A l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 17ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Injonctions numériques : entre techno-enthousiasme et pratiques collectives ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, lundi 24 août.
Romain Bourdel-Chapuzot présentera « Comment j’ai tenté d’adapter ma classe inversée au confinement » sur la SESSION III : ENSEIGNER ET SE FORMER AU XXIÈME SIÈCLE
Problématique pédagogique :
Nous avons tous été confrontés à une situation inédite, situation à laquelle ni les élèves ni les enseignants n’avaient été réellement préparés. Cette période de confinement nous a fait basculer dans un enseignement à 100% en distanciel.
Cette situation dans laquelle nous nous sommes retrouvés de façon contrainte a demandé de relever de nombreux défis afin de garder un contact avec le plus grand nombre d’élèves. Certes, de trop nombreux élèves ont perdu le lien avec l’école, mais il a fallu tenter d’adapter sa pédagogie à cette période inédite.
L’idée est donc de voir comment les outils mis en place en temps normal dans le cadre de notre classe inversée avec Fanny Grauer (enseignante de SVT) ont été utilisés dans l’enseignement à distance, avec les réussites (il y en a), mais aussi les échecs et les limites de ce dispositif, tout en gardant un cadre correct, notamment au regard des données personnelles.
Apport du numérique :
Il est évident que si nous avions dû passer la même période il y a 15 ans ou plus, l’enseignement en distanciel aurait été très difficile. En 2020, le numérique permet effectivement de faire beaucoup de choses… mais pas encore de miracles. En effet, de nombreuses familles ne sont pas ou peu équipées, plusieurs familles n’ont internet que par les forfaits mobiles (et les limitations en données qui vont avec).
Mais le numérique a cependant permis de continuer à garder un lien avec les élèves, mais a aussi permis de les faire continuer à travailler.
Etant référent numérique du collège, il a aussi été important de mettre un cadre dans l’usage du numérique sur deux aspects : le respect des données et du cadre légal, et une cohérence entre les enseignants.
Relation avec le thème de l’édition :
La continuité pédagogique qu’il a fallu et qu’il faut encore assurer a été la première demande faite par le ministère lors de la mise en place du confinement. Même si le passage au distanciel s’est fait très rapidement à cause des circonstances, il a fallu essayer d’anticiper rapidement les difficultés éventuelles (pour les enseignants, pour les élèves, pour le cadre légal) afin de répondre au mieux aux attentes de la hiérarchie.
Synthèse et apport du retour d’usage en classe :
En temps normal, nous menons avec Fanny Grauer un projet de plans de travail communs en SVT et SPC.
Dans cette pratique, nous avons fait le choix d’externaliser l’écriture des leçons, les élèves travaillant sur les notions en classe (découverte des notions, approfondissement, réutilisation…). Naturellement, en temps normal, l’écriture de la leçon n’intervient que vers la fin du plan de travail (une séquence de 6 semaines).
Pour ne pas trop sortir du cadre habituel dans lequel nous travaillons, nous avons opéré des choix dans la “transposition” de notre classe inversée en mode 100% distanciel.
Le plan de travail
Nous avons par exemple fait le choix de garder cette structure en plans de travail afin que les élèves sachent ce qu’ils allaient devoir faire, et quand. La différence est que tous les élèves ont avancé au même rythme puisque nous avons fait le choix de rester sur un travail donné par semaine, en alternant une activité puis la correction de l’activité la semaine d’après.
La co-animation
Afin d’accompagner les élèves, une séance en visio a lieu pour chaque niveau toutes les semaines. En temps normal, nous co-animons les séances qui devraient être en demi-groupe (nous prenons la classe à deux au lieu de prendre chacun un demi-groupe). Très naturellement, nos visios se sont déroulées sur le même principe. Soit en accueillant les élèves ensemble dans la salle principale de la classe virtuelle du CNED puis en allant chacun dans un groupe de travail, soit en animant ensemble la séance à 100% dans la salle principale.
Les vidéos
Dans notre fonctionnement traditionnel, il arrive que les élèves puissent regarder des vidéos, celles-ci arrivant plutôt en fin de séquence, afin de faire le point ou de reprendre une notion en étant plus au calme. En distanciel, ces vidéos ont été utilisées comme des coups de pouce. Nous avons aussi utilisé la vidéo comme correction proposée aux élèves puisqu’elles permettent d’expliquer davantage de choses. Cela a pu être des vidéos simples de correction d’une activité ou bien un peu plus complètes sur une notion (exemple avec les saisons : https://youtu.be/HAMz9NxsKSY) .
Les quiz
Habituellement, lorsque les élèves doivent recopier leur leçon, nous faisons un quiz avec Plickers en classe (avec distribution de cartes aléatoire) afin de voir si les notions sont bien passées. Alors que les élèves commençaient à se lasser des visios, nous avons fait le choix de les challenger chaque semaine avec un quiz en live. Et l’intérêt de ces quiz, c’est que l’on a pu les répéter chaque semaine et travailler ainsi sur la mémorisation (la fameuse courbe de l’oubli d’Ebbinghaus). Il est intéressant de voir que sur quelques semaines, l’effet a été assez important, il nous tarde de voir ce que cela pourra donner sur une durée plus longue puisque cette période nous a permis de mettre en place ce rituel des quiz à plus long terme.
Pronote
J’en ai parlé, il a fallu à la fois assurer une cohérence entre les enseignants mais aussi respecter un cadre légal. Pronote a donc été utilisé pour les échanges entre élèves mais aussi pour la restitution des travaux. Même si ce n’est pas forcément l’outil le plus ergonomique, il a permis notamment de récupérer les devoirs et de les restituer un peu comme quand on écrit avec Fanny sur les cahiers des élèves pour corriger avec eux les activités (jusqu’à imiter le tampon smiley que l’on met habituellement sur les activités terminées).
L’échec le plus important
Car oui, il y a aussi des notes négatives (en plus de la perte de contact avec de nombreux élèves), nous n’avons pas réussi à mettre en place de façon efficace du travail entre pairs alors que c’est une des bases de notre enseignement (notamment à l’aide des nombreux tableaux dans la salle).
C’est clairement une piste que nous allons devoir travailler si la situation devait perdurer.
Plus d’infos sur : Romain Bourdel-Chapuzot
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