Le CNED, acteur engagé aux côtés du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse comme opérateur au service des politiques publiques d’enseignement et de formation, est désormais considéré comme un établissement de complémentarité et non de compensation.
« C’est une académie numérique à part entière », comme l’explique Michel Reverchon-Billot dans l’interview ci-dessus.
« La scolarisation au CNED n’est pas une scolarisation “à côté“ ; c’est une modalité de scolarisation ».
Cela implique donc un changement de paradigme pour les élèves, les professeurs et les établissements.
Des élèves de plein droit
Les élèves du CNED auraient donc une formation au même titre que les élèves en présence ; et la raison pour laquelle un élève s’inscrit au CNED (parce qu’il est empêché ou parce qu’il choisit l’enseignement à distance), ne fait aucune différence.
« Si nos élèves sont donc des élèves de plein droit, il faut que nos systèmes d’information entre le ministère et le CNED communiquent pour que nos élèves aient les mêmes droits que les autres ».
On comprend que c’est un changement de taille qui s’opère pour les élèves : avoir un identifiant unique et un accès aux ressources, bénéficier des livrets scolaires et à terme passer les évaluations, « ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », précise Michel Reverchon-Billot.
Fluidité pour les enseignants
Avec l’académie numérique, c’est un changement aussi côté professeurs qui va s’opérer ; aujourd’hui, les professeurs du CNED sont en poste adapté.
« On pourrait imaginer que le CNED académie numérique soit un lieu d’exercice professionnel de professeurs qui décident, comme ils décideraient de partir à l’étranger deux ans, de venir travailler au CNED pour deux ans ».
Ainsi, ils pourraient acquérir des compétences en e-learning et en apprentissage à distance puis revenir ensuite dans leur académie d’origine, « chargé de ce potentiel nouveau, dont les académies auront besoin dans les années qui viennent », ajoute Michel Reverchon-Billot.
L’académie numérique doit être vue comme une chance pour les autres académies, car elle est « au service de » , ne viendra pas « se substituer à » ; elle apportera une vraie plus-value.
Plusieurs exemples sont donnés par le directeur général dans l’interview ci -contre, comme la possibilité pour un établissement d’ouvrir son offre de formation avec des spécialités qu’il n’a pas.
Une académie numérique : cela signifie-t-il l’abandon du papier ?
Pour Michel Reverchon-Billot, le papier et le numérique sont complémentaires. Bien évidemment, l’interactivité ne peut se faire qu’en numérique et le CNED affiche clairement sa politique en matière de e-learning, mais les fondamentaux et les éléments clés du programme scolaire restent sous format papier.
« Nous avons des élèves et parents qui réagissent parce qu’ils n’ont pas l’habitude de ne pas recevoir leurs “quelques kilos de papier“ ; il y a donc un accompagnement qui est nécessaire ».
Académie numérique signifie aussi collecte de données. Quel positionnement adopte le CNED face aux « Big Data » ?
D’une part, le CNED aimerait greffer sur ses plateformes des algorithmes qui leur permettaient de mieux suivre les élèves.
En 2ème approche, le CNED prévoit d’utiliser les données pour renforcer les apprentissages et faire de « l’adaptive learning », « mais c’est un chantier plus important à envisager sur le long terme », souligne Michel Reverchon-Billot.
Le deuxième axe du CNED en ce qui concerne les données est bien de travailler sur la data et comment celle-ci peut être utilisée au service du numérique éducatif.
Par exemple, avec un outil comme Jules qui « nous dit des choses très intéressantes sur la compréhension des collégiens des notions essentielles du programme de mathématiques », on peut utiliser ces données pour des stages de formation continue avec des professeurs pour envisager les évolutions des programmes dans la classe au quotidien.
Aujourd’hui, la crainte de l’intelligence artificielle est perceptible. Michel Reverchon-Billot tient à rassurer sur les données collectées par le CNED.
« La question des données est abordée avec une éthique forte au CNED ; on ne va pas revendre nos données » !
Les données du CNED sont utilisées en interne, de manière anonymisée si elles sont utilisées dans le système, et lorsqu’elles sont utilisées de manière non anonyme, c’est pour ne servir uniquement qu’à l’élève.
Grâce aux données, on peut aussi optimiser et enrichir le travail des personnels du CNED. C’est un point également abordé par le directeur général dans l’interview ci-dessus.
« Je crois que c’est vraiment l’objet du Contrat d’Objectifs et de Performance signé avec le ministre : un engagement de présence plus forte dans le système éducatif ; développer des services à forte valeur ajoutée pour le CNED mais aussi pour les établissements en présence pour changer la manière de considérer l’apprentissage d’un élève qui est à la fois enrichie par un enseignement en présence et à distance ».
Pour conclure, Michel Reverchon-Billot rappelle l’axe fort que le CNED souhaite développer soit « comment industrialiser la personnalisation de nos parcours élèves ».
Et il souligne que ce n’est une tâche facile car le système CNED est très industriel avec, pour mémoire, 1 500 000 copies par an et 70 000 élèves inscrits en filière scolaire !
« Malgré tout, nous avons des hypothèses de développement très favorables ».
Plus d’infos :
Sur le sujet des données, voir aussi notre interview de Michel Reverchon-Billot.
Sur le sujet de « Jules », voir notre dernier reportage sur le compagnon d’aide aux devoirs.
Sur le sujet du Contrat d’Objectifs et de Performance signé le 4 avril 2019 .