Au sein du laboratoire CNRS CLLE (Cognition, Langue, Langage, Ergonomie) de l’université Toulouse Jean Jaurès, dirigé par Hélène GIRAUDO, Franck Amadieu travaille dans une équipe de Recherche sur les questions du numérique et de l’éducation.
Comment les apprenants se comportent et apprennent avec les outils numériques ? Comment améliorer ces outils pour les adapter aux besoins cognitifs des apprenants ?
Afin de diffuser les résultats de leurs travaux en direction plus particulièrement des enseignants, les chercheurs participent à des événements comme Educatec Educatice.
Invité par la Ligue de l’Enseignement Franck Amadieu aura particulièrement captivé un public nombreux dans la conférence qu’il donne sur un sujet très pragmatique : “ Comment concevoir des outils numériques pour les élèves aux stratégies d’apprentissages différentes ? “
Un mot est souvent revenu dans le propos de l’enseignant- chercheur , celui de « guidage » .
Car pour Franck Amadieu , « plus on guide les élèves, meilleures sont leurs performance d’apprentissage et ce même pour ceux qui ont de très bonnes aptitudes ».
Dans cet entretien réalisé après la conférence plusieurs questions au chercheur :
1- Le professeur est il un transmetteur de savoir ou un guide ?
Transmettre du savoir c’est produire des contenus, des ressources, pour que les élèves puissent les traiter et apprendre ; alors oui, le professeur est un délivreur de savoir ; mais il faut qu’il les accompagne , donc ce sera un guide pour les élèves.
Il peut être un guide d’abord dans la conception de la ressource numérique. Une conception qui peut réduire la difficulté des choix de l’élève, la difficulté à prendre des décisions, la difficulté a être autonome.
Mais c’est aussi un guide pour accompagner l’élève dans les bonnes stratégies lui permettant d’utiliser la ressource numérique.
2- Multiplier les ressources et diversifier les formats de présentation de l’information contribue t il à rendre l’enseignant plus efficace ?
En fait, plus on diversifie, plus on exige de l’élève des compétences d’autorégulation, d’autonomie et des compétences pour prendre les bonnes décisions. Les très bons élèves qui ont toutes les compétences arriveront plus ou moins à s’en sortir. Mais ceux qui n’ont pas les bonnes compétences seront en difficulté.
L’enseignant se doit alors d’accompagner les élèves et de construire des ressources moins exigeantes pour eux.
3 – Comment guider les élèves ? Il ne faut pas non plus trop guider les élèves : le guidage doit être plus incitatif que restrictif.
Les travaux de Recherche montrent par ailleurs que le guidage, fort au début de l’apprentissage doit être diminué progressivement au risque de devenir contre productif.
4- L’enseignant sera t il remplacé demain par des systèmes intelligents, les systèmes adaptatifs ?
Si les études montrent que les « tuteurs intelligents » peuvent être performants, ces outils d’enseignement numériques qui utilisent les ressources et les supports d’enseignement sur mesure en fonction des besoins personnalisés de chaque élève, ne font pas mieux que l’humain.
Mais surtout
l’enseignant apporte par sa présence du lien social, un climat de classe dont on sait aujourd’hui l’importance dans l’acquisition des compétences inter-personnelles et intra-personnelles utiles au développement cognitif.
On sait en effet que la motivation et les émotions positives sont recherchées car elles constituent les premiers piliers de l’apprentissage »
Les systèmes adaptatifs ne sauraient traiter ces problématiques humaines et sociales. Les enseignants ont toute leur place dans la classe numérique!