Nous sommes allés à la rencontre de Michaël Stora, psychologue et psychanalyste, spécialiste des mondes numériques. Enfants, jeunes, écrans, parents et numérique : beaucoup de questions se posent ; Dans cette série « parentalité et numérique », Michaël Stora nous livre sa vision des choses en trois épisodes inédits : « faire de l’écran son meilleur allié » ; « jeux vidéo et numérique : être enfin valorisé » ; et pour finir, « addictions numériques : faut-il juste poser des limites » ?
Dans ce deuxième épisode, il est désormais question d’un âge un peu plus avancé de l’enfant, au-delà de six ans, puisque c’est à cet âge qu’il est préconisé qu’il puisse commencer à jouer sur écran (notamment par Serge Tisseron dans son ouvrage 3-6-9-12, voir notre article à ce sujet).
Dans le rapport de l’académie des Sciences, il est dit « qu’à six ans, l’enfant doit s’autoréguler dans son temps d’écran ». Michaël Stora n’est pas tout à fait d’accord avec cette vision des choses car il pense qu’elle fait entrer la « peur des écrans » plutôt que leur usage intelligent.
Pour lui, les écrans face aux enfants sont « un nouvel enjeu d’autorité ». Il ne faut pas créer de la frustration et Michaël Stora donne l’exemple d’une maman qui confisque la tablette à son enfant au moment crucial du jeu où celui-ci est peut-être entrain de gagner…
« Dans le jeu vidéo, on perd énormément et c’est en perdant qu’on apprend à gagner ».
Et c’est ce paradigme que le psychologue tient à mettre en avant car pour lui, à l’école, lorsqu’on « perd » et que les notes chutent, l’enfant est rapidement stigmatisé et « la confiance en soi s’effondre ».
« Le jeu vidéo propose quelque chose de tout à fait intéressant : valoriser le fait de perdre ».
« Nous sommes dans une société de « game » et de « play » ; il faut être un parent parfait, un enfant parfait et cette culture de la performance et de la réussite à tout prix est terriblement écrasante et tyrannisante ».
« Notre rôle est donc d’aider les parents à être “good enough“, soit “suffisamment bon“ ».
Pourquoi jouons-nous aux jeux vidéo ?
« Peut-être qu’il y a quelque chose dans le numérique, dans le jeu vidéo, qui vient donner de la valorisation narcissique, valoriser la perte… alors que justement nous sommes dans une société où nous n’avons pas le droit à l’erreur ».
A l’adolescence, c’est encore plus compliqué. Que faire face à une forme d’addiction ? C’est ce que Michaël Stora évoque dans le 3ème et dernier épisode de notre série.
Retrouvez l’épisode 1 : faire de l’écran son meilleur allié