Rapport Villani-Torossian : créer des circonscriptions apprenantes.
Parmi les 21 mesures pour l’enseignement des mathématiques que le député de l’Essonne Cédric Villani et l’inspecteur général de l’éducation nationale Charles Torossian présentent dans le rapport qu’ils ont remis cette semaine à Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Education nationale, il en est une qui recommande “d’expérimenter, d’évaluer dans chaque académie, sur un nombre adapté de circonscriptions, la mise en place du concept de « circonscription apprenante ».
Les auteurs préconisent un peu plus loin dans le rapport que “des modèles de formation collaborative se développent au sein d’établissement dits apprenants où la réflexion collective est enrichie par les apports de chacun.”
“Ainsi la formation continue s’articule autour de l’équipe et non plus des individus pour gagner en stabilité et accompagner les enseignants, qui pourraient à un moment donné se sentir en difficulté.”
Rapport Houzel, Becchetti-Bizot, Taddei : vers une société apprenante
Ce concept apparaît ainsi pour la deuxième fois dans un rapport établi au plus haut niveau de l’Éducation Nationale
C’est en effet il y a moins d’un an, le 5 avril 2017 que Catherine Becchetti-Bizot , Guillaume Houzel et François Taddei remettaient à Najat Vallaud Belkacem le rapport intitulé “Vers une société apprenante, rapport sur la recherche et développement de l’éducation tout au long de la vie “.
Les auteurs y proposaient des leviers systémiques pour favoriser le développement de la capacité de questionnement et de réflexivité chez tous les citoyens et dans toutes les organisations.
« Puisque la recherche en sciences cognitives montre que nous sommes tous nés chercheurs, et puisque les chercheurs sont d’excellents apprenants, nous pouvons tous développer nos apprentissages en cherchant, en nous questionnant, en expérimentant, en nous appuyant sur les progrès des technologies et des connaissances, sur ce que d’autres ont fait avant nous ainsi que sur un réseau de pairs et de mentors. » écrivent-ils dans leur rapport ajoutant :
“Apprendre à apprendre, plutôt qu’à consommer naïvement les informations disponibles, est sans doute l’enjeu majeur de l’éducation aujourd’hui” écrivaient-ils alors.
Créer des classes, des établissements, des universités … des académies apprenantes
Prenant l’exemple de la classe, ils invitent les enseignants a créer des écosystèmes apprenants dans leur classe, favorables à la réussite, à l’engagement et au plaisir d’apprendre en imaginant par exemple « des environnements dans lesquels les élèves pourront développer leurs propres projets » . En créant « des réseaux avec d’autres classes, toutes disciplines, niveaux et catégories confondues, et en co‐construisant des projets. »
Ils incitent de la même façon les établissements à « encourager la créativité de tous les personnels et des apprenants » en leur donnant « les moyens, en termes de soutien administratif, de temps et d’espace pour développer des programmes créatifs dans lesquels ils pourront travailler sur des projets individuels et collectifs » .
« Stimulez le développement professionnel de tous les personnels et invitez‐les à développer des projets adossés à la recherche et à les valoriser », écrivent -ils enfin !
S’appuyant sur ce rapport, Frédérique Alexandre Bailly, la rectrice de l’académie de Dijon a proposé dans le cadre de la préparation du projet académique 2018-2022 de transformer son académie en « académie apprenante » .
D’ores et déjà un collège et un lycée se sont engagés dans cette démarche .
Le lycée Parriat de Monceau les Mines
Fanny Egger professeur de Lettres et Yves Leblanc professeur d’histoire géographie au lycée Parriat de Monceau les Mines se sont certainement inspiré de ce rapport pour engager avec leur chef d’établissement cette démarche au sein de leur établissement.
La culture d’innovation est forte dans ce lycée de plus d’un millier d’élèves où l’equipe éducative est stable et où se développent de très nombreux projets en particulier en classe de seconde.” il y a une vraie culture qui est tournée vers l’élève et sa réussite.”
« Le mot le plus important dans notre établissement est celui d’accompagnement et ce qui fait l’identité du lycée Parriat c’est son attachement à son territoire. »
On a le désir de faire en sorte que notre établissement devienne un établissement apprenant confient-ils dans cet entretien.
“Nous sommes en train de mettre en place les facteurs, les éléments qui vont permettre de rendre viable cette conception de l’établissement apprenant où tout le monde apprend y compris des enseignants.. et faire en sorte que les pratiques individuelles deviennent des pratiques collectives »
« L’idée c’est de développer un réseau sur le territoire avec des partenaires culturels et artistiques; ou tous les acteurs territoriaux pourront devenir des forces de proposition et pas simplement des prestataires de services dans un projet pédagogique, un projet éducatif global »
« On a aussi l’idée de donner la parole d’abord aux enseignants en particulier à ceux qui sont habituellement isolés, ou qui mettent en œuvre leurs pratiques pédagogiques dans leur coin, de manière à pouvoir permettre aux autres enseignants d’expérimenter et de s’enrichir »
« On veut travailler sur l’idée d’accompagner des collègues qui souhaitent aller à la fois où vers la prise de parole mais aussi vers l’expérimentation de nouvelles formes pédagogiques qu’ils n’avaient pas l’habitude de pratiquer en classe. »
« Ce réseau avec les acteurs du territoire existe déjà . Ce qui manquerait peut-être c’est cette idée qu’il y a besoin d’apporter du liant à toutes ces relations et une cohérence à l’échelle de l’établissement. »
C’est un rêve ! On est dans le désir mais le désir est parfois viable, parfois faisable. On se veut facilitateur et surtout pas prescripteur.
L’innovation c’est la mise en mouvement de personnes. On ne peut la concevoir comme une reproduction à l’identique d’un modèle qu’on aurait jugé comme bon à un moment donné
Créer une culture de l’innovation c’est créer une culture du mouvement, de l’adaptation à de nouvelles situations.
Il faut que l’on soit capables d’enrichir notre pratique en restant en mouvement
L’idée d’expérimenter avec nous si on décide de le faire et de pouvoir dire non si cela ne convient pas, si on n’y arrive pas, ou plus tard, ou autrement, ou d’inventer d’autres formes auxquelles nous n’avons pas pensé.