« Le constat partagé par toutes les personnes auditionnées est que les formations initiale et continue en mathématiques sont très insuffisantes en France. Notre société n’accepterait pas que la formation des personnels de santé ou juridique soit à ce point négligée. »
C’est par cette phrase sévère que débute le chapitre 4, consacré à la formation et au développement professionnel des enseignants, du rapport sur la Mission Mathématiques établi par Cédric Villani, député de l’Essonne et Charles Torossian IGEN de Mathématiques.
Concernant la formation initiale, la proposition de la commission concerne essentiellement le premier degré ou le constat révèle un fort pourcentage d’enseignants recrutés ayant une faible culture mathématiques.
Selon Martin ANDLER, fondateur de l’association Animaths : “85% des professeurs des écoles viennent actuellement de formations littéraires, et beaucoup d’entre eux ont passé le Bac L, dans lequel on arrête pratiquement les mathématiques en Seconde”. Plus difficile alors d’investir des pédagogies innovantes alternatives sur une matière qui n’attire pas.
Les auteurs du rapport souhaitent rééquilibrer la formation initiale des professeurs des écoles avec la construction des 2018 d’une formation démarrant à bac +1 de façon à assurer dans une licence adaptée ou un parcours pluridisciplinaire, un volume suffisant d’enseignement dédié aux disciplines fondamentales.
Pour la formation continue des enseignants de mathématiques, la commission reprend les idées fortes du rapport « Vers une société apprenante » remis au ministre par Catherine Becchetti Bizot, Guillaume Houzel et François Taddei (voir aussi l’article à ce sujet). Y apparait le concept de circonscription apprenante et d’établissement apprenant où la coopération entre pairs , la réflexivité individuelle et collective, l’apport de chercheurs et des universitaires, le partage d’expériences, le travail en réseau enrichissent la pratique de chacun.
Cédric Villani et Charles Torossian proposent d’inscrire ce mode de formation continue dans un plan de développement professionnel à initier dans les établissements secondaires et particulièrement dans les lycées.
Il n’est pas dans la culture enseignante d’ouvrir sa classe aux collègues ou à développer l’observation conjointe comme le proposent les auteurs.
Institutionnaliser ces pratiques peuvent-elles conduire à leur développement ?
Pourquoi fixer à 3 le nombre de ces visites ?
Il s’agira certainement pour faire évoluer cette pratique que soit aussi réétudiées les missions de l’inspection pédagogique à l’aune des expériences internationales.
L’envie de partager conduit certainement à souhaiter être invité comme à pouvoir inviter des collègues.
La démarche volontaire se développe ainsi parmi les enseignants qui se lancent dans des pédagogies alternatives.
Voir aussi l’interview de Cédric Villani, réalisé par Claude Tran :