Nous sommes des êtres vivants, nous appartenons à la biosphère de la planète Terre. Nous y sommes enchaîné par notre patrimoine génétique. Grâce à notre intelligence nous avons développé au fil des siècles quantité de « gadgets » pour nous faciliter la vie : vêtements, habitations, moyens de transport, appareils de communication. Ces merveilles érodent notre relation avec la nature à laquelle nous sommes pourtant fondamentalement liés.
Il semble que plusieurs d’entre nous, particulièrement les enfants souffrent d’un trouble du déficit de la nature qui se caractérise par un impact négatif sur la santé globale et le bien-être mental avec un effet particulièrement négatif sur le comportement et la capacité d’apprentissage des enfants.
Voilà la situation problème à laquelle l’hypothèse Biophilia ou biophilie en français, propose une solution.
L’origine de l’hypothèse de biophilie
Deux mots grecs sont à l’origine du terme Biophilia : Bios qui signifie vie et Philia qui signifie amitié. C’est le philosophe psychologue d’origine allemande Eric Fromm qui a créé dans les années ’70, ce mot pour décrire l’attirance des êtres humains vers tout ce qui est vivant. Edward O. Wilson est à l’origine de l’hypothèse qui suggère l’existence d’un indéniable lien entre les humains et les autres vivants. Il publie en 1984, le livre Biophilia où « biophilie » signifie l’amour des systèmes vivants, plus simplement exprimé « l’amour de la vie ».
Un rapprochement avec la nature, particulièrement avec les êtres vivants qui la compose, aurait un effet positif sur tous, mais particulièrement sur le développement cognitif et comportemental des enfants.
Plusieurs recherches appuient le bien-fondé de cette hypothèse
Une étude récente a été réalisée auprès de 253 écoliers du projet RESPIRATION à Barcelone en Espagne en collaboration avec l’école de santé publique UCLA FSPH en Californie.
L’exposition de ces écoliers aux espaces verts a été évaluée à partir des données satellites de leurs adresses résidentielles depuis leur naissance. L’anatomie du cerveau de ces enfants a été observée à partir d’images de résonance magnétique de haute définition 3D(MRI). L’exposition aux espaces verts a indéniablement un effet positif sur le développement du cerveau des enfants. On observe d’avantageuses modifications de sa structure si on les compare avec les cerveaux des enfants ayant eu moins de temps d’exposition aux espaces verts. Divers tests ont permis d’en mesurer les effets sur les capacités cognitives.
Une autre étude d’une durée de douze mois auprès de 2 593 enfants de 7 à 10 ans démontre que les écoliers dont les écoles sont situés près d’espaces verts ont une meilleure mémoire et une plus grande capacité d’attention.
De plus, les jeux dans les espaces naturels incitent les enfants à faire des activités de découverte, de créativité et de prise de risque qui influencent à leur tour d’autres aspects de leur développement cérébral.
Le contact avec la nature est essentiel au développement du cerveau des enfants.
D’autres études suggèrent des réponses favorables de l’organisme au contact de la nature et ses représentations, telles la baisse de la pression sanguine, des hormones du stress, du rythme cardiaque, l’amélioration des performance cognitives et de la santé mentale en général.
Des classes biophiliques
Une école biophilique intégrera les trois principaux aspects suivants : lumière naturelle, vues d’éléments naturels, accès à l’extérieur des bâtiments.
Il est prouvé scientifiquement que l’exposition à la lumière naturelle stimule la production de sérotonine essentielle à l’équilibre de l’organisme : meilleur appétit, digestion et sommeil, ainsi qu’un sentiment de bien-être général. La vue d’éléments naturels dans la classe ou par la fenêtre calme les élèves. On sait depuis fort longtemps que les activités extérieures sont favorables à la santé des enfants.
Voici le lien vers de courts articles qui proposent de simples activités pour encourager le rapprochement des élèves à leurs racines biologiques. En faisant régulièrement des activités de ce type, particulièrement en jeune âge et pour les enfants des villes, les élèves découvrent graduellement le lien qui les unit aux autres êtres vivants, qu’ils sont des êtres vivants parmi d’autres.
Expérimenter le potager scolaire : ecolebranchee.com
Les graines : ecolebranchee.com
Ma plante est vivante : ecolebranchee.com
Le projet éducatif Biophilia : biophiliaeducational.org
Le projet éducatif Biophilia unit des universitaires, des scientifiques, des artistes, des enseignants et des élèves. Il se fonde sur l’utilisation de la créativité comme ressource éducative. Le projet est un exemple de collaboration dynamique entre divers groupes sociaux tels, le système d’éducation, des institutions culturelles ainsi que des centres de recherche en sciences naturelles. Le projet a été élaboré au départ par Björk Guðmundsdóttir, la ville de Reykjavík et l’université d’Islande mais le Nordic Council of Minister en assure maintenant la présidence.
Ce projet pilote interdisciplinaire unit Science, musique et technologie et cherche à encourager les élèves à faire l’exploration de leur créativité par l’utilisation des technologies numériques. La courte vidéo de 2 minutes visible à l’ouverture du site présente le projet qui, jusqu’à maintenant, a regroupé 8 pays, 33 écoles et 51 centres culturels et universités, 147 enseignants et 4 354 écoliers.
Mettre en place un projet éducatif Biophilia n’est pas facile. Le site présente un guide détaillé pour chacune des étapes de la mise-en-place d’un projet, malheureusement uniquement en anglais ;
Planification
Implémentation
Documentation
Évaluation
Répétition et approfondissement
Continuation
Puis pour éveiller les élèves du lycée à leur corps, dans un langage qui les surprendra sans doute et leur fera pratiquer leur anglais, Hollow, à partir d’images provenant de microscope électronique mène du vaisseau sanguin jusqu’à l’ADN. Nous sommes tous faits ainsi, de peau, de sang, de cellules, d’ADN.
Un univers à explorer ! Un univers éducatif à créer !
Quelques mots de l’Éducation nationale d’Islande
L’esprit humain perçoit de différentes façons. Il est sensible à une diversité de mode de communication. La parole en est une, les images et la musique en sont d’autres. La biophilie se veut multi-sensorielle. La communication visuelle, auditive, non verbale, vient au premier plan de l’approche éducative biophile. C’est un changement par rapport à l’orientation fortement verbale de l’éducation traditionnelle.
L’éducation, comme l’art, la musique et l’amour est un domaine contesté. Des forces opposées se heurtent et des idées infectieuses envahissent le cœur de l’opération.
La biophilie est une telle force; une graine qui peut être plantée; trouver sa parenté et éventuellement s’étendre à travers le système éducatif; rencontrer de la résistance, s’adapter et peut-être finalement se métamorphoser en quelque chose de nouveau, de méconnaissable. L’avenir le dira!
Aux États-Unis, la Biophilia Foundation se donne pour mission de favoriser le développement de sites naturels sur des terrains privés.
L’hypothèse biophylie s’adapte à une diversité d’activités humaines. L’architecture et l’aménagement en sont les aspects les plus apparents, qu’on pense aux murs végétaux de plusieurs villes, par exemple. Le projet éducatif des Nordic Council of Minister présente une forme plus subtile, moins accessible.
Quelques bûches laissées dans un coin d’une cour d’école permettra aux enfants de découvrir quantité de petites bêtes qui y trouveront refuge. La biophilie ne demande que votre créativité. Vous pouvez même en faire un projet d’école et appliquer la démarche design thinking à son élaboration.
Crédit photo homepage : TGescapes