La communauté LUDOVIA de par le monde (SUISSE, BELGIQUE, CANADA, FRANCE, …) propose, en cette période de confinement, un événement inédit sur une semaine et totalement en ligne qui se déroulera du 27 au 30 avril prochain. Chercheurs, enseignants, et éditeurs auront l’occasion d’exposer leurs premières expériences et leur premiers retours sur cette période inédite qui touche le monde de l’éducation et notamment l’ensemble de la communauté éducative francophone au niveau mondial.
Une quarantaine d’ateliers-défis, des Pitchs, des conférences et tables rondes, des Barcamps, du « Off » et même des pauses café rythmeront les 4 jours « en ligne » de cette première édition des LUDOVIALES.
Nancy Granger (CANADA) présentera « Prendre en compte la diversité en temps de confinement et tisser des liens : Quelles avenues ? ».
Photo : Élisa Gonsalez, Artiste textile (www.elisa-gonzalez.com)
Problématique pédagogique :
Outre savoir lire, choisir des activités adaptées et les planifier selon un continuum cohérent, les présenter et les mettre en contexte pour que l’élève y trouve du sens demeurent un savoir-faire propre aux enseignants. Or, dans cette situation les compétences des enseignants, des orthopédagogues, des enseignants-ressources voire des conseillers pédagogiques ont été peu mises à profit, et le gros du travail, relégué aux parents. Le travail proposé aux élèves (site web et trousse) a été fait par une poignée de personnes sans égard aux contextes particuliers des écoles et des milieux. Or, depuis quelques années, la mise en œuvre de communauté de pratiques dans le milieu scolaire implique les divers personnels scolaires à se mobiliser autour de la réussite des élèves. Sachant qu’enseigner est un métier, pourquoi ne pas impliquer le personnel scolaire à se regrouper pour trouver des pistes de solution possibles en vue de soutenir les parents à qui l’on achemine des travaux pour lesquels ils se sentent peu compétents voir incapables de s’investir en contexte. Si l’on souhaite établir une continuité pédagogique et soutenir les apprentissages scolaires des enfants que doit-on mettre en place, et en particulier lorsque ces enfants se trouvent en difficulté ou encore considérés à risque d’échec scolaire, handicapés, en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (ÉHDAA) ? Comment mobiliser les forces vives du système scolaire et des intervenants sociaux tout en sécurisant les parents pour créer une zone d’évaluation et de prise en charge commune des priorités. Que mettons-nous en place pour ces élèves qui valaient tant d’attention avant la crise ? Comment faire créer une école inclusive qui s’adapte aux contextes ?
Apport du numérique :
En enseignement, c’est le lien avec l’élève qui est la porte d’entrée vers l’apprentissage. Les plates-formes numériques, si elles sont un moyen de rejoindre une partie des personnes visées, sont aussi porteuses de stress et augmentent le sentiment d’incompétence chez les personnes moins avisées dans ce domaine (parents, enseignants, orthopédagogues, conseiller pédagogiques, directions). La clarté des informations, leur disposition, leur contenu peuvent entrer en conflit avec la capacité à comprendre des personnes qui ont un faible niveau de littératie en générale (ex. vocabulaire utilisé, compréhension de consignes, inférences, construction de sens) ou qui peinent à se retrouver lorsqu’il s’agit de littératie numérique (icônes, liens, couleurs, organisation spatiale et visuelle). Comment guider les élèves et leurs parents dans cet apprentissage ? Les acteurs scolaires sont-ils sensibles aux difficultés que peuvent rencontrer les personnes moins avisées? Est-il possible de créer des environnements numériques en considérant l’ensemble des usagers ? Enfin, est-il possible de prévoir la formation des personnels scolaires à la prise de contact, l’enseignement et à l’apprentissage à l’aide du numérique dans une perspective inclusive ?
Relation avec le thème de l’édition :
L’enseignement en temps de pandémie s’est avéré complexe pour les acteurs de l’école. Mal préparé à un confinement prolongé, les écoles du Québec, et plus particulièrement au secteur public, se sont trouvées paralysées par l’incapacité à rejoindre les élèves. L’utilisation au numérique étant limité à des outils ponctuels d’enseignement-apprentissage (tableau interactif, portable pour élève à risque ou HDAA, laboratoire informatique), plusieurs milieux scolaires n’ont pu déployer de solutions alternatives pourtant à portée de main (ex. plate-forme web pour garder le contact et enseigner). Pire encore, les élèves en difficulté et leurs parents se sont trouvés complètement isolés, laissés à eux-mêmes. Qu’advient-il lorsque la présence physique en contexte scolaire n’est plus ? Comment maintenir une forme de reliance entre la famille et l’école? Peut-on penser des solutions différenciées pour garder contact et soutenir le développement des compétences des élèves ? En quoi le concept d’environnement capacitant associé à l’ergonomie peut-il guider notre réflexion et nos actions futures ?
Synthèse et apport du retour d’usage en classe :
Les problématiques soulevées mettent en exergue les défis de l’école québécoise d’avant la pandémie. L’école québécoise répond-elle vraiment à sa mission d’instruire, socialiser et qualifier ? Le confinement ouvre la porte à la réflexion sur les objets, les moyens et les stratégies d’apprentissages mais surtout sur l’intention pédagogique à la base des prises de décisions… L’école, c’est quoi ? Si nous maintenons, qu’elle est un lieu qui contribue à l’optimisation du potentiel de tous les élèves, il s’avère urgent de définir les moyens qui pourront contribuer à atteindre cette visée. Sommes-nous prêts à aller de l’avant ?
En savoir plus sur Nancy Granger :
Professeure
Département de gestion de l’éducation et de la formation
Université de Sherbrooke, campus Longueuil
Voir le programme des ludoviales => ludoviales.com