Pendant longtemps le système scolaire s’est basé sur le travail individuel et la répression de la triche. Aujourd’hui, de nouvelles façons de travailler favorisent l’embauche de personnes sachant collaborer. Cette dimension est prise en compte dans de nombreux systèmes scolaires. Nous allons voir comment l’ENI peut la favoriser.
Maître, il copie !
Le système de compétition et de notes qui a prévalu dans de nombreux systèmes scolaires aboutissait à l’individualisme et au refus d’aider de peur que l’autre obtienne une meilleure note.
Des pédagogues comme Freinet se sont rendu compte qu’en organisant la classe comme une petite société, avec des métiers et le travail « vrai », on obtenait de meilleurs résultats.
Depuis un quart de siècle, en France, l’introduction de l’informatique est un des moyens pour aider à changer les mentalités. L’arrivée des tableaux interactifs et maintenant des écrans interactifs permet de doper ce changement. Ce n’est probablement pas un hasard si les pays les plus engagés dans la collaboration en classe sont aussi ceux qui sont le mieux équipés.
Nous allons voir à travers quelques situations comment favoriser la collaboration avec les écrans interactifs.
Travail de groupe sur l’écran interactif
Une des premières idées est de provoquer un travail de groupe sur l’écran interactif. Le travail en groupe n’est pas une nouveauté dans les classes et il se heurte à différents biais, comme la monopolisation de l’activité par un élève ou la mise en retrait d’autres.
Dans l’école Dalbé-Viau de Lachine (Québec), les élèves peuvent collaborer en groupes. Il y a six tableaux interactifs dans la salle et chaque groupe s’organise afin de mener à bien la tâche assignée.
L’écran interactif ne va pas à lui seul apporter d’amélioration, mais son introduction dans les activités de la classe va permettre de redéfinir les bases d’une saine collaboration. Le premier point est d’assigner une tâche bien définie. Lors des premières séances, il est souhaitable que l’enseignant accompagne cette mise en place pour détecter les comportements non souhaités. Le but n’est pas de les pénaliser, mais d’encourager les attitudes efficaces et positives.
Par mimétisme de la pratique de l’enseignant avec l’écran interactif, les élèves vont naturellement jouer le jeu de l’argumentation, faire rebondir les réponses pour approfondir et apprendre à organiser leur travail à l’écran.
Lorsque l’activité est terminée, les élèves peuvent présenter le résultat à leurs camarades. Si les groupes ont travaillé sur des tâches distinctes, il est facile de réaliser un document collectant les différents apports. Ce document sera ensuite partagé.
Améliorer le travail de groupe à l’aide de QCM…
Cela peut sembler étrange, tant le QCM est associé en France à l’évaluation dans ce qu’elle a de plus basique. Pourtant, cet outil peut être utilisé pour recueillir les représentations initiales, des opinions, des résultats de recherche.
Nous prendrons en exemple une activité simple, réalisée à l’aide d’un logiciel d’écran interactif SMART et utilisée en grand groupe.
Les activités ClassLab du logiciel SMART Notebook, ou les solutions équivalentes d’autres éditeurs permettent de créer des QCM et de répartir les élèves en équipe. L’aspect ludique des activités est très motivant.
Les élèves sont organisés en équipes conçues en classe ou choisies par le logiciel. Pour que cette activité soit collaborative, il convient, au choix, de n’avoir qu’un seul périphérique de réponse par équipe, ou bien que les élèves puissent se répartir physiquement s’ils disposent chacun d’un périphérique.
La motivation vient de la compétition avec les autres équipes. Chaque groupe devra répondre après s’être entendu sur la réponse à fournir afin d’obtenir le meilleur score. Il est intéressant de désactiver la limitation de temps, afin que les élèves disposent du temps nécessaire à leurs recherches et négociations.
L’enseignant peut observer les stratégies mises en œuvre par les équipes et mettre en place une activité de métacognition pour aider les élèves à prendre conscience des comportements les plus productifs. Ceci est important, car les élèves pourront réexploiter ces apports pour d’autres activités collaboratives.
On exploitera à profit les autres possibilités de ces logiciels qui ne se limitent pas à la seule réalisation de QCM (cartes heuristiques, envoi d’images…). N’oublions pas la possibilité de confier aux élèves la réalisation des activités, ce qui est très favorable au travail collaboratif en complément des autres compétences mobilisées.
Faire feu de tout bois
Je fus très surpris, il y a une dizaine d’années, d’observer dans une classe anglaise que l’enseignant ne masquait pas le nom des élèves lors de l’utilisation des boîtiers de réponse (aussi appelés boîtiers de vote).
Ainsi, toute la classe pouvait voir qui avait réussi et qui avait échoué. Contrairement à ce qui se passe trop souvent, ici, la réaction des élèves fut de proposer l’aide à ceux qui avaient mal répondu, sans moquerie ou triomphalisme. Cela témoigne que l’on peut créer un autre climat en classe. Avec des élèves conditionnés à l’individualisme, l’arrivée de l’écran interactif peut être l’occasion de nettoyer ces réflexes.
Le rôle de l’enseignant est alors essentiel, car c’est son attitude qui va conduire la classe vers plus de collaboration.
Dégagé de son rôle central d’animateur, ce dernier pourra mieux repérer les événements facilitateurs et les encourager, ce qui peut lui imposer une certaine remise en cause, pour éviter de reproduire avec les nouveaux outils les démarches antérieures que l’on souhaite corriger.
Dans le prochain article, nous aborderons la mise en place d’un accompagnement des enseignants dans l’usage des écrans interactifs.
Plus d’infos :
Retrouvez sur www.tbi-direct.fr pour plus d’informations au sujet des écrans interactifs.
Source Article : Bernard-Yves Cochain
Article diffusé dans le cadre d’un partenariat