Simon Fau du cabinet EFFIOS nous présente lors d’un entretien de plus de 15 minutes les 10 tendances du numérique en éducation. Difficile pour nous de décrypter toutes les tendances dans un laps de temps assez court, ainsi nous avons focalisé sur trois d’entre elles que nous avons jugées intéressantes et d’y apporter un regard particulier. (entretien à écouter en podcast en bas de l’article)
Nota : Le cabinet EFFIOS a été créé il y a 13 ans pour accompagner les décideurs de l’éducation sur tout ce qui est projet de transformation et d’éducation numérique. EFFIOS travaille pour trois types de clients ; des clients internationaux comme l’Unesco, l’OCDE, etc. et nationaux, comme des ministères, des établissements publics et des clients territoriaux, collectivités, universités.
EFFIOS a un positionnement spécifique ; il travaille pour des structures d’intérêt général pour éviter tout conflit d’intérêt..
Les grandes orientations du numérique pour l’éducation qui se dégagent des cahiers de tendances
Quelques extraits..
Et si on commençait à parler de méthode…
« On a commencé de manière extrêmement basique à faire une revue de littérature internationale pour essayer de voir qui faisait quoi en matière de tendance…
On a essayé de partir plutôt de fonctions, à quoi servent les choses, on a pris trois partis pris : le premier c’est de partir des fonctions plutôt que des objets technologiques et de plutôt rattacher les objets technologiques aux fonctions qu’ils ont dans les politiques éducatives ; on s’est dit qu’on allait pas prendre toutes les dernières tendances en tant que tel simplement ; il y l’I.A. etc. Pour nous il y a plein de choses comme les espaces numériques de travail qui sont extrêmement vieux, qui ont une vingtaine d’années même si avec le confinement on a vu réaffirmés, on voit que les usages ont été très très important et pour nous on s’est dit que les/la tendance, ça ne voulait pas dire qui est le dernier qui vient d’arriver, mais au contraire tout ceci qu’il soit récent ou ancien traités de la même manière
Enfin on ne s’est pas limité à un objet en tant que tel, on a essayé, on a pas du tout la prétention d’exhaustivité, c’était juste un exercice pour essayer d’inspirer les gens et pour moi c’est très important donc voilà, c’est pour ça qu’on a partagé sur les réseaux et merci encore Eric de permettre de parler avec les gens de ce que c’est que l’éducation d’aujourd’hui et de demain…
Crise covid et éducation à distance, l’ENT outil du passé, tire son épingle du jeu
En France, était critiquée la stratégie ENT qui a été bâtie dans les années 2000, on disait que c’était de vieux objets numériques et qu’il fallait suivre la tendance dictée par l’inspiration de start-ups américaines où on a maintenant en parallèle les différents réseaux sociaux privés comme Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram, Tik Tok etc. ainsi que tous les réseaux sociaux professionnels qui vont émerger comme Slack Team et les autres.
On voit qu’il y avait beaucoup de gens qui disaient, (en parlant des ENT) il faut arrêter avec cette vision unitaire de l’espace scolaire, il faut avoir des espaces qui sont extrêmement simples, qui sont très diversifiés, etc.
Ce que j’ai trouvé intéressant dans le fait de décider de « dézoomer » à travers ce cahier de tendances, c’est de dire aussi que finalement, l’idée de faire un espace scolaire numérique qui soit protégé est resté la norme et plutôt que de se dire que l’on va tout mettre à la poubelle, les collectivités les académies les territoires ont décidé plutôt d’enrichir les services de l’ENT en proposant l’intégration de systèmes de visioconférence, de classes virtuelles, etc.
Ce phénomène s’est beaucoup accéléré et on voit que la vision du futur aujourd’hui est de garder un espace scolaire dans lesquels les données personnelles sont préservées dans lequel il n’ y a pas de « pub » dans lequel on sait ce qu’on fait, et d’intégrer de plus en plus de services.
Pour nous c’est intéressant de voir que ce n’était pas une évidence il y a un an, et maintenant je pense que ça l’est !
Et l’intelligence artificielle dans tout ça ?
« Derrière l’Intelligence Artificielle, il y a tout ce qui est, on va dire, l’enregistrement des données. A notre avis, il y a eu beaucoup de travaux et des millions et des millions de dollars qui sont dépensés actuellement dans tous les pays avec une vraie course pour essayer de comprendre ce que peut faire l’I.A. à l’échelle individuelle.
Pour nous la France a quand même une carte à jouer, parce qu’elle a pris une optique différente de celle où l’élève est seul face a la machine. La stratégie qui a été portée collectivement par le ministère et qui reste profondément dans l’ADN de la France, c’est que le I.A. doit améliorer la relation du professeur à son élève et doit lui permettre de mieux l’accompagner, de mieux de mieux amorcer ça et on voit que les questions d’I.A. bien sûr sont très importantes sur la trace et l’interaction avec les élèves mais il faut aller vers une couche qui est au-dessus ; c’est comment est-ce que il y a peut permettre à l’élève d’être mieux informé et d’être meilleur…
Actuellement le pilotage par la donnée est à mon avis encore assez début et il y a encore énormément de choses à faire pour que les décideurs territoriaux puisse mieux accompagner les établissements, les profs et par la même les élèves…
Et ce qui est certain, c’est que d’un point de vue macro-économiques, on voit que actuellement toutes les plaques ; Chine, États-Unis, Europe, sont en train d’essayer de se reconstruire d’un point de vue numérique pour avoir des écosystèmes qu’elles maîtrisent.
Donc au-delà de l’éducation, ce qui est certain c’est, qu’avoir des écosystèmes qui sont cohérents et sur lesquels il y a une souveraineté, ça reste une tendance extrêmement lourde et comment est-ce que ça se traduit en France, c’est dans le fait de mettre en place des outils qui permettent de passer, j’ai envie de dire du juridique comme les RGPD, où on doit protéger les données personnelles. Pour l’instant, si jamais on devait être un peu taquin à part cliquer sur OK à chaque fois qu’on va sur un site Web, ça n’a pas eu énormément d’impact sur les gens.
Préserver les données personnelles, ça demande de discuter avec les éditeurs c’est-à-dire que les éditeurs qui innovent ont besoin de faire des choses qui sont très personnalisées..
Bien que l’éducation ne soit pas une compétence européenne, l’Europe ne doit-elle pas à terme se pencher sur une question de souveraineté européenne concernant les technologies éducatives ?
« Je pense que c’est trop tôt pour répondre à cette question, mais pour moi dans le plan de relance européen les 750 milliards qui ont été levés à titre collectif ce qui est certain c’est qu’il y a quelques pistes dans l’Union Européenne comme décider sur de travailler sur l’énergie hydrogène par exemple. Dépenser sur le numérique ça reste une colonne vertébrale du plan de relance. Dans quelle mesure le numérique éducatif en tirera partie, je pense que là encore tout reste ouvert et du coup c’est à chaque gouvernement, à chaque écosystème nationaux d’essayer de proposer des projets suffisamment attractifs. La difficulté du numérique éducatif c’est que ce type de plan, et du plan de relance en particulier apporte une dispersion, c’est-à-dire qu’on demande plein plein de petites enveloppes budgétaires, qui au final auront moins d’impact.
L’important est de savoir comment est-ce qu’on peut construire collectivement des projets qui ont une taille suffisante pour attirer des milliards, parce que c’est comme ça que ça va se passer, et d’autre part pour en faire quelque chose qui change le quotidien des professeurs et des élèves et ça à mon avis tout reste à faire…
Ecouter l’intégrale ci-dessous..
Ecoutez le podcast ici : Les grandes tendances du numér(que pour l'éducation par Simon Fau du Cabinet EFFIOS
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