A l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 17ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Injonctions numériques : entre techno-enthousiasme et pratiques collectives ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, lundi 24 août.
Muriel Epstein présentera « Autoformation via la recherche entre pairs par le numérique pour l’enseignement avec le numérique » sur la session III « ENSEIGNER ET SE FORMER AU XXIÈME SIÈCLE »
Problématique pédagogique:
L’objet de la présentation est, à travers des retours d’expériences, tout à la fois un plaidoyer pour l’autoformation via la recherche entre pairs et un questionnement sur la gestion de notre année 2020/2021.
Le contexte de la pandémie amène beaucoup d’incertitudes. La rentrée risque d’être en partie en ligne, en partie en présentiel, sans que personne ne sache quand et comment.
Les enseignants vont continuer à se former, entre eux, comme ils peuvent, pour gérer ces incertitudes et ce nouveau contexte. Cette formation au numérique sera nécessairement largement en ligne.
La problématique pédagogique dont je souhaite parler est l’autoformation entre pairs avec le numérique (et en particulier les diverses plateformes) dans une logique professionnalisante. Il s’agit de présenter deux recherches-actions menées par des enseignants (une en lycée professionnel et une dans le supérieur).
Les deux recherches-actions se basent sur le principe du projet TransiMOOC (présenté au colloque scientifique de Ludovia en 2014) c’est-à-dire de faire faire des vidéos de cours aux élèves.
Seront également présentées différentes logiques de plateformes, et connaitre les réactions des enseignants pour une réflexion collective sur l’autoformation par la recherche entre pairs avec le numérique.
Apport du numérique
L’ensemble des outils d’échanges (plateforme d’échanges, outils type framapad, dropbox ou même l’organisation par des associations de rencontres en ligne) se sont structurées avec le numérique et seraient impossible sans. Les enseignants en ont besoin pour collaborer.
Ce qui pose quelques problèmes puisqu’il y a un coût d’entrée important pour des enseignants peu intéressés auparavant par les enjeux du numérique et qui ne maitrisent pas les moyens de se former. Pour autant, d’après les enquêtes « Educatice », les enseignants sont globalement bien équipés et disposent à 99% d’un ordinateur à leur domicile.
Certaines plateformes d’échanges ont trouvé des formats propices à l’autoformation entre pairs parce qu’elles organisent cette formation/recherche et permettent l’adhésion des enseignants dans une co-construction qui permet d’éloigner l’injonction.
Différentes plateformes, avec leurs avantages et inconvénients, seront présentées.
Relation avec le thème de l’édition :
Les normes des institutions en matière de numérique pèsent comme des injonctions qui empêchent le développement professionnel des enseignants. Ainsi « ne pas aimer le numérique » fait dire à certains enseignants avec un mélange de provocation et d’amertume qu’ils sont « de mauvais profs ». Il est certainement nécessaire de sortir d’un numérique qu’on « aime » ou « pas » et donc d’identifier les injonctions au numérique et mettre en place les outils permettant, entre pairs (sans que ce soit une injonction) de trouver son propre moyen d’émancipation.
Synthèse et apport du retour d’usage en classe :
L’enjeu de cet atelier est de présenter comment se former et répondre à ses propres questions grâce au numérique et aux pratiques collectives.
Les deux recherches auxquelles j’ai participé, une dans le secondaire et une dans le supérieur, montrent que les élèves progressent plus vite lorsque les enseignants sont impliqués dans des recherches de sorte que l’on peut penser que des recherches collaboratives sont un bon moyen de se former au numérique. Ces deux recherches ont eu en commun que les enseignants ont participé activement à la recherche (conception) et à sa valorisation (participation à des colloques, rédaction…).
Les éléments discriminants sont : le mode de communication de la plateforme (écrit uniquement, visio uniquement, possibilité d’échanges de documents, hybride présentiel-distanciel…), le mode d’animation de la plateforme (un modérateur, autogestion, cadre de pensées systématique, etc..). De mes expériences, ce sont les plateformes qui obligent aux échanges collectifs (plus de deux personnes) en les cadrant par une méthode collective (trame d’échanges), qui sont les plus efficaces.
L’atelier permettra une réflexion sur l’adaptation pour chacun de ces résultats et de sa propre expérience.
Plus d’infos sur : Muriel Epstein
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