A l’occasion de l’université de printemps de Ludovia#CH, 3ème édition à Yverdon-les-Bains dans le canton de Vaud en Suisse, de nombreux intervenants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème « Jouer collectif pour se former et innover ? Numérique et communautés d’enseignants ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces présentations jusqu’au début de l’évènement, lundi 6 avril 2020.
Geneviève Terzian présentera « Missions Africaines ! Comment engager les enfants dans leurs apprentissages en jouant collectif ? Une Aventure Numérique ! » Salle Aula Magna – Château d’Yverdon-les-Bains, mercredi 8 avril de 13h30 à 14h15.
Problématique pédagogique :
Comment engager les enfants dans leurs apprentissages en jouant collectif? Une Aventure Numérique !
- Hypothèses de travail :
– Inventer un scénario qui invite les élèves à vivre de nouvelles aventures,
– les défis permettront aux élèves de s’engager, d’inventer, d’apprendre et d’innover,
– Favoriser l’interactivité entre les élèves pour enrichir les recherches et offrir de nouveaux modes de communication,
– Engager les élèves pour qu’ils interviennent dans le déroulement des événements de leurs missions,
– Trouver des supports de partage originaux pour créer la surprise.
1) Entrer dans le JEU : La Simulation Globale / Usage détourné
« La simulation globale utilisée est un scénario-cadre qui permet aux enfants de créer un univers et de l’animer de personnages en interaction et d’y simuler tous les apprentissages, en prenant une identité fictive et en jouant le rôle qui est le leur, lors des situations langagières orales et écrites. »
L’enseignant donne le scénario de départ, puis il est l’animateur et le médiateur, le conseiller, l’expert, mais ce sont les élèves qui vont construire et vivre l’aventure.
Un client, qui souhaite garder l’anonymat, m’a contactée pendant les vacances. Il recherche des agents très spéciaux pour leur confier des missions délicates en Afrique. Mais d’abord, il veut savoir si vous avez toutes les compétences requises. Il ne vous engagera que lorsque vous aurez relevé ces 6 défis. Ne tardez pas car le temps presse. Une de ses exigences et d’avoir une orthographe irréprochable. Vos capacités à travailler collectivement dans votre équipe mais également avec les autres sont un vrai défi qui sera soigneusement observé. Alors, prêts à jouer ?
2) Travailler par équipes :
– Installer les applications demandées pour réaliser les défis.
Nous avons eu besoin de faire appel aux informaticiens pour aider les enfants à installer « Thinglink » et « Tiny-tap ».
Le TBI que les enfants ont complété au fur et à mesure de leur avancement leur permettait d’être des Experts. Ils pouvaient répondre aux questions de ceux qui venaient les consulter et qui devenaient Expert à leur tour !
3) Organisation / Collaboration / Communication / Partage
A travers les Missions Africaines, j’ai voulu inviter les enfants à trouver les personnes compétentes pour réussir leurs missions, à rencontrer des interlocuteurs en dehors de la classe mais au sein de l’école.
La deuxième mission leur a demandé de rencontrer les « Eco-Leader » pour étudier des problématiques et trouver des alternatives.
Ils ont également rencontré les élèves de P5 pour collaborer et rédiger un document pour notre client, dans le cadre du PSHE. Ils ont eu l’idée de créer un google slide pour mieux communiquer entre eux et rédiger ce document bilingue.
La troisième mission leur a demandé de contacter les « Digital Leader » afin d’obtenir l’aide nécessaire pour apprendre à utiliser une application pour réussir le défi.
4) Fin du jeu :
– Les enfants gagnent des codes pour accéder à la mission suivante, ce qui entretient leur motivation.
– Le jeu se termine par la remise des Diplômes d’Agent Spéciaux ; le nom du client leur sera révélé et ils seront invités à un atelier culinaire pour préparer et se régaler de spécialités africaines !
Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée :
Le numérique donne l’envie et les moyens de chercher, de communiquer et de partager son travail avec les membres de son équipe. Le numérique favorise les échanges et la communication ; il favorise la construction et l’acquisition de compétences et enfin, il favorise la création et la valorisation de la production d’écrits.
Apps utilisées :
Plans / Thinglink / Garage Band / Chatterkid / Photo / Seesaw / Google Slide / Tiny Tap / Keynote / Pic Collage /
Sites utilisés :
Relation avec le thème de l’édition :
Il m’a semblé important de « sortir de la classe » et de faire entrer en scène d’autres interlocuteurs de l’école pour valoriser ceux qui s’engagent (les clubs) et être plus visible afin inviter d’autres adultes, d’autres classes à se joindre à nous.
Synthèse et apport du retour d’usage en classe :
Le support audio-visuel a été la base d’une exploitation très motivante. Cette imprégnation audio-visuelle a facilité l’engagement des enfants et les interactions avec les autres.
Le travail collaboratif avec le TBI a permis de gérer de multiples paramètres avec succès. Il a libéré les enfants du poids de leurs difficultés pour accéder au plaisir d’avoir réussi leur mission grâce à la collaboration de chacun. Il a libéré la parole et mis en évidence l’audace, l’originalité, l’écoute et la tolérance. Ce challenge collectif est positif, de par l’investissement et l’enthousiasme des enfants et des adultes. Ce travail collaboratif a augmenté leur sens critique, a développé leur vigilance orthographique, a permis un travail sur le lexique, a favorisé la construction et l’acquisition de compétences en production d’écrits.
Le choix des apps est important car il a stimulé les élèves et les a amenés à repousser leurs limites. Il permet au professeur de rebondir vers le développement de nouvelles compétences qui vont enrichir le projet.
« A travers la relation pédagogique et affective qu’il établit avec ses élèves, le maître est à sa manière, un créateur. » J.Lang
Les usages détournés de « la simulation globale », pour une diversité créative des enseignants et des élèves.
« F. Debyser définit la simulation comme une « Reproduction simulée, fictive et jouée d’échanges interpersonnels organisés autour d’une situation-problème : cas à étudier, problème à résoudre, décision à prendre, projet à discuter, conflit à arbitrer, litige, dispute, débat, situation de conseil » (Debyser, 1976 : 25).
Un canevas détermine le cadre du jeu (situation-problème, lieu-thème, enjeu des interactions, identités fictives), un planigramme permet d’identifier les moments de jeu en classe de langue. »
« Les simulations globales permettent aux apprenants d’avoir une approche interculturelle de situations complexes inspirées de la vie réelle : dans le cadre de la situation-problème et du lieu-thème préétablis, ils réinventent un monde structuré et cohérent, sur la base d’un dialogue entre culture(s) de référence et culture(s) cible(s). Le fait d’arborer le masque d’un ou de plusieurs personnage(s) leur permet de laisser libre cours à leur créativité et de prendre des décisions sans conséquence dans la réalité. »
https://litmedmod.ca/sites/default/files/tclq/tclq_simulations-globales.pdf
Conclusion :
– Prenez un lieu, de préférence clos : une île, un immeuble […].
Pour nous, ce sera notre client.
– Faîtes-le investir et décrire par des élèves qui imagineront en être les habitants…
Pour nous, les enfants doivent relever des défis pour partir en mission en Afrique.
– Utilisez ce lieu thème comme lieu de vie pour y localiser toutes les activités d’expression écrite et orale, toutes les activités de communication générale ou spécialisée.
Pour nous, les enfants doivent collaborer et trouver les bons contacts pour réussir les trois missions.
– Vous obtenez ainsi une simulation globale […].
Missions Africaines !
« Les simulations globales se prêtent facilement à l’interdisciplinarité et, pour se développer, doivent s’appuyer sur la recherche et l’exploitation de documents et ressources en tout genre.
Ce sont des projets de longue haleine : créer un monde ne se fait pas en une séance, et les productions qui découlent des interactions vont être nombreuses. La situation va donc vivre et évoluer sur plusieurs semaines.
Son fonctionnement, basé sur la communication au sein d’interactions variées, donne la possibilité de mettre en pratique différents niveaux de langue, en fonction des situations.
La mise en place d’une simulation globale dans une classe de français induit nécessairement un travail sur les cultures. »
Plus d’infos sur : ludovia.ch,Geneviève Terzian