Les 3 et 18 novembre derniers, à l’initiative de l’association Faire École Ensemble (Fée), près d’une trentaine d’organisations et de collectifs issus de l’éducation nationale, de l’éducation populaire, de la médiation numérique et de la recherche se sont réunis pour les États généraux du numérique libre et des communs pédagogiques, qui se poursuivent notamment à travers un cycle de webinaires et l’initiation d’une fabrique des communs pédagogiques.
Faire école ensemble (Fée) est une association collégiale qui a pour mission de faciliter le soutien citoyen de la communauté éducative. Fée engage des projets collaboratifs en s’appuyant sur 3 spécificités : la convivialité, la documentation et le recours par défaut aux licences ouvertes.
Si au sein de Fée, nous ne devions tirer qu’une leçon du confinement, c’est celui de la puissance de l’agir par les communs [1]. Nous constatons en parallèle l’emprise croissante des GAFAM dans les usages éducatifs du numérique [2]. Pourtant, il existe des solutions alternatives et d’autres modèles de collaboration et d’apprentissage tournés vers la culture du libre et la pratique des communs. D’ores et déjà, des milliers d’enseignant·es, de parents et d’acteurs associatifs se sont tourné·es vers la production et l’utilisation de ressources libres (contenus, logiciels, données) pour coopérer, mutualiser des connaissances, élaborer des scénarios d’apprentissage et s’organiser tout au long de la crise provoquée par l’épidémie de covid-19.
C’est pour participer à révéler la diversité de ses pratiques que nous avons amorcé les états généraux du numérique libre et des communs pédagogiques. En d’autres termes : pour veiller à ne pas «gafamiser» l’éducation, et inventer, collectivement, des réponses plus éthiques. Suite à une première phase de concertations et à un appel à contributions, un premier séminaire en ligne a été organisé le mardi 3 novembre, à la veille des États généraux du numérique pour l’éducation organisé par le Ministère et lors duquel nous sommes intervenus. Cette initiative s’est poursuivie le mercredi 18 novembre par une journée de mise en pratique et de discussion autour des controverses soulevées. La documentation de ces journées est déjà accessible et des « actes » sont actuellement en cours de conception.
La suite ?
Nous avons entamé un cycle de webinaires sur le libre et les communs dans l’éducation qui durera au moins jusqu’au mois de juin 2021. La première rencontre, le 28 novembre dernier, portait sur « Les logiciels libres par des acteurs de l’éducation pour des acteurs de l’éducation », la seconde le mercredi 16 décembre était dédiée au matériel libre en biologie, (pad publié). Un troisième webinaire est prévu le 20 janvier sur les outils de collaboration éthiques pour les associations et collectifs enseignants et un autre est en préparation sur les usages pédagogiques de l’outil cartographique libre OpenStreepMap.
Nous avons également commencé à réunir en communauté les enseignant.es –développeurs-développeur.es informatique pour s’entraider, partager des expériences, trouver des soutiens techniques, mutualiser des besoins et des projets et mettre en oeuvre un numérique éducatif plus coopératif et éthique.
Enfin, nous amorçons la création d’une fabrique des communs pédagogiques. Elle a pour but de fédérer des coalitions d’acteurs publics, privés, associatifs, individuels, afin que ces derniers se constituent en communautés contributives pour agir sur des problématiques d’intérêt général dans le champ de l’éducation.
Pour rester informé :
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1 : Selon David BOLLIER, “il n’y a pas de commun sans “faire commun”. Les communs ne sont ni les ressources, ni la communauté qui les emploient, ni les procédures pour les gérer, mais l’interaction dynamique entre tous ces éléments. Prenons Wikipedia comme exemple : il y a une ressource (la base de connaissance), une communauté (les auteurs et les éditeurs) et un ensemble de régimes et de protocoles établis par la communauté (les directives d’édition et de création de contenu Wikipédia). Le commun Wikipédia émerge à partir de ces trois éléments.”
2 : D’après un sondage réalisé par la Banque des Territoires en septembre 2020, plus de 70 % des enseignants ont recours aux outils des GAFAM dans leurs pratiques professionnelles