Entretien en podcast avec Yannig Raffenel de Blended-learning et co-président de Edtech France sur le rôle de la pédagogie dans les apprentissages digitaux. Après s’être présenté professionnellement, nous abordons les quelques clés qui font l’essence même de ce qu’il essaie de transmettre lors de son accompagnement en « Digital learning ». Extraits de l’entretien
« ..Je suis d’abord par définition un « slasher » et je pense que je suis à mon 14e métier, donc je suis ce que seront tous les jeunes, qui aujourd’hui rentrent dans le système de formation ou d’éducation ; ils auront beaucoup, beaucoup, de métiers.
Psychomotricien à la base et depuis maintenant plus de 25 ans en train d’innover dans la formation. Formateur au départ en informatique. En me replongeant à ce moment-là sur cette question, de me dire plutôt que de former des ingénieurs en informatique, qu’est-ce qui pour moi formateur en informatique va changer.
J’ai inversé le paradigme et depuis, et bien ça ne m’a pas quitté, j’ai eu l’occasion de prendre beaucoup de responsabilités entrepreneuriales, d’aller dans une autre aventure . Et cette aventure c’est au moment de la création du pôle OpenClassRooms, que certainement les auditeurs connaissent. Une plateforme incontournable en 2013, c’était le site du zéro, ça a changé de nom, c’est devenu OpenClassRooms et j’en étais le directeur pédagogique éditorial et pour pouvoir créer des partenariats avec Sciences-po, avec polytechnique, avec tout une sorte d’enseignants, d’experts et monter le studio, monter les équipes d’ingénieurs pédagogiques et chef de projet pour pouvoir produire les 130 premiers parcours de formation : avant d’être allé à la MAIF pour pouvoir avec science-po Paris créer des parcours de formation qui réunissaient l’ensemble de ce qui pour moi était important.
Depuis deux ans j’ai repris ma liberté et j’accompagne toutes sortes d’organisations pour les amener à construire leur stratégie de « Digital Learning» que ce soit des universités, que ce soit des entreprises, que ce soit des associations ou des start-ups qui veulent avoir une vision et une légitimité sur le marché de la formation, de l’éducation, en bénéficiant de cette expertise, que je peux apporter.
EF : « Alors au vu de votre expérience dans le « eLearning » profitons-en pour faire un point « historique » sur les essentiels de la formation à distance et des différentes formes d’apprentissages en ligne.. Le secteur a-t-il vraiment évolué Yannig RaffEnel ? La technologie a-t-elle apporté un véritable changement ou est-ce que ce ne sont pas finalement les bonnes vieilles méthodes ou recettes qui font toujours la qualité de ce qui est proposé aujourd’hui ? »
…Ce que j’aime bien faire, c’est revenir encore plus à la base avant de parler de eLearning, on parlait de FOAD et moi quand j’ai commencé, c’était la Formation Ouverte à Distance. Mais lorsque l’on mettait en place ces dispositifs on accompagnait toutes sortes d’organisation à ce type de dispositif.
Les questions qui étaient posées étaient centrales, à savoir l’auto-formation, à savoir l’accompagnement, à savoir quelles vont être les rôles de tous ceux qui travaillent dans ce domaine ; les formateurs avaient peur qu’on leur enlève leur travail parce qu’on allait mettre en place des classeurs d’auto-formation et pensaient qu’on allait leur piquer le travail et qu’ils n’auraient plus rien avoir à faire et qu’on auraient extrait leur savoir et qu’ils n’auraient plus de rôle à jouer en tant que formateur.
Aujourd’hui 25 ou 30 ans après les questions qui se posent sont strictement les mêmes et donc ce n’est pas une question de « technos », c’est vraiment une question de posture
L’autre question qui se posait, c’était pour se former permettre de trouver les ressources pour arriver à une motivation et arriver jusqu’au bout de la formation.
Aujourd’hui 25 ou 30 ans après les questions qui se posent sont strictement les mêmes et donc ce n’est pas une question de « technos », c’est vraiment une question de posture ; qui fait quoi, comment est-ce que l’on va engager des personnes à aller se former, et est-ce que l’on croit qu’ils sont capables de se former…
De mon point de vue c’est que évidemment quels que soient les bénéfices extraordinaires apportés par la technologie ; on va parler de l’arrivée du virtuel ou de l’intelligence artificielle par exemple, par les connaissances apportées par les neurosciences appliquées à l’éducation, quels que soient ces apports, la place de l’humain est absolument cruciale et on est pas placé face à un choix entre Digital ou humain, digital et présentiel, mais en prenant le meilleur du digital et le meilleur de l’humain qui est incontournable.
Célestin Freinet a inventé la pédagogie active, la pédagogie par projet et illustré le fait que pour apprendre on apprend avec et par les autres
J’interviens essentiellement sur l’enseignement supérieur et sur la formation professionnelle, mais par contre j’aime toujours à me référer à une personne qui est pour moi mon maître, j’ai cette chance d’avoir grandi en passant dans des écoles qui appliquait cette pédagogie et pour moi qui a la base est une question de pédagogie, je veux parler de Célestin Freinet qui il y a un siècle, puisque c’est dans les années 1920,
Célestin Freinet a inventé la pédagogie active, la pédagogie par projet et illustré le fait que pour apprendre on apprend avec et par les autres, que le « Peer to Peer » c’est-à-dire apprendre avec les autres et apprendre aux autres, est un moteur fondamental de l’apprentissage qui permet de se mettre en position active et non pas simplement passive de celui qui va recevoir, tel un réceptacle, le discours du sachant.
Cette pédagogie par projet est aujourd’hui en 2021, lors de la nécessaire transformation de tous les enseignements en mars parce que ça fait exactement aujourd’hui un an que démarrait le confinement, nous avions un discours porté par les autorités de ce pays qui disait : Il y a un défi réussir, il faut réussir à garantir la continuité pédagogique ! Derrière ce mot, c’est une véritable catastrophe qui est arrivée ; dans tous les dispositifs, que ce soit d’enseignement scolaire ou de formation pro, on s’est dit bien à ce que l’on faisait en face-à-face pédagogique c’est-à-dire face à une classe, un groupe, on va le faire maintenant en mettant un média.
Par l’outil qui est la classe virtuelle, on a fait subir ainsi à toute une génération, à des centaines de personnes quelque-soit leur âge et quelque-soit la situation, le pire du digital Learning
Ça va être la classe virtuelle, la classe avec zoom ou ce que l’on veut, peu importe et on va continuer à distribuer son contenu comme ça à distance, on va régler la question de la distance !
Par l’outil qui est la classe virtuelle, on a fait subir ainsi à toute une génération, à des centaines de personnes quelque-soit leur âge et quelque-soit la situation, le pire du digital Learning c’est-à-dire se retrouver seul abandonné devant un écran avec quelqu’un qui nous parle.
Ça c’était ce qu’il fallait absolument éviter, mais comme on était pas prêt, c’était le seul moyen de pouvoir faire que le système continue à fonctionner.
Qu’est-ce que nous dit Célestin Freiner ? Il nous dit : seul de 5 à 6 % de personnes de la population est capable d’apprendre seul.
Ce n’est pas une histoire d’Internet ou de digital, c’était valable déjà avec les livres et ça quand j’étais à l’open ça se trouve on a constaté la même chose quelque-soit la qualité des moules qui était faite on avait que cinq à 6 % de personnes qui allait jusqu’au bout sur les abandonner si vous voulez par contre que les personnes s’engage il fallait qu’il y ait tout un accompagnement humain il fallait qu’il y ait une pédagogie par projet, il fallait que l’effort soit porté non plus sur la transmission du contenu, mais sur ce qui est au cœur du métier de l’enseignant et du pédagogue, à savoir de l’ingénierie pédagogique.
les activités pédagogiques, c’est important c’est ce que l’on va proposer aux élèves aux apprenants, de faire, en leur mettant à disposition des contenus des savoirs, toutes les formes possibles que peut nous offrir le digital.
On a mis en avant la pédagogie; or cette rupture avec une pédagogie active, c’est vraiment le challenge qui attend aujourd’hui tous les enseignants tous les formateurs quelque-soit le niveau, c’est valable aussi bien sur du primaire que celle enseignement c’est pour la formation pro…
la suite de la conversation est à écouter dans le Podcast ..
Yannig Raffenel
- Directeur éditorial & pédagogique : recrutement de l’équipe, méthodologie et production de + 130 MOOCs certifiants et professionnalisants !
- Expert en transformation digitale RH : Manager de consultants et de projets stratégiques de Talent Management, d’accompagnement du changement et d’innovation dans le monde RH.
- Interface entre le monde de l’industrie, des services et les espaces de formation universitaires, grandes écoles.
- Manager de projets innovants dans le monde de la formation : Social Learning, Blended Learning, E-Learning, Mobile Learning, MOOC.