Retour de Ninon Louise Lepage sur le REFER 2019
IRL
In real life, c’est-à-dire rencontrer nos correspondants en chair et en os. C’est bien les échanges à 240 caractères mais un face à face, discuter le temps d’une pause, d’un voyage, d’un repas commun favorise l’approfondissement des idées et des liens. Les défis proposés aux élèves et leur enseignants par le REFER se terminent par une rencontre où des éducateurs Européens furent invités à découvrir quelques écoles du Québec avant de participer au colloque.
Ils ont aimé les québécois et leurs écoles !
Venez nous apprendre vos secrets, ont-ils écrit 😉
Comme il y a beaucoup de similitude dans les enthousiastes commentaires, je les soumets en vrac et indique à la fin le nom de tous les répondants.
Les membres de la délégation européenne ont été particulièrement impressionnés par l’atmosphère chaleureuse, positive qui règne au sein des écoles québécoises visitées et l’attitude créative et bon enfant des enseignants et des directions d’écoles.
Un accueil extraordinaire. Des enseignants bienveillants, des élèves heureux de venir à l’école. [ ] Ce que je retiens est notamment la bienveillance que l’on a retrouvée un peu partout lors de notre semaine québécoise. J’ai particulièrement apprécié l’hospitalité et la facilité des enseignants à ouvrir leur classe à des visiteurs. Les élèves m’ont également épaté en partie par leur facilité à échanger avec nous et par le fait que l’intrusion d’une quinzaine d’étrangers n’ait pas particulièrement chamboulé leur vie de classe.
Ce que les visiteurs que nous étions ont remarqué immédiatement : les messages de bienveillance, de valorisation du comportement vis à vis des autres et de soi même, d’encouragement tapissent abondamment les murs des couloirs et des salles de classe des différents établissements visités. Ils peuvent être accompagnés également de messages destinés à aider les élèves à résoudre un conflit.
Chacun baigne ainsi dans un univers positif qui pousse l’ensemble des élèves, mais aussi des professeurs à aller de l’avant. C’est une pratique peu coûteuse qui place le personnel d’établissement ainsi que les élèves dans un schéma intellectuel tourné vers la positivité.
Ces messages omniprésents attestent de la volonté des équipes d’école de prendre en compte collectivement cette dimension sociale des relations entre les élèves et avec les adultes.
Des panneaux de méritas situés près des halls d’accueil des établissements valorisent périodiquement les réussites. En école primaire, elle ne concerne jamais les résultats scolaires des élèves mais plutôt des compétences transversales telles que la persévérance scolaire, l’autonomie, l’attitude positive en classe.
Si l’on compare à ce qui se passe dans les établissements français, [ ] Ce qui diffère est que cette bienveillance semble plus souvent en France l’affaire de l’enseignant dans sa classe et la dimension collective orchestrée au niveau de tout un établissement scolaire ou d’une circonscription ou académie paraît moins fréquente et en tous cas moins visible.
Les chefs d’établissement semblent faire confiance à leurs professeurs en leur laissant une grande créativité dans l’organisation de leur classe et de leur pédagogie. C’est quelque chose qu’il faut promouvoir en France, les professeurs doivent être au centre de l’éducation, c’est d’eux que doivent partir les projets pédagogiques et les idées de gestion de la classe dans son ensemble.
La classe flexible
La réflexion autour de la classe flexible est bien plus poussée qu’en France que ce soit dans les établissements privés avec de gros moyens financiers ou dans le public. [ ] Dans un même établissement, j’ai pu rencontrer ces deux salles : du traditionnel à la classe flexible. Cependant, quand le concept de classe flexible est choisi par le professeur, les possibilités pédagogiques d’apprentissages sont décuplées.
Il faut être conscient que la classe flexible ne se limite pas à mettre à disposition des élèves, du matériel attrayant et à rendre la classe colorée. Tout doit être pensé pour que ces aménagements aient un impact sur le climat de classe et donc sur les apprentissages. L’enseignant doit être toujours en questionnement sur la pertinence de son fonctionnement.
La réflexion autour de la classe flexible est bien plus poussée qu’en France. [ ]
Tout y est pour stimuler l’éveil, l’attention et la motricité ou se calmer et avoir une attention soutenue. Chacun est libre de se mettre en activité là où il se sent le mieux, il n’y a pas de place attitrée.
Mon coup de coeur : des tables sur lesquelles on peut écrire et ensuite effacer, (revêtement type tableau blanc) : le travail collaboratif est ainsi mis en avant (fabrication de plan, carte mentale coopérative..)
Comme le souligne, Sophie Dunn enseignant au primaire au Collège Beaubois « Cette façon de travailler ne peut être imposée à qui que ce soit. L’enjeu est trop important (autant pour l’élève que l’enseignant). Un enseignant ou une enseignante doit avoir fait un bon examen de conscience et savoir pourquoi il/elle voudrait se lancer (ou non) dans cette aventure. Ces changements peuvent être déstabilisants.
Lire
- Le point de vue d’un professeur des écoles – Aller-Retour France Québec : https://docs.google.com/document/d/1WhdYuMJw-vuYDsexlUqDc7-QG0k2Lxw3_ttpCQVObXM/edit de Laêtitia Vautrin.
- En route vers la classe flexible mais pas que http://supermaitre.eklablog.fr/en-route-vers-la-classe-flexible-mais-pas-que-a161822514 de Julien Crémoux.
Au sujet des défis et de leur participation au REFER
L’occasion d’observer beaucoup de pratiques différentes, de réfléchir et d’échanger autour de nombreux points de vue et notions tout en faisant la rencontre de personnes ouvre à de futurs très intéressants projets.
Les défis mettent en contact des élèves de part le monde, permettent de créer un réel échange permettant d’ouvrir à des découvertes bien plus larges que seulement le contenu du défi à proprement parlé.
Ces projets sont un vrai moyen de créer du lien et de mettre en place des collaborations internationales entre élèves. C’est une opportunité supplémentaire pour donner l’occasion à nos établissements d’avoir des liens avec des écoles à l’international.
Le REFER est à la fois un temps et un lieu à taille humaine où sans jugement aucun, chaque participant peut échanger et de partager autour de l’éducation et de la pédagogie.
Le REFER est un lieu parfait où praticien de terrain et chercheur peuvent se rencontrer afin de réfléchir et de co-construire.
Intéressante pratique à l’école du Bac, Saint Lambert de Lauzon, C.S. des navigateurs, une école primaire
Le service des enseignants polyvalents est de 32h dont 25h en présence des élèves. Lors de la prise en charge des élèves par un professeur spécialisé, les enseignants peuvent corriger des copies, préparer leurs séances. L’école du Bac a choisi d’utiliser ce temps pour proposer aux volontaires de partager leurs pratiques et se former. Un tableau est destiné à recueillir plusieurs types de propositions :
- proposer de montrer un dispositif dans sa classe, donner à observer une activité, partager un temps de classe, une activité particulière, … auquel on croit et qu’on porte avec des arguments (les rituels mathématiques, les ateliers d’écriture, …) en vue d’échanger, partager avec le collègue accueilli, préparer une collaboration entre les deux classes,
- répondre à une demande d’un collègue sur une question précise et l’accueillir dans sa classe pour lui permettre d’observer une mise en oeuvre de ce questionnement qu’il a émis.
- demander qu’un collègue vienne l’observer dans sa propre classe sur une activité particulière, une façon de procéder que l’on souhaiterait améliorer ou mettre en place (les transitions, les rituels, …).
Le mot de la fin
Extraits du mot d’ouverture de Nathalie Couzon, co-fondatrice et présidente-directrice générale du Rendez-vous des écoles francophones en réseau (REFER) et Caroline Duret co-fondatrice du REFER (Institut international de Lancy-Genève- Suisse)
Il y a 6 ans, le REFER s’est donné pour mission d’offrir aux enseignants et à leurs élèves l’occasion d’investir l’espace numérique avec des productions de qualité. Aujourd’hui ce sont plus de 300 établissements engagés dans les activités de classe qui impliquent des milliers d’élèves de 5 à 18 ans, connectés les uns aux autres par le biais de leur participation au REFER. [ ] nous souhaitons donner un coup de pouce au printemps, à votre printemps, celui des découvertes que vous ferez au détour d’une conversation ou d’une conférence, celui des changements, des transformations et des métamorphoses que vous oserez à votre retour dans votre milieu.
Merci à Jean Pierre Rabatel, Professeur des Écoles Maître-Formateur, EducTice-S2HEP – Institut français de l’Éducation, École Normale Supérieure de Lyon, qui a mis en ligne un rapport collaboratif de la mission éducative et colloque du REFER 2019. Les commentaires sont des extraits de ce document ainsi que des questionnaires que j’avais soumis aux visiteurs. Les photos qui illustrent les commentaires sont de Christophe Rodo de l’Université d’Aix-Marseille et de Vincent Journeaux, Enseignant en Établissement Régional d’Enseignement Adapté (EREA), Académie de Dijon.
Merci de leurs commentaires :
Arnould, Henry, développeur d’outils pédagogiques numériques, Hyda Engineering
Belhassein, David, directeur école Hyvert, Académie de Nice
Court Maurice, Catherine , rectorat de Dijon
Cremoux, Julien, Twoulipo, école H Challand, Académie de Dijon
Descombes, Sandrine, Défi-Inférences, école élémentaire Nelson Mandela, La Chapelle de Guinchay , Saône et Loire
Fenaert, Mélanie, Survie on Mars, Académie de Versailles
Journeaux, Vincent, Enseignant en Établissement Régional d’Enseignement Adapté (EREA), Académie de Dijon
Michnik, Gregory, Survive on Mars, Académie de Lille
Ponsonnet, Geneviève, Professeur agrégée de Physique-chimie au Lycée Blaise Pascal (Orsay – Académie de Versailles)
Recher, Bryan, Mirage Make
Rabatel, Jean-Pierre, Professeur des Écoles Maître-Formateur, EducTice-S2HEP – Institut français de l’Éducation, École Normale Supérieure de Lyon
Rodo, Christophe, Université d’Aix-Marseille
Vautrin, Laëtitia, Professeure des écoles et infographiste, Membre du collectif TADAF (Twittclasses activités et dispositifs associés francophones) et conceptrice du projet TwittenRimes
Voici en complément la liste des autres membres de la mission. Si vous connaissez l’une ou l’autre d’entre eux, n’hésitez pas à les questionner au sujet de leur expérience du REFER. Ils sauront je n’en doute pas vous convaincre de participer avec vos élèves au REFER 2019/2020.
Émilie Lebret ( Eduludic – Académie de Orléans)
Christelle Quesne ( Escape n’ games – Académie de Rouen)
Monique Roiné (Institut international de Lancy-Genève-Suisse)
Fanny Peissik (Hubschool 21 – Paris- France)
Anne Sardier (ESPE Université Clermont-Auvergne – France)
Josiane Morel (ESPE Université Clermont-Auvergne – France)
Jessyca Tretola ( ESPE Marseille – France)