Pour la quinzième édition du Colloque scientifique Ludovia#16, 36 communications vous seront présentées sur le thème « Numériques & représentations ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût du colloque jusqu’au début de l’événement, mardi 20 août.
Marie Cambone présentera « Représentations numériques du territoire » le mardi 20 août.
Résumé de la communication:
Notre proposition vise à questionner les différentes acceptions du concept de représentation à partir de l’analyse d’un outil extrêmement courant sur les plateformes numériques : le service Google Maps que nous qualifions de dispositif cartographique interactif (auteur, 2016). Si nous avons choisi d’analyser la forme « carte » c’est parce qu’en tant que représentation, elle est un objet socialement construit et partagé qui apporte des connaissances pour appréhender une certaine réalité, « ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social » (Jodelet, 1991 : 36).
En nous appuyant sur la double dimension (transitive et réflexive) de la représentation développée par Louis Marin (Marin, 1994), nous formulons l’hypothèse que l’analyse du service Google Maps nous permet de mettre en évidence :
– Les représentations que les concepteurs et utilisateurs de Google Maps ont du territoire étudié (dimension transitive),
– Et surtout leurs représentations collectives, notamment celles qu’ils ont de l’outil numérique et du numérique en général (dimension réflexive).
Pour ce faire, nous procédons à l’analyse socio-sémiotique d’une plateforme conçue à partir du service Google Maps : la plate-forme cartographique participative Carticipe mise en place par une intercommunalité dans le cadre de l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI). Cet outil participatif permet aux métropolitains de faire part de leurs avis, envies ou projets en ajoutant des commentaires localisés sur le fond de carte ainsi qu’en votant pour des projets. S’intéresser à un tel outil est particulièrement heuristique pour notre questionnement dans la mesure où le territoire sur lequel s’expriment les contributeurs est un territoire qu’ils connaissent et pratiquent au quotidien.
Par l’analyse de cette plateforme, nous avons pu identifier plusieurs représentations associées au numérique. Tout d’abord, nous observons qu’encore une fois, le numérique est perçu comme un outil privilégié pour engager une participation citoyenne. Dans le cas présent, le bon dosage entre ateliers en présentiel et plateforme en ligne explique en partie les bons taux de participation. Ensuite, utiliser le service Google Maps relève d’une certaine idée de la représentation, une représentation synoptique du territoire, « proposant une perception du monde qui présente un savoir totalisant » (Jeanneret, 2013). Google Maps, qui permet facilement de « sortir » du territoire de la métropole grenobloise rend compte d’une illusion, celle de pouvoir appréhender et visualiser le monde entier par le prisme de son écran alors même que celui-ci opère justement comme un cadre qui borne arbitrairement le territoire représenté. Enfin, Google Maps agit comme une « surface d’enregistrement du réel » notamment grâce aux vues satellitaires et à l’outil Google Street View.
Ainsi, l’analyse d’une plate-forme utilisant Google Maps nous permet d’identifier des représentations sociales associées au numérique : la participation citoyenne rendue possible par ce biais, l’illusion de pouvoir appréhender le monde entier sans filtre et celle d’enregistrer et de retranscrire le réel.
(1) Grenoble Alpes Métropole, http://plui-lametro.carticipe.fr/, consulté le 04/02/2019.
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