projet d’année.
Plus d’infos sur : Jean-Yves Penven
À l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 18ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Le numérique éducatif est-il social ? ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, lundi 23 août.
Jean-Yves Penven présentera « Et si on se déplaçait autrement ? » sur la session III « TERRITOIRES, ESPACES ET TEMPS D’APPRENTISSAGE », mercredi 25 août matin.
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