Dans cette chronique « COVID-19 & continuité pédagogique », nous vous proposons notamment, le récit de plusieurs enseignants et leurs méthodes, « trucs & astuces » pour mettre en place l’enseignement à distance avec leurs élèves.
Geneviève Ponsonnet, professeur de physique-chimie en région Île-de-France, nous explique comment elle fonctionne, depuis maintenant deux semaines, avec ses classes de seconde et de terminale, mais également comment elle apporte son aide aux enseignants de son établissement en tant que référent numérique.
Depuis le début du confinement, Geneviève a mis en place des pratiques avec ses élèves, « qui ressemblent beaucoup à ce qu’elle faisait avant » . En effet, Geneviève Ponsonnet travaille déjà en pédagogie inversée et a donc habitué ses élèves à un certain nombre d’outils.
Multiplicité des outils à la disposition des élèves : une méthode déjà en place avant le confinement
Dans les outils, il y a l’ENT bien sûr, PRONOTE pour indiquer le travail à faire et également pour notifier les rendez-vous pour les classes virtuelles qu’elle a mis en place avec l’outil du CNED. Enfin, l’ensemble des ressources se trouve sur Pearltrees, outil avec lequel les élèves sont bien familiarisés.
« La méthodologie est la même ; c’est juste la manière de gérer les interactions avec eux qui est un peu différente« , souligne-t-elle.
L’outil de classe virtuelle du CNED : garder du lien avec les élèves et entre élèves
Geneviève a fait le choix de caler ses classes virtuelles aux mêmes heures de cours que d’habitude, « pour éviter le téléscopage avec d’autres matières » . C’est une décision qui a été prise en concertation avec ses collègues enseignants ; même si certains ne souhaitaient pas forcément faire des classes virtuelles, le choix a été fait de garder les mêmes heures de cours afin de tenter de conserver un rythme pour les élèves.
« Par exemple, le lundi à 08h10, je vois mes terminales en classe virtuelle ; et j’ai entre 90 et 95% de mes élèves qui sont présents » .
« Je pense que la classe virtuelle a un intérêt si on connaît bien ses élèves » , ajoute-t-elle. Elle précise en effet qu’elle n’a pas encore pu mettre en place la classe virtuelle avec ses élèves SNT car elle ne connaissait pas son groupe qu’elle devait rencontrer juste au début de la période de confinement.
Le temps de « présence » des élèves en classe virtuelle est organisé de la même manière que lorsqu’ils se retrouvent en cours ; Geneviève Ponsonnet pratique la classe inversée et ne donne donc jamais de cours magistral. Elle profite toujours du temps de cours pour mettre en pratique ce que ses élèves ont appris à la maison avec toutes les ressources qu’ils ont à leur disposition : activités diverses, tâches complexes, banques d’exercices et QCM sur Pronote…
« Et surtout, je passe toujours quelques minutes au démarrage pour leur demander comment ils vont ; la première semaine était très anxiogène car ils se demandaient si on réussirait à terminer le programme, ils avaient beaucoup de travail, etc ; donc ce moment d’interaction est vraiment très important » .
Plusieurs fonctionnalités dans la classe virtuelle du CNED, faciles à utiliser
Pour gérer les interactions, elle utilise les fonctionnalités de la classe virtuelle du CNED où ils peuvent « lever la main »en allumant leur micro ; « le passage de prise de parole se passe très bien » , souligne-t-elle.
Elle utilise également la fonctionnalité « tableau blanc » de la classe virtuelle : elle se connecte à la fois avec son ordinateur et sa tablette. Avec la tablette et le stylet, elle peut écrire sur le tableau plus facilement ; une astuce assez pratique qui peut servir à d’autres enseignants qui possèdent ces deux matériels.
Enfin, elle reproduit le travail en « îlots » qu’elle pratique en classe.
« Avec la classe virtuelle, on peut former des petits groupes d’élèves ; donc je les mets en autonomie à travailler à quatre ou cinq élèves sur un thème particulier pendant une demie-heure et moi je passe de groupe en groupe« , explique-t-elle.
« C’est assez fatigant car il faut gérer l’application en ligne mais cela permet de suivre, de répondre aux questions devant 4 ou 5 personnes ; donc c’est comme en classe quand on travaille en îlots et ils osent plus facilement poser des questions ».
évaluations et contrôles
Sur la question des évaluations, étant donné la charge de travail avec toutes les disciplines, Geneviève a fait le choix de ne pas maintenir les contrôles mais de leur déposer sur Pearltrees ; les élèves peuvent les faire en autonomie, sur une heure et trois jours après, elle dépose la correction avec un barème détaillé. « Ils doivent ensuite corriger leur contrôle de façon autonome » .
« Je ne vais pas compter les notes car, pour moi, ils sont dans des conditions de stress qui vont modifier leur façon d’apprendre et leur appréhension des choses et je ne veux pas rajouter du stress » .
« Moi ce que je veux, c’est qu’ils progressent et qu’ils apprennent des choses et qu’ils s’investissent dans ce qu’on fait et pas qu’ils aient le stress du contrôle »
Pour elle, les conditions actuelles ne se prêtent pas à évaluer les élèves. De plus, le rendu est tellement différent d’un élève à l’autre : certains prennent leur copie en photo, d’autres complètent un PDF… »Pour nous, professeurs, ce n’est pas évident de gérer les retours et les formats différents de tous nos élèves » .
Pour les évaluations, elle utilise également le Moodle ÉLÉA, développé par l’académie de Versailles ; elle a notamment adopté cet outil pour ses élèves de SNT. C’est un outil qui permet notamment d’écrire de petits textes, compte-rendus, ce qui invite les élèves à ne pas perdre le travail rédactionnel.
« L’outil ÉLÉA est pratique pour les évaluations car cela évite d’être submergé de copies sous format numérique » .
Et Geneviève parle en connaissances de causes : elle a déjà vu passer des messages via Twitter sur l’expérience de collègues noyés avec le retour des copies sous format numérique !
Pour conclure, Geneviève apporte des précisions sur le matériel des élèves qui ont la chance d’avoir été équipés par la Région Île-de-France, soit en tablettes, soit en ordinateurs. Dans le lycée où travaille notre enseignante, les élèves de seconde et de première ont été dotés d’ordinateurs et « cela facilite grandement tout le travail« .
« Les parents qu’elle a appelés le confirment : les élèves peuvent étudier en autonomie dans leur chambre avec leur propre ordinateur et cela simplifie le travail et la continuité pédagogique » !
« C’est un énorme atout que nous avons en région Île-de-France », conclut-elle.
Et en effet, c’est ce que nous pourrons voir dans d’autres interviews d’enseignants dans notre chronique « COVID-19 & continuité pédagogique » : les matériels font souvent défaut ou alors il faut se les partager entre tous les membres de la famille ; c’est un vrai handicap pendant cette période de #ContinuitéPédagogique.
Merci à Geneviève !
Interview réalisée en visio par Webex