A l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 16ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Intelligences & représentations du numériques dans l’éducation ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, mardi 20 août.
Sébastien Franc présentera « La classe P@tchwork : construire le cours de langue en utilisant diverses démarches au sein d’une séquence » sur la session III, Espaces & temps d’apprentissage.
Problématique pédagogique :
Depuis cinq ans, je cherche à transformer mon identité pédagogique au contact de diverses démarches car je ne crois pas en une direction unique. En effet, nos élèves ont des profils très différents et donc il faut chercher à en faire réussir le plus possible. Pour cela il est important de s’approprier diverses démarches et les repenser dans une architecture globale pour les mettre en oeuvre aux moments les plus pertinents au sein d’une séquence. En cours de langue, cela est possible grâce à une liberté pédagogique contenue à la fois dans les programmes et dans les activités possibles en classe. De plus les élèves fonctionnent beaucoup à travers le concept de représentation, qu’ils ont par exemple de l’école, de ce qu’on attend d’eux, du numérique et de ce que c’est d’être “intelligent’. Du coup je me demande dans quelle mesure une pratique diversifiée se nourrissant de sources variées ( enseignement explicite, classes inversées, ludification, classe mutuelle, classe coopérative, parcours de compétences, modulation des espaces) peut-elle accompagner et faire réussir tous les élèves au sein de la et des classe(s)?
Apport du numérique :
Dans cette dynamique de pratiques variées, la plupart peuvent s’appuyer sur le numérique mais pas forcèment. Cependant il est intéressant de questionner le numérique sur ses limites et pour cela il faut considérer les représentations que l’on en a, afin de voir les moments où il n’est qu’un outil, facilitateur, mais peut s’avérer juste une substition sans plus-value et les moments où il devient un vrai bénéfice en agissant sur l’augmentation, la modification et la redéfinition ( suivant le modèle SAMR de Ruben Puentedura).
Relation avec le thème de l’édition :
La classe P@tchwork me semble être à la croisée des chemins. Pour l’enseignant, elle permet de jouer sur les représentations qu’il a de diverses démarches et ainsi à la fois de casser les représentations en se les appropriant, mais aussi lui permet de considérer les intelligences mises en oeuvre en classe de sa part et de la part des élèves dans les stratégies d’apprentissage ( tout en échappant aux limites des neuromythes, mis au jour dernièrement). Pour l’élève, elle permet de pouvoir s’y retrouver en cassant une routine qui pourrait le scléroser et ainsi développer par la diversité des approches plus de créativité et de prise en main de ses propres apprentissages par un phénomène d’autonomie et de responsabilisation, ce qui joue aussi sur ses représentations. Ainsi il pourra enclencher une vrai réflexion sur la place du numérique en classe et le positionner à sa juste place un outil de plus-value.
Synthèse et retour d’usage en classe :
Au sein d’une même séquence, je choisis telle ou telle approche en fonction de sa pertinence en tant que démarche introductive, exploratoire, modélisante, d’appropriation, de travail en groupe ou seul. En fonction des classes, des profils d’élèves, je cherche à diversifier suffisamment ce qui semble convenir mieux à tel ou à tel élève. La classe P@tchwork est en elle-même symbolique de cette construction fine de morceaux épars rassemblés ensemble pour construire un cadre clair et compréhensible qui prend tout son sens en prenant du recul. Toute cette démarche effectué par l’enseignant dans sa conception pédagogique prend corps avec la mise en confrontation du réel en classe avec les élèves. On voit apparaitre ainsi des stratégies construites par les élèves qui prennent conscience que l’on doit se construire à la croisée des chemins et en prenant le temps et le recul d’envisager les choses dans leur globalité. Cette réflexion m’a permis de voir en classe plus d’élèves engagés et motivés plus longtemps dans une séquence et aussi sur du plus long terme dans l’année.
Cependant il faut faire attention quand même de construire dans cette diversité les “coutures” qui permettent aux élèves de s’accrocher à des repères visibles afin qu’ils ne se sentent pas perdus
Plus d’infos sur : Sébastien Franc
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