Mercredi 22 août Bérengère Stassin maître de conférence de l’université de Lorraine présentait son travail de réflexion, issu notamment des travaux et réflexions effectuées au sein du CREM (Centre de ressources en éducation aux médias) à propos des méthodes et moyens d’éducation à fournir pour lutter contre le cyber-harcèlement.
Invitée par le collectif #Ludodoc, présent en force à Ludovia cette année, ce jeune collectif des professeurs-documentalistes réuni autour du numérique et les pratiques innovantes ayant programmé nombre d’activités sur l’EMI cette année.
En introduction, Bérengère Stassin a tout d’abord rappelé que la problématique est maintenant analysée, mais aussi traitée depuis plusieurs années dans les pays nordiques, mais que sa prise en compte était toujours en phase d’expérimentation en France. Celle-ci étant complexe, le cyber-harcèlement résultant souvent d’un harcèlement plus traditionnel.
En effet la cyber-violence entre pairs peut découler de harcèlement ou de moquerie lié à l’apparence physique aux stéréotypes de genre, au sexisme, ou encore à l’homophobie.
Ce harcèlement se traduira d’abord mais pas seulement par de la violence verbale, sexuelle ou physique, mais aussi par de l’usurpation d’identité ou encore de l’exclusion sociale.
On assistera également selon chaque cas de figure à une cyber violence prolongeant cette violence hors ligne ou déclenchant une violence hors ligne.
Concernant le genre et selon les études, on ne peut cependant affirmer que les filles soient plus impliquées que les garçons et inversement. A noter malgré tout, certains types d’agression ayant un caractère plutôt genrés (revenge pron, slut shaming pour les filles et happy slapping pour les garçons).
Bérengère Stassin décrit ensuite l’impact sur la réputation, l’identité numérique du cyberharcèlement dont on peut décrire deux cas de figures.
Le premier visant à nuire à l’image et à la réputation de la cible au travers, par exemple, du Revenge porn tendant à faire passer la cible pour une fille facile et aboutissant chroniquement au phénomène de slutshaming.
Le second cas de figure est celui du gain de popularité au sein des réseaux en effet comme le décrit Tisseron à propos du happy slapping : celui-ci n’est pas une agression filmée mais une agression perpétrée en vue d’être filmée et diffusée ; l’agresseur étant dès lors reconnu pour ces faits.
La cyberviolence s’inscrit donc et s’appuie sur les trois dimensions de l’identité tel que défini par Fanny Georges (2009). Elle est « Déclarative » au travers d’insultes, de moqueries ou de propagation de rumeurs.
Elle est « Agissante » au travers de chaque publication signalée aux réseaux de contacts de la victime et de l’agresseur (notification sur Snapchat, Facebook ou Twitter,statut sur le « mur » de la victime, likes et retweets des contenus… )
Elle est enfin « Calculée », car elle est issue d’une course à l’audience et aux likes, à la réputation numérique.
L’intervention de Bérengère Stassin se conclut avec une tentative de définition du cyber-harcèlement et des pistes pour le prévenir dans l’enseignement.
Concernant la définition, il n’y a pas de consensus clair dans la littérature, mais celle-ci la définit comme l’envoi numérique de messages violents, souvent décrits selon des critères similaires au harcèlement. Une caractéristique numérique émerge quand même, celle de la répétition.
En effet, celle-ci peut-être non pas issue d’un seul individu, ou d’un seul type d’action mais aussi de la fragmentation des actions (les likes, les partages, les retweets,…) ou de la pérennité des traces numériques laissé par ce harcèlement.
Concernant enfin la prévention, celle-ci est inscrite dans le code de l’éducation depuis juillet 2013.
La prévention doit être dispensée à tous les élèves de collège en vue de développer les connaissances, les compétences et la culture nécessaire à l’exercice de la citoyenneté.
L’EMI est donc désormais instituée en tant qu’enseignement dans les programmes dans les programmes scolaires. C’est une des compétences d’enseignement attribuées particulièrement aux professeurs documentaliste.
Cette prévention doit aussi être effectuée au départ de l’éducation à l’empathie (compétences émotionnelles), nécessaire à l’adaptation de l’individu à son environnement.
Les différents travaux de recherche on, en effet, soulignés le rôle des émotions dans les situations de harcèlement scolaire et chez les différentes parties prenantes.
Bérengère Stassin a clôturé son intervention en proposant quelques outils, au travers de jeux, pour éduquer à l’empathie. Ces jeux, principalement de la mise en situation, permettant aux élèves de pratiquer ensemble de telle sorte qu’ils ressentent les mêmes sensations, s’observent, changent tour à tour de rôle ou de posture, afin que leur disposition à l’empathie et l’expression de leurs sensations soit sollicitée.
Synthèse : Sébastien Reinders
Revoir l’intégralité de la conférence ici :