Stanislas Dehaene, professeur de Psychologie Cognitive Expérimentale au Collège de France dont Jean Michel Blanquer avait annoncé la nomination comme président du tout nouveau Conseil scientifique de l’Éducation Nationale, a présenté à la presse les cinq axes de travail de cette assemblée de vingt et un membres où l’on compte des philosophes, des économistes , des sociologues, des chercheurs en sciences de l’éducation et pas moins de six experts en sciences cognitives.
Pour le ministre qui installait ce nouvel organisme consultatif, il s’agissait d’apporter une lecture plus rassurante de sa composition et de ses missions après les craintes formulées par le SNUIPP ( principal syndicat des enseignants du premier degré) soutenu par un appel d’une cinquantaine de chercheurs.
« Dans le dialogue permanent que l’école doit entretenir avec la recherche, aucune discipline ne peut légitimement s’imposer aux autres et aucune ne doit être ignoré. » écrivaient-ils.
L’esprit des lumières et l’école de la République
Pour Jean-Michel Blanquer , « ne pas tenir compte des révolutions dans lesquelles nous sommes en train de vivre serait une forme d’obscurantisme pour l’éducation nationale ». Et il ajoute :
« Nous sommes à une ère qui est parfois qualifiée d’ère de la post vérité au sens péjoratif qui soit. Il y a aujourd’hui en effet une contestation de l’esprit des lumières de différentes façons…La république est née de l’esprit des lumières et l’école de la république, c’est une évidence est née de la république. Quand l’école de la république s’éloigne de l’esprit des lumières elle s’éloigne d’elle même . Il est donc évident qu’au travers de ce que nous enseignons mais aussi au travers de ce qui inspire notre république, nous devons être fidèle à ce qui nous constitue. Et ce conseil scientifique signifie aussi cela. »Il s’agit donc pour le ministre d’initier à « une démarche scientifique dont on doit rappeler qu’elle est inspirée aussi par le doute scientifique en permanence. «
Les cinq axes de travail du conseil scientifique
1- Evaluation et intervention . « Peut-on par les moyens que nous avons de la psychologie et des sciences cognitives contribuer à fournir des tests et mais ça peut être aussi des évaluation sous forme de jeux qui permettent de dire à quel niveau d’apprentissage se situe un enfant ? » interroge Stanislas Dehaene.
Cela permettrait de donner aux enseignants les moyens de calibrer l’enseignement et de l’adapter aux situations individuelles de leurs élèves
2- La formation et les ressources pédagogiques. Pour Stanislas Dehaene, « il y a un minimum de bagages scientifique que les enseignants devraient maîtriser sur les apprentissages ». L’objectif consiste à élaborer un programme pour la formation initiale mais également un MOOC au service de la formation continue des enseignants
3- Pédagogie et manuel. Il s’agit de définir une sorte de cahier des charges pédagogique indiquant des recommandations sur la mise en œuvre des programmes afin d’éviter des erreurs par exemple de progression.
4- Handicaps et inégalités. Le conseil envisage de proposer des interventions spécifiques comme l’adaptation des manuels, des examens, des pédagogies pour les enfants qui ont besoin de soutien supplémentaire afin de surmonter des handicaps social, neurologique, sensoriels.
5- Metacognition et confiance en soi. Plus simplement apprendre à apprendre . « Est-il intéressant pour les enfants de se comprendre soi-même, de comprendre comment ils apprennent, de maîtriser les stratégies d’apprentissage qui peuvent par exemple les faire réviser mieux ou leur faire comprendre que le sommeil, c’est important. »
Selon Stanislas Dehaene, « Les études internationales montrent qu’il est extrêmement important que l’enfant ne sous-estime pas ses propres capacités »
Le déterminisme social joue un rôle important dans ce mécanisme On constate en effet que « les enfants issus des milieux défavorisés considèrent que l’université ce n’est pas pour eux, que les mathématiques ce n’est pas pour eux.. »
Peut-on changer cette attitude, restaurer un sens de la confiance en soi et avoir un impact sur la capacité des apprentissages des enfants ?
En conclusion, le président du Conseil scientifique aborde la question de l’expérimentation en milieu scolaire pour vérifier ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Le conseil scientifique sera en interaction très étroite avec la DEPP qui mettra en place un certain nombre d’expérimentations pour valider ce que l’on croit savoir et tiendra régulièrement des colloques d’information.
Le premier se tiendra le 1 février au Collège de France et sera consacré au rôle de l’expérimentation en milieu scolaire.