Je connais L’AESTQ (Association des enseignants en sciences et technologie du Québec) du temps qu’elle se nommait APSQ (Association des professeurs de sciences du Québec). L’AESTQ a fêté ses 51 ans lors de son congrès annuel les 25 et 26 octobre derniers, à Sorel au Québec.
Un peu d’histoire
Tout à commencé au congrès de l’ACFAS (Association francophone pour le savoir) de 1964 où a été prise la décision de fonder une nouvelle association afin de promouvoir la formation scientifique des jeunes à tous les ordres d’enseignement.
1964, nous étions en pleine période de ce que j’appelle la révolution de l’enseignement des sciences. On doit cette révolution au Sputnik 1, lancé en 1957 et que les russes en pleine guerre froide ont eu le culot de placer les premiers en orbite. Le gouvernement des États-Unis établit la cause de cet échec à une formation scientifique inadéquate des jeunes états-uniens. Le Congrès des USA a passé le National Defense Education Act.
Près de 900 millions de dollars furent votés pour l’élaboration par quelques grandes universités de programmes d’enseignement des sciences plus efficaces. Le Biological Sciences Curriculum Study, le CHEM Study, le Physical Science Study Committee, le Harvard Project Physics et le Science Curriculum Improvement Study ont été développé par des équipes multidisciplinaires formées de scientifiques, de psychologues et d’éducateurs.
Plusieurs enseignants du Québec ainsi que les fonctionnaires du tout récent ministère de l’éducation ont suivi de près ces études et se sont intéressé à ces approches d’enseignement qui sont encore révolutionnaires cinquante ans plus tard. Des éditeurs du Québec ont traduit en français les manuels publiés par ces groupes pour les utiliser dans les classes. Des laboratoires furent montés, des kits achetés pour que les élèves réalisent ces apprentissages fondés sur l’investigation.
C’est dans ce contexte de «renouveau de l’enseignement des sciences» que fut créé l’APSQ – Association des professeurs de science du Québec qui en 2012 est devenue l’AESTQ.
Thème du congrès
Le thème du congrès cette année : Les compétences du 21e siècle, au coeur de votre enseignement et comme on peut lire dans l’invitation au congrès :
Ces compétences dites du 21e siècle sont issues de la nature même de la science, et ce, depuis des décennies. Ces principes clés de la science et de la technologie sont à la base des démarches d’investigation et de conception et sont les fondements mêmes du programme de formation de l’école québécoise en Science &Technologie. Les intervenants en enseignement des S&T sont donc en toute première ligne dans l’acquisition des compétences du 21e siècle de la prochaine génération.
Comme toujours lors de ces évènements, les choix sont difficiles parmi l’offre de dizaines et dizaines d’ateliers. Le compte-rendu suivant reflète évidemment mes curiosités personnelles.
Contexte de programmation en science et technologie
Cet atelier a été présenté par Pierre Lachance du RÉCIT, qui est un peu notre Canopé québécois.
Cet atelier s’adressait particulièrement aux enseignants débutants. Dans le contexte du Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur du gouvernement québécois, il est raisonnable de prévoir que l’usage des technologies numériques et l’enseignement de la programmation seront obligatoires d’ici quelques années. En seconde partie de l’atelier nous étions invités à faire nos premiers pas en programmation et nous initier à Scratch.
De photoshop à l’imprimante 3D
James Blagrave de la Commission scolaire Sorel-Tracy nous a reçu dans son magnifique Fablab, du Centre de formation professionnelle Bernard-Gariépy (CBG), plein de formidables machines mais surtout plein d’objets résultants du travail de ses étudiants-es.
Les centres de formations professionnelle offrent des cours qui ajoutent aux connaissances de base, du perfectionnement des compétences professionnelles et mènent à l’obtention d’un diplôme, que ce soit le diplôme d’études secondaires (DES) ou un diplôme d’études professionnelles (DEP) permettant de pratiquer un métier. Chacun d’entre eux possède une vie scolaire unique, des avantages et surtout, permet aux élèves de profiter au maximum de leur expérience de formation, afin d’atteindre leur objectif.
Nos écoles primaires nouvelle vague devraient adopter forme d’enseignement pratique.
L’atelier en deux volets, consistait en une présentation de plusieurs imprimantes 3D, dont l’ANET A8 qui semble la plus populaire à l’automne 2018, à assembler soi-même, en rupture de stock sur Amazon et qui ne coûte qu’une centaine d’Euros. J’ai appris que les filaments PLA sont à base d’amidon de maïs et biodégradables. Les élèves de monsieur Blagrave, de futurs entrepreneurs, impriment en 3D des cartes d’affaire flexibles ou sur un cube, etc.
En seconde partie, une démonstration de photoshop pour le découpage et l’extrusion d’une image, 3D builder pour le dessin en 3D et Simplify 3D comme logiciel d’impression. Un processus assez simple mais tout de même réservé aux technophiles.
Engager les élèves dans la résolution de défis technocréatifs
Cet atelier a été présenté par Serge Gagnier, auteur du blog Classe de sciences, mais aussi enseignant et responsable du Fab Lab AST (Académie Sainte-Thérèse) premier Fab Lab dans une école primaire au Canada, auteur de littérature jeunesse scientifique, concepteur de programmes d’enseignement scientifique et chercheur en didactique des sciences. Bref, un homme engagé @sergegagnier, qui est aussi très actif sur Facebook.
Son but était de démontrer que les petits du primaire peuvent créer, répondre à des défis technologiques par des approches collaboratives. C’est l’univers créatif qu’il tente de créer avec ses petits élèves et auquel il nous a inviter de participer dans cet atelier.
Une défi est lancé : imaginer un objet inédit qui permettrait aux astronautes de la station spatiale de rouler leurs tubes de pâte à dents. Il fallait construire un prototype à partir des objets de bricolage mis à notre disposition et ensuite le reproduire sur TinkerCad, un logiciel d’Autodesk, accessible en ligne qui permet l’impression 3D pour débutants.
Le conseil d’un pro pour la formation d’équipes en travail collaboratif. Dans un premier temps, laisser les élèves former librement leurs équipes lors d’une activité simple et les observer. Pour les activités suivantes, former vous même les équipes afin qu’elles soient équilibrées.
Pourquoi et comment intégrer la littératie numérique à son enseignement
Isabel Deslauriers et Mylène Gamache-Tremblay de « Parlons science » ont présenté plusieurs des activités offertes par cet organisme pan-canadien dont la fameuse tomatosphère, un processus d’apprentissage par l’enquête qui s’adresse à tous de la maternelle à la fin du collège.
La littéracie numérique a été présentée entre autres par une activité pratique sans ordinateur où les participants étaient invités à découvrir quelques aspects importants de la pensée informatique.
Le projet Espace vivant, créé en collaboration avec l’Agence spatiale canadienne, est des plus intéressant pour les jeunes du 21ème siècle.
Bref, une heure de fin de congrès, un vendredi après-midi de découvertes d’un programme d’éveil à la pensée scientifique et à la littératie numérique offert à tous les jeunes canadiens.
N’hésitez pas à nous visiter en ligne, ; ) c’est aussi ça la littéracie numérique et la mondialisation : s’enrichir des bons coups des uns et des autres.